Olli Rehn exclut une sortie de la Grèce de l'euro

Olli Rehn exclut une sortie de la Grèce de l'euro
Par Euronews
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La zone euro n’en pas pas finie avec les turbulences. Ce qui concentre toutes les attentions, c’est la situation en Grèce, avec une instabilité politique de nature à inquiéter les marchés. Comment voit-on les choses à Bruxelles ? Pour y répondre, nous avons interrogé Olli Rehn, commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires.

Paul Hackett, euronews :
Olli Rehn, merci d‘être avec vous. La feuille de route économique que vous avez proposée, que l’Allemagne a proposée, semble avoir été remise en question par les électeurs français et grecs. Ne pensez-vous pas qu’il est temps de changer de d’approche ?

Olli Rehn, commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires :
Il est important qu‘à présent, en Europe, nous puissions combiner consolidation budgétaire et croissance durable.

euronews :
Qu’est-ce que vous entendez par croissance ? La croissance, c’est comme la paix : tout le monde y aspire. Qu’est-ce que vous entendez exactement par croissance ?

Olli Rehn :
C’est précisément ce qui fait débat aujourd’hui. Il faut donc à présent concrétiser les choses et dire aux gens comment créer de la croissance. D’après nous, il faut tenir bon sur la question de la consolidation budgétaire. On ne peut pas créer de la croissance en aggravant la dette déjà existante.

euronews :
Donc, on persiste dans l’austérité, c’est ça ?

Olli Rehn :
Ecoutez, je vais vous expliquer les choses. D’abord, il faut tenir bon sur la question de la consolidation budgétaire, et en parallèle, il faut renforcer notre action en matière d’investissement que ce soit en dynamisant l’investissement public et en stimulant les investissement privés.

euronews :
Et comment y parvenir ?

Olli Rehn :
Et bien, la première chose, c’est de créer de la confiance dans l‘économie. Cela passe par une résolution de la crise de la dette souveraine et par une consolidation du secteur bancaire, afin de disposer des liquidités dans l‘économie. Dans le même temps, on peut recourir aux banques publiques et aux banques d’investissement, comme la Banque européenne d’investissement. Nous avons ainsi besoin de stimuler l’investissement privé. Il y a aujourd’hui beaucoup d’argent en Europe mais cet argent ne finance pas les investissements.

euronews :
Mais de nombreux experts disent que ce ne sera qu’un petit ajustement de la recette actuelle.

Olli Rehn :
Je ne vois pas en quoi on peut dire que ce n’est qu’un ‘petit ajustement’. Si vous mettez 10 milliards d’euros dans la Banque européenne d’investissement, vous pouvez avoir 60 milliards d’euros de prêts de la part de la BEI, ce qui, grâce à l’effet de levier, vous donne 180 milliards d’euros pour des investissements dans les infrastructures, dans l’innovation, dans le domaine énergétique ou dans la croissance verte en Europe. Pour moi, ce n’est pas rien. Au contraire !

euronews :
Que doit faire la Grèce pour rester dans l’euro ?

Olli Rehn :
Parlons de la Grèce. Il est important que ce pays, que les dirigeants de ce pays puissent former une coalition gouvernementale…

euronews :
… Ca n’en prend pas le chemin…

Olli Rehn :
… il s’agit de pouvoir sortir le pays de l’impasse dans laquelle il se trouve, et de soutenir la croissance et améliorer les politiques de l’emploi à travers des réformes économiques et un ajustement budgétaire.

euronews :
Que se passera-t-il s’il n’y a pas de coalition gouvernement ?

Olli Rehn :
Il ne faut pas spéculer sur des scénarios qui ne se sont pas encore produits. Je fais confiance aux dirigeants politiques grecs pour qu’ils mesurent la gravité de la situation et qu’ils essaient de former rapidement une coalition gouvernementale.

euronews :
Est-ce que ce serait une catastrophe si la Grèce quittait l’euro ?

Olli Rehn :
Je ne souhaite pas spéculer sur la question d’une possible sortie de la Grèce de l’euro. Je ne veux pas jouer à faire peur alors que ce n’est pas nécessaire. Le plus important à présent pour la Grèce, c’est d’avancer vers la formation d’un gouvernement de coalition et de faire face aux défis économiques du pays.

euronews :
Le président de la commission, José Manuel Barroso, a parlé d’un pacte budgétaire qui soit intelligent et adaptable. Est-ce que ça signifie donner un peu d’air à l’Espagne ?

Olli Rehn :
L’Espagne est confrontée à de grands défis économiques, notamment en raison de son déficit extérieur, en raison du boom du crédit de ces dernières années et en raison de la bulle immobilière qui a éclaté. Alors forcément, il faudra du temps avant que les choses ne rentrent dans l’ordre.

euronews :
Est-ce qu’en un an, l’Espagne pourra réduire ses déficits ?

Olli Rehn :
Je pense, avec tout mon respect, que c’est une manière trop simpliste de voir les choses pour l’Espagne. Ce pays est confronté à deux grands défis… ou plutôt trois grands défis.
Le premier, c’est biensûr le taux de chômage très élevé, notamment chez les jeunes. Le pays s’est engagé dans une profonde réforme du marché du travail, une réforme qui n’a que trop tardé.
Le deuxième défi, c’est celui de la réforme du secteur bancaire. Le gouvernement a récemment dit qu’il allait se prononcer sur une réforme complète et approfondie afin de restaurer la confiance dans le système bancaire, et d’avoir à nouveau des liquidités sur le marché.
Et troisièmement, il s’agit de mettre en place un système de contrôle pour empêcher les excès commis au niveau régional.
L’Espagne va donc devoir se concentrer sur ces trois points afin de rétablir la confiance et de regagner de la crédibilité sur le plan économique et budgétaire. C’est fondamental pour renouer avec la croissance.

euronews :
Ma dernière question : est-ce que la Grèce sera toujours dans l’euro l’an prochain ?

Olli Rehn :
La Grèce sera dans l’euro l’an prochain. Biensûr, il est essentiel que ce pays soit capable de prendre les décisions nécessaires pour se conformer aux conditions du deuxième plan de réformes économiques et d’ajustement budgétaire. Cela suppose une plus grande stabilité politique ainsi qu’un gouvernement de coalition qui fonctionne avec le soutien d’une majorité au parlement grec.

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