La presse grecque s'inquiète de l'avenir du pays

La presse grecque s'inquiète de l'avenir du pays
Par Euronews
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“La chute historique des partis au pouvoir”, “les élections de la colère”, “à la recherche d’un gouvernement”, la presse grecque n’est pas tendre après l‘élection législative. Sur la place Syntagma à Athènes, la vie a repris son cours, mais c’est bien l’incertitude qui domine dans le pays…

Citoyen grec
“Je suis satisfait, parce que maintenant les deux grands partis ont enfin compris que les gens sont révoltés”.

Les conservateurs et les socialistes qui dominaient la scène politique grecque depuis les années 70 et qui gouvernaient ensemble depuis la fin de l’année dernière ont perdu leur majorité. La formation d’un nouveau gouvernement semble donc mal engagée …

Citoyenne grecque
“Je suis inquiète quand je pense au futur, peu importe à quoi il ressemblera. Je ne pense pas que l’on disparaîtra de la terre si l’on quitte la zone Euro mais je pense que nous entrons dans une sphère inconnue. Je n’en ai pas envie, mais si je dois, je survivrai.”

Les deux grands gagnants du scrutin sont
le groupe néo-nazi “Aube dorée”, qui fait une entrée remarquée au Parlement et la formation de gauche radicale, Syriza, dirigée par ce jeune homme de 38 ans. Tous deux sont formellement opposés au memorandum de la Grèce avec les bailleurs de fonds du pays.

Alexis Tsipras, chef du parti de la gauche radicale Syriza
“Notre engagement premier pour le moment c’est d’honorer le mandat que le peuple nous a confié : faire tout ce qui possible pour avoir un gouvernement qui condamne le plan de sauvetage et qui revienne sur les mesures d’austérité.”

Sans gouvernement favorable aux mesures des bailleurs de fond, beaucoup évoque à nouveau une sortie du pays de la zone Euro. Nous avons, pour en parler, rencontré le rédacteur en chef de Kathimerini, le quotidien considéré comme l’un des journaux les plus sérieux en Grèce.

Laura Davidescu, Euronews

“Est-ce que la position de la Grèce dans l’Eurozone est encore plus sur la sellette maintenant que les deux partis, Nouvelle Démocratie et le PASOK, ont pratiquement perdu toute légitimité et qu’ils ont été évincés du pouvoir ?”

Nikos Konstantaras
Editeur en chef, Kathimerini

“La différence c’est que le PASOK et Nouvelle Démocratie avec le gouvernement Papademos ont fait des efforts, des efforts peut-être forcés, mais des efforts quand même. Maintenant, ces partis ont perdu toute légitimité, donc je ne pense pas que ces efforts pour satisfaire aux conditions des bailleurs de fond continueront, donc ce sera à la zone Euro de décider combien de temps elle va pouvoir supporter cette situation, sans effort de notre part”.

Laura Davidescu, Euronews
“Il semblerait que la volonté de réformes en Grèce soit l’autre grand perdant des urnes hier. Les espoirs de ceux qui souhaitent un changement sont-ils morts ?”

Nikos Konstantaras
Editeur en chef, Kathimerini

“Ces espoirs ont été douchés. Tous les partis politiques qui ont tenté de réformer le pays ont été sévèrement punis. Le PASOK, qui pendant des années n’a pas fait de réforme, qui a par la suite essayé de réformer, a été puni dans les urnes, très sévèrement, bien plus que ce que l’on imaginait il y a encore quelques mois. Nouvelle Démocratie, qui a participé au processus de réformes, a également été sanctionné. Donc, il est clair que le processus de réformes à l’heure actuelle est enterré. Cela aura des conséquences, et les personnes qui ont participé au processus de réformes doivent comprendre que c’est le moment de reconsidérer cette politique et de créér peut-être un mouvement plus fort, qui sera une alternative.”

Laura Davidescu, Euronews

“Dans votre éditorial publié après les résultats, vous avez écrit que le système politique grec doit choisir entre l’entraide, l’apprentissage du compromis, et le scénario du pire : l’anarchie…”

Nikos Konstantaras
Editeur en chef, Kathimerini

“Il y a l’extrême gauche, il y a l’extrême droite, il y a les centristes qui sont en pleine confusion… il y a une dispersion de l‘électorat. Si ces différents partis ne parviennent pas à se considérer comme des forces politiques capables de coopérer entre elles, il n’y aura pas d’unité, et je pense que le véritable test qui commence aujourd’hui pour Nouvelle Démocratie – à savoir le mandat donné à Samaras pour former un gouvernement – va permettre rapidement de savoir si on entre dans une nouvelle phase ou bien si l’on replonge dans le chaos.”

Laura Davidescu, Euronews

“Pensez-vous que l’Union européenne, les pays de l’Eurozone vont également devoir trancher entre l’entraide et le chaos ?”

Nikos Konstantaras
Editeur en chef, Kathimerini

“Le problème c’est que l’on a mis la Grèce sur le banc des accusés, que l’on a présenté les Grecs, en Allemagne notamment, comme un peuple de paresseux qui profite de l’argent des citoyens allemands.
Si l’UE avait protégé les deux côtés – ceux qui donnent et ceux à qui l’on donne – on n’aurait pas eu ce genre de ressentiment. On aurait éviter pas mal de problème. Nous n’aurions jamais emprunter le chemin que nous avons pris. Nous allons petit à petit vers la fragmentation du pays.”

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