José Manuel Barroso : "L'Europe donnera un milliard d'euros de plus pour l'aide au développement"

José Manuel Barroso : "L'Europe donnera un milliard d'euros de plus pour l'aide au développement"
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Par Euronews
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Alors que l’Europe est l’un des acteurs phares de l’aide au développement, José Manuel Barroso réaffirme les engagements pris pour 2015 malgré la crise. Le président de la Commission européenne s’engage aussi à renforcer la transparence et à lutter contre la corruption. Interview exclusive réalisée pour Euronews par notre envoyée spéciale à New York, Valérie Gauriat.

Valérie Gauriat, euronews :
“L’Union européenne est le premier donateur pour l’aide au développement mais plusieurs pays pauvres disent que cette aide est diluée dans les méandres de nombreux intermédiaires étrangers ou par la bureaucratie. Etes vous d’accord et quels changements devraient être selon vous apportés ?”

José Manuel Barroso, Président de la Commission européenne : “Nous sommes en faveur d’une responsabilité accrue vis-à-vis de l’aide. En fait, nous oeuvrons pour que cet objectif soit atteint. Ce que nous pouvons faire ensemble, les pays donateurs et ceux qui reçoivent cette aide, c’est faire une réelle évaluation de sa mise en place”.

Valérie Gauriat, euronews : “Actuellement, peu de pays européens sont parvenus à l’objectif de 0,7% du PIB et la plupart d’entre eux en sont même loin. Est-ce encore vraiment réalisable pour 2015 ?”

José Manuel Barroso, Président de la Commission européenne : “C’est vrai, nous devons encore remporter cette bataille avec l’opinion et les Etats membres. Si nous avons des difficultés en Europe, et c’est vrai que nous en avons, il y a dans le monde des gens qui meurent parce qu’ils n’ont pas assez à manger, ils meurent parce qu’ils n’ont pas accès à l’eau potable, ils meurent parce qu’ils n’ont que des médicaments bon marché qui ne peuvent pas les sauver. D’un point de vue éthique, je pense donc que les objectifs du Millénaire pour le développement sont vraiment un impératif. Mais je pense aussi à ceux qui n’ont pas ce même sentiment d’urgence et qui se situent d’abord dans l’intérêt de l’Europe , qu’il est important de conserver ces bonnes relations avec les pays en développement car nous créons avec eux de nouveaux marchés et nous travaillons donc pour le bien de l’Europe”.

Valérie Gauriat, euronews : “Vous parlez d‘éthique et de responsabilité. Les ONG vous demandent une directive beaucoup plus transparente, des mesures plus contraignantes envers les sociétés européennes dans les secteurs énergétique et minier ? Approuvez vous cela ? Allez vous faire quelque chose ? Quand ?”

José Manuel Barroso, Président de la Commission européenne : “Nous avons récemment abordé cette question et j’ai promis de m’y consacrer très sérieusement. Nous préparons des annonces pour le début de l’année prochaine. Des annonces sur notre totale transparence concernant nos activités. Nous avons déjà mis en place et financé des initiatives sur la transparence dans l’industrie minière et énergétique. Nous y travaillons. Mais je crois personnellement que nous pouvons et nous devons faire plus avec les autres acteurs de la planète, renforcer la transparence dans toutes les actions menées par nos pays dans les pays en développement. Il faut aussi reconnaître qu’il est tout à fait normal que l’opinion a le droit de savoir comment les entreprises des pays développés agissent dans les pays en développement. Parfois les gens parlent de corruption en Afrique ou dans d’autres parties du monde. Mais pour qu’il y ait corruption, il faut être deux. Celui qui est corrompu et celui qui corrompt !”

Valérie Gauriat, euronews : “La crise a-t-elle eu un impact sur l’aide au développement ? Est-elle une vraie excuse ou un prétexte ?”

José Manuel Barroso, Président de la Commission européenne : “C’est une vraie tentation quand on a une telle pression sur les budgets nationaux. Je suis très fier qu’en dépit d’une situation économique difficile, les états membres aient réussi à réaffirmer leur objectif de 0,7% de leur PIB d’ici 2015, ils ont donné leur accord pour financer la lutte contre le changement climatique dans les pays en développement. Ils viennent juste de me donner leur accord et j’ai pu annoncer au nom de l’Union européenne que nous apporterons un milliard d’euros de plus. C’est déjà beaucoup compte tenu du climat économique mais nous n’avons pas encore décidé comment il sera dépensé et dans quel pays. Mais nous sommes d’accord et je veux dire pour être vraiment clair qu’il y a encore quelques doutes mais il faut aussi reconnaître que c’est un engagement total de la part de l’Union européenne”.

Valérie Gauriat, euronews : “Où en est-on du côté de la crise justement ?”

José Manuel Barroso, Président de la Commission européenne : “La situation est meilleure que l’an dernier. En disant cela, cela ne veut pas dire que nous sommes sortis d’une période d’incertitude. Il y a encore des signes de nervosité sur les marchés. Et c’est pourquoi nous ne devons pas nous en contenter. Je crois que nous devons garder le cap des réformes fiscales en Europe. Une consolidation fiscale car si les marchés n’ont pas confiance dans les efforts menées par les états membres cela se traduira évidemment par une hausse des taux et la dette croîtra. La dette est un problème très grave car l’argent dépensé par chaque état membre pour payer les intérêts de sa dette, c’est de l’argent qu’on ne peut pas dépenser pour le social, l‘éducation ou la santé”.

Valérie Gauriat, euronews : “Qu’avez vous retenu de ces derniers jours, quelles conclusions en tirez-vous ?”

José Manuel Barroso, Président de la Commission européenne : “Les conclusions sont tout à fait claires, nous n’en sommes pas encore là et il sera difficile d’y parvenir mais cela reste encore possible. Si nous mettons beaucoup d’enthousiasme, si nous comprenons l’urgence des situations dramatiques dans plusieurs parties du monde. Je pense que c‘était un événement utile et maintenant voyons si nos engagements seront suivis par des actes”.

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