Football : "on sent qu'on est une équipe" (del Bosque)

Football : "on sent qu'on est une équipe" (del Bosque)
Tous droits réservés 
Par Euronews
Partager cet articleDiscussion
Partager cet articleClose Button

Il est le responsable du plus grand exploit dans l’histoire du football espagnol. Vicente del Bosque est le sélectionneur de l‘équipe d’Espagne, championne du monde. Trois mois après le mondial victorieux en Afrique du Sud, il a accepté de répondre aux questions de Javier Villagarcia d’Euronews, dans le centre d’entraînement de la “Roja”, dans la banlieue de Madrid.

Francisco Javier Villagarcia – euronews :
Monsieur Del Bosque, merci de nous recevoir dans le «quartier général» des champions du monde.
Je vais commencer par une question assez simple : comment gagne-t-on une Coupe du monde ?

Vicente del Bosque :
Avec un peu de chance. Dans la vie, il faut en avoir un peu. En plus de ça, nous avons suivi une bonne préparation, avec des joueurs de qualité. Alors forcément, cela facilite les choses. Dans la phase de qualification, on a bien joué. On a remporté nos dix matchs. On avait aussi gagné le titre au championnat d’Europe. En fait, je pense qu’on dispose d’une génération de joueurs, qui impriment un style de jeu, notamment en milieu de terrain. Ce sont eux qui orientent le jeu de toute l‘équipe.

euronews :
On associe ce style à celui du FC Barcelone…

Vicente del Bosque :
C’est vrai qu’il y a une certaine ressemblance avec le FC Barcelone. Il faut dire que dans l’équipe d’Espagne il y a beaucoup de joueurs qui viennent du Barça. Mais les autres joueurs des autres clubs apportent aussi le style de leurs équipes.

euronews :
Durant la Coupe du monde, mis à part l’Espagne, quelle autre équipe vous a impressionnée ?

Vicente del Bosque :
L’Allemagne a fait une bonne Coupe du monde. Pareil pour l’Argentine jusqu’à son élimination par l’Allemagne. Les Pays-Bas ont fait un tournoi impeccable. En fait, il y a eu de très bonnes équipes comme dans toutes les Coupes du monde. Globalement, on a vu un bon niveau de football.

euronews :
Etes-vous impressionné par l’Allemagne dans la perspective du prochain Euro ?

Vicente del Bosque :
Oui, tout à fait. Non seulement, ils ont un bon niveau physique, comme toujours, mais en plus, ils ont aussi des joueurs de grande qualité. Durant la Coupe du monde, ils ont été très forts jusqu’au bout. En demi-finale, on a bien joué, et je crois qu’on les a un peu intimidés.

euronews :
La victoire au Mondial a provoqué une explosion de joie sans précédents en Espagne, dans un pays marqué par les nationalismes régionaux. Croyez-vous que cette victoire a rassemblé les Espagnols ?

Vicente del Bosque :
Pour moi, il ne s’agit que de football. Nous avons seulement gagné une Coupe du monde. Nous n’avons pas d’autres prétentions. J’avoue que la réaction en Espagne a dépassé l’aspect purement sportif. Cela a eu un impact sur tout le pays. Si nous pouvons contribuer à améliorer les relations entre Espagnols, alors tant mieux. Mais nous n’allons pas nous attribuer à nous-mêmes le fait qu’il puisse y avoir une plus grande unité en Espagne grâce à cette victoire en Coupe du monde.

euronews :
Concernant le drapeau espagnol : l’Espagne s’est-elle réconciliée avec son drapeau ?

Vicente del Bosque :
Je pense qu’il faut accepter l’idée que le drapeau n’appartient à personne. Exhiber ce drapeau et en être fier ne devrait pas être vu négativement.

euronews :
Certains groupes nationalistes demandent la scission de la Fédération espagnole de football et la création de fédérations en Catalogne ou au Pays basque par exemple. Qu’en pensez-vous ?

Vicente del Bosque :
On doit respecter l’Etat espagnol tel qu’il est, et si celui-ci ne change pas, alors il faut accepter qu’il n’y ait qu’une seule Fédération espagnole de football. Il peut y avoir des équipes qui représentent des régions, mais pour représenter l’Espagne, il n y a que la sélection espagnole.

euronews :
Vous recevez actuellement beaucoup d’hommages et de récompenses. On a donné votre nom à une rue de Salamanque, votre ville d’origine. Vous et votre équipe avez obtenu le prix Prince des Asturies. Etes-vous un peu débordés par tout cela ?

Vicente del Bosque :
Je suis conscient de qui je suis, à savoir : juste un entraîneur de football. On a eu la chance de gagner le titre mondial, mais à part ça, on sait bien qu’il n’y a pas que le football dans la vie. On doit maintenant se préparer pour faire face à de nouveaux défis. La vie des sportifs est ainsi faite… Le jour où on n’aura plus cette foi, cet enthousiasme pour réussir des exploits, alors il faudra quitter ce métier.

euronews :
Face à cet enthousiasme débordant, après la victoire au Mondial, comment garde-t-on les pieds sur terre ?

Vicente del Bosque :
La carrière d’un footballeur est très courte. On n’a pas le temps de réaliser, que c’est déjà fini. Il faut profiter chaque moment, sans trop en faire, sans trop se reposer sur ses lauriers. Il faut toujours aller vers l’avant, toujours essayer de progresser. C’est ce qui fait qu’on est un bon sportif.

euronews :
Récemment, l’Espagne a perdu à Buenos Aires face à l’Argentine en match amical. Une défaite 4-1. Ca a été un avertissement ?

Vicente del Bosque :
Je ne pense pas qu’on puisse voir là le signe qu’on ait joué avec trop de confiance ou même avec arrogance. Même en étant menés trois à zéro à la pause, on n’a pas rendu les armes. On a montré qu’on pouvait surmonter ce genre de situations et on a presque égalisé, même si cela paraît un contre-sens vu le score final de 4 à 1. Je ne suis pas mécontent de l’attitude de mes joueurs. Je ne veux pas croire qu’on soit dans une mauvaise passe ou qu’on doute de nos capacités réelles.

euronews :
Comment voyez-vous l’équipe d’Espagne en vue du prochain championnat d’Europe?

Vicente del Bosque :
Nous avons un calendrier et une phase de qualification difficiles. En octobre, on a la possibilité de faire un bon pas en avant, mais nous avons deux adversaires pas faciles : la Lituanie et l’Ecosse. Si après ces deux matchs, notre situation est moins compliquée, alors tant mieux. Mais maintenant, nous allons nous préparer pour faire face à ces difficultés.

euronews :
Revenons à la Coupe du monde. Il y a eu de graves erreurs d’arbitrage. Quels sont vos propositions, qu’est-ce qu’il faudrait changer pour les éviter?

Vicente del Bosque :
Le bons sens voudrait qu’on prenne dorénavant les décisions en s’appuyant sur les nouvelles technologies. Mais jusqu’à présent, nous n’avons pas réussi à franchir le pas. Franchement, je suis un peu traditionnaliste dans tout ce qui touche au football. Et je pense que dans certaines situations de jeu, une machine ne peut pas décider.

euronews :
Alors, vous êtes contre l’usage de la vidéo…

Vicente del Bosque :
Je ne suis pas contre à 100%. Mais j’ai du mal à l’accepter. Je reconnais que la société progresse. Et qu’on ne peut pas systématiquement s’opposer aux évolutions. Mais ces évolutions, il est parfois très difficile de les adapter au monde du football.

euronews :
Ce serait mieux d’avoir un cinquième arbitre?

Vicente del Bosque :
Je n’aime pas trop cette solution, mais bon…

euronews :
On connaîtra bientôt le nom du prochain Ballon d’Or. Qui sont vos favoris?

Vicente del Bosque :
J’aimerais que ce prix soit décerné à un Espagnol. Parce qu’en plus de la grande qualité individuelle de certains de nos joueurs, je pense que le football est un jeu d’équipe et ils ont bien montré qu’ils jouaient d’abord pour l’équipe. Et comme l’équipe dont on parle a triomphé, et bien je pense qu’il faudrait que la récompense soit attribuée à un Espagnol.

euronews :
Un nom ?

Vicente del Bosque :
Non, pas un uniquement.

euronews :
Tous en général ?

Vicente del Bosque :
Quelques-uns.

euronews :
Je vous ai demandé, au début, la recette pour gagner un Mondial. Je vais finir en vous demandant la recette pour gagner un championnat d’Europe…

Vicente del Bosque :
Bon, il faut attendre que je l’ai gagné avant d’en parler. Cela dit, je pense que, comme toujours en sport, il faut bien travailler, comme une vraie équipe. Avoir la sensation d’être une équipe. C’est quelque chose que nous avons atteint il y a deux ans, quand l’Espagne a gagné le championnat d’Europe. Depuis on sent qu’on est une équipe.

Partager cet articleDiscussion

À découvrir également

Le parlement espagnol va examiner un projet de loi pour régulariser des sans-papiers

69 ressortissants boliviens interdits de débarquer d'un navire de croisière

Le Parlement espagnol approuve un projet de loi d'amnistie pour les indépendantistes catalans