François Hollande en position de force en France et en Europe

François Hollande en position de force en France et en Europe
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Par Euronews
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Un vent socialiste semble souffler sur la France depuis quelques mois : en septembre dernier, le Sénat basculait à gauche; en mai, François Hollande remportait la présidentielle et ce dimanche, le PS a donc décroché la majorité absolue à l’assemblée nationale.

A présent, le chef de l’Etat a toutes les cartes en main pour mettre en oeuvre son programme. Et sa place en Europe s’en trouve renforcée, comme l’explique Frédéric Sawicki, professeur de sciences politiques à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. “On a là, précise-t-il, un président directement élu au suffrage universel, qui s’appuie sur une majorité forte, qui vient d’arriver au pouvoir avec un programme européen ambitieux. Il est clair que, par rapport à Angela Merkel qui, elle, va affronter l’année prochaine des élections et qui se trouve dans une coalition composite, le président Hollande se voit en position de renforcer son leadership européen. C’est clair.”

Angela Merkel et François Hollande ont affiché des divergences de vue face à la crise économique. La chancelière allemande a toujours insisté sur la nécessaire rigueur budgétaire, tandis que le président français plaide pour des mesures en faveur de la croissance.

En tout cas, notre correspondant à Paris, Giovanni Magi, explique que “les conditions dans lesquelles se trouvent le président Hollande devraient non seulement lui permettre de s’attaquer aux problèmes de l‘économie française, mais aussi d’apporter une plus grande crédibilité dans la gestion de la crise de la zone euro”.

Avec nous pour décrypter le scrutin de dimanche et en comprendre les enjeux notamment au niveau européen, Marion Gaillard, historienne, maitre de conférence à Sciences politiques Paris et spécialiste de la politique européenne.

Sophie Desjardin, euronews :
“La France dispose donc d’une majorité absolue, un président Et un parlement à gauche, les réformes promises vont pouvoir être mises en place sans entraves, qu’est ce que cela change fondamentalement ? “

Marion Gaillard :
“On peut dire que ça procure à François Hollande un certain confort pour faire voter les réformes pour lesquelles il a été élu, ça c’est pour la politique intérieure, et puis en Europe ça lui laisse davantage les coudées franches dans la négociation des accords européen, notamment sur le sauvetage de la zone euro, avec un front de gauche qui ne pourra pas vraiment peser sur les décisions et ce sera aussi d’ailleurs de nature sans doute à rassurer nos partenaires et à détendre l’atmosphère.”

Sophie Desjardin :
“Un gouvernement socialiste, c’est une denrée rare… En Europe actuellement, ils ne sont que 5. Dans cette vague générale de rejet du socialisme ou de la social-démocratie, comment peut-on interpréter cette victoire de la gauche en France?”

Marion Gaillard :
“On peut l’interpréter de deux manières différentes, tout d’abord avec une lecture européenne justement, puisque la crise a balayé de nombreux gouvernements en Europe que ce soit l’Italie de Silvio Berlusconi ou en Espagne avec le gouvernement de Zapatero par exemple ou évidemment en Grèce avec Papandreou. Donc on peut y voir simplement le fait que la crise élimine les gouvernements en place mais on peut aussi en faire une lecture intérieure puisque cela faisait 10 ans qu’on avait pas eu d’alternance en France et qu’on a peut être simplement un balancier politique assez classique avec en plus un rejet de l’ancien Président de la république, de sa politique.*

Sophie Desjardin :
“On est encore bien loin d’une vague rose européenne, mais ce modèle prôné par François Hollande notamment, plus axé sur la croissance, pourrait-il faire des émules selon vous ?”

Marion Gaillard :
“On voit qu’il en a déjà fait, puisque les propositions de François Hollande ont déjà rencontré des échos favorables dans de nombreux pays, y compris parmi les dirigeants qui avaient parfois refusé de le recevoir pendant la campagne comme monsieur Rajoy ou monsieur Monti. Donc ça fait des émules et ça permet d’ouvrir le débat, ça a fait sauter des verrous et ça, c’est important pour l’avenir.”

Sophie Desjardin :
“François Hollande a les coudées franches, Angela Merkel de son côté affrontera dans un peu plus d’un an des élections à haut risque qui pourraient redonner la victoire aux sociaux-démocrates du SPD, soutenus par Hollande. Comment vont se passer ces mois de « cohabitation » entre Merkel et Hollande selon vous ?”

Marion Gaillard :
“Tout d’abord il ne faut pas aller trop rapidement, madame Merkel n’a pas encore perdu, loin de là et par ailleurs des couples de “cohabitation” comme vous dites il y en a eu beaucoup par le passé et c’est souvent même eux qui ont été le plus productifs pour l’Europe, on pense à Valéry Giscard d’Estaing et Helmut Schmidt, ou François Mitterrand et Helmut Kohl, donc le fait de ne pas être de la même tendance politique n’a jamais empêché au couple franco-allemand de bien fonctionner. Donc il y a des moyens de trouver des accords aujourd’hui entre la chancelière et le président sur la question de la zone euro, et il faudra aussi sans doute au nouveau gouvernement se monter un peu plus audacieux sur la question de l’union politique parce qu’on voit que la France est souvent frileuse sur ces questions et qu’il y a une attente en Allemagne de ce côté là. “

Sophie Desjardin :
“Le sommet européen fin juin est très attendu, que peut il en sortir? Peut-on envisager à terme une sortie de la zone euro pour certains pays et qu’est- ce que cela signifierait pour la construction européenne?”

Marion Gaillard :
“On ne peut pas exclure un scénario de sortie de certains pays de la zone euro, mais personnellement, je pense qu’il faut tout faire pour l‘éviter car ce serait très grave pour la zone euro et pour la construction européenne. La construction
européenne a connu des crises, des blocages par le passé comme le rejet de la communauté européenne de défense en 54 ou le rejet de la constitution en 2005, mais elle n’a jamais connu de recul, on n’a jamais détricoté l’Europe. Ce serait un précédent et un précédent à mon avis lourd de conséquences.”

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