Mahmoud Abbas: "Il faut faire pression sur celui qui refuse et qui empêche la paix"

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Par Euronews
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Après l’UNESCO, Mahmoud Abbas, le président de l’Autorité palestinienne, souhaite un vote du Conseil de sécurité de l’ONU reconnaissant un Etat palestinien.

Une démarche rejetée par Israël et Washington pour lesquels seul un traité de paix peut conduire à la création d’un tel Etat.

Mais Mahmoud Abbas ne se laisse pas impressionner par la menace d’un véto américain. Venu défendre sa cause à Bruxelles ce jeudi, il nous a accordé une interview exclusive.

Charles Salamé, euronews:

Tout d’abord, Monsieur le Président, un commentaire sur l’adhésion de la Palestine à l’UNESCO.

Mahmoud Abbas, président de l’Autorité palestinienne:

“L’adhésion de la Palestine à l’UNESCO représente beaucoup, politiquement et moralement. Nous avons demandé au Conseil de sécurité que la Palestine soit membre des Nations Unies et notre demande existe toujours. Mais en même temps, nous avons souhaité adhérer à l’UNESCO qui est une organisation très importante, en relation étroite avec les populations du monde entier”.

Charles Salamé:

Les Etats Unis ont suspendu leur participation financière à l’UNESCO.

Mahmoud Abbas:

“La raison pour laquelle les Etats-Unis étaient contre notre adhésion à l’UNESCO n‘était pas convaincante. Quelle est cette raison ? Ils ont dit que depuis 1989, il existe au Congrès américain une loi interdisant aux Etats-Unis de participer au financement d’organisations qui traitent avec le terrorisme. Nous avons répondu que nous ne pensons pas être des terroristes et si ce qualificatif pouvait nous être attribué il y a 22 ans, il ne peut plus l‘être aujourd’hui.

La preuve c’est que la Palestine a des relations politiques et économiques avec les Etats-Unis qui sont membres de la commission quadripartite, mais ils ont répondu que c’est une ancienne loi qu’ils ne peuvent pas changer.

Il est clair que cette position est injustifiable, c’est à dire, c’est illogique de dire que les relations sont rompues pour une raison irréelle.

Charles Salamé:

Monsieur le Président, où en êtes-vous du dialogue avec le Hamas ?

Mahmoud Abbas:

“Il y a un mois environ, je me suis entretenu avec Khaled Mechaal, et nous avons établi les bases d’un éventuel accord. Le Hamas nous rejoint sur les points suivants : premièrement le calme et l’apaisement doivent être établis à Gaza comme en Cisjordanie, la résistance doit être populaire et pacifique, pas armée. Et en toute franchise, nous nous sommes mis d’accords sur ce point.

La solution est un Etat sur la base des frontières de 1967. Là encore, le Hamas a donné son accord. Et puis l’organisation d‘élections législatives le 5 mai 2012.

Ces points ont besoin d’un certain suivi et ce suivi débutera le 18 décembre par l‘étude d’un point important qui est l’OLP, c’est-à-dire comment toutes les fractions palestiniennes vont pouvoir participer à l’OLP qui a des statuts et des engagements, et le mouvement qui veut rejoindre l’OLP, il faudra qu’il accepte et admette ces engagements et c’est ce qui va être discuté les 18, 20 et 21 décembre au Caire.”

Charles Salamé:

Dimanche Israël va libérer des prisonniers palestiniens, qu’attendez-vous ensuite ?

Mahmoud Abbas:

“Ce qui s’est passé, c’est que le soldat Shalit a été kidnappé, les négociations pour sa libération ont duré 5 ans, et il y a eu un accord entre le Hamas et Israël, via les Egyptiens. Parfois les Allemands sont intervenus pour établir le nombre d‘échanges de prisonniers – il y en a eu 1027. 400 prisonniers ont été libérés dans un premier temps, puis les autres.

Mais j’avais passé un accord avec l’ancien Premier ministre israélien Ehud Olmert : lorsque Shalit serait libéré, Israël libèrerait pour l’Autorité palestinienne autant de prisonniers que dans le cadre de l’accord avec le Hamas. Cet accord a été dénoncé par Netanyahou.

Même le président Obama est intervenu il y a un an environ et il m’a dit qu’il parlerait à Netanyahou de la libération de prisonniers, et c’est ce qu’il a fait réellement, et il m’a informé que Netanyahou avait accepté, je lui ai répondu ‘moi de même’, et puis tout est tombé dans l’oubli.

La question des prisonniers ne se résout pas uniquement par la bonne volonté mais aussi à travers des transactions et des essais ou bien des pressions venant de part et d’autre.”

Charles Salamé:

Monsieur le Président, une question s’impose sur la situation dans la région, au Moyen-Orient, et sur ce qui se passe en Syrie; quel est l’impact sur la Palestine de ce qui se passe en Syrie ?

Mahmoud Abbas:

“Le point de vue officiel est le suivant : nous ne sommes pas impliqués dans ce qui se passe, nous ne nous mêlons pas de ce qui se passe, mais nous affichons notre respect pour les volontés des populations, nous approuvons les réclamations des peuples. Mais on observe et on n’intervient pas, que ce soit en Tunisie, en Egypte, ou en Syrie.

Nous observons les événements syriens, pas plus, et bien sûr nous avons de la peine pour les victimes et les morts, et de ce qui nous parvient sur les incidents, et les troubles, mais notre position est celle que je viens d’expliquer.”

Charles Salamé:

Dernière question monsieur le Président, vous avez rencontré le Président français à Paris et le Président du Conseil Européen à Bruxelles, et l’Islande vient de reconnaitre l’Etat palestinien avec ses frontières de 1967.

Mahmoud Abbas:

“Nous sommes un peuple sous occupation, nous réclamons notre indépendance, nous croyons en la paix, nous croyons en la légitimité internationale, nous pratiquons la culture de la paix dans notre pays, nous avons des institutions complètes, nous avons eu des attestations positives de la Banque mondiale, du FMI et des donateurs, qui disent que nos comptes sont transparents et cette transparence on ne la trouve pas dans beaucoup de pays. Alors qu’est-ce qui nous manque ?

Le problème principal est qu’Israël refuse- et les Etats-Unis approuvent- et nous sommes tout le temps en négociations pour les convaincre que la paix n’est pas uniquement dans l’intérêt des Palestiniens mais aussi des Israéliens et de la région, du monde, alors il faut faire pression sur celui qui refuse et qui empêche la paix.

Je leur dis : voici notre position, et en toute clarté et franchise dites-moi quelle est mon erreur, et je suis prêt à la corriger, mais ils n’ont pas trouvé d’erreur.”

Charles Salamé:

Monsieur le président Mahmoud Abbas, merci.

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