Sommet de la zone euro : au-delà des attentes et en-deça des besoins, entretien avec Sony Kapoor

Sommet de la zone euro : au-delà des attentes et en-deça des besoins, entretien avec Sony Kapoor
Par Euronews
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Sony Kapoor, économiste et directeur général du thinktank Re-define, répond aux questions de Paul Hackett.

Euronews : “Nous avons entendu le président du Conseil Herman Von Rompuy parler d’avancée. S’agit-il de cela? D’un changement de donne?”

Sony Kapoor: “Je pense qu’il s’agit d’un pas en avant au regard des attentes. Je ne suis pas tout à fait sûr à propos d’un changement de donne, dans le sens où un changement de donne pourrait permettre de résoudre la crise, ce qui n’est pas le cas ici, il s’agit plutôt de quelque chose qui va permettre de ralentir la crise.”

Euronews : “Est-ce que cet accord qui vise à aider les banques est une solution à long-terme?”

Sony Kapoor: “Cet accord est voué à avoir un effet temporaire, car il implique d’acheter de la dette espagnole et italienne avec les deux fonds d’aide existant.
Ces fonds permettent de limiter les dégâts. Donc ça ne va pas restaurer la confiance des marchés à long-terme .
Ce qui aurait aussi aidé, bien sûr, ça aurait été une solution à long-terme, garantissant de faibles taux d’emprunt, par exemple à travers l’utilisation d’euro-bonds.
Mais l’Allemagne se refuse à cette alternative.”

Euronews :“Vous mentionnez l’Allemagne, pensez-vous que la chancelière Merkel s’est compomise à travers cet accord?”

Sony Kapoor: “Je crois que c’est l’un de ces micmacs politiques qui vont permettre au président Hollande, mais aussi à Monti et à Rajoy de crier victoire, et dans le même temps, Angela Merkel va aussi rentrer chez elle et clamer, face à ses électeurs, qu’elle a tenu bon !
On dit que les Fonds européens pourront recapitaliser directement les banques en difficulté. Mais si vous regardez l’accord dans les détails, cela ne sera possible qu’une fois que la BCE aura endossé son rôle de superviseur du système bancaire européen.”

Euronews : “Mais avant cela, la BCE devra-t-elle intervenir?”

Sony Kapoor: “Je pense que l’idée est de garder la BCE à l‘écart de cela pour l’instant. le FESF et le MES sont voués à acheter les dettes espagnoles et italiennes, le calendrier doit être mis en place dans cette perspective. Et je ne pense pas qu’il soit nécessaire que la BCE intervienne dans cette procédure.”

Euronews : “Qu’en est-il de l’Irlande, de la Grèce, du Portugal… On imagine qu’ils ne vont pas se réjouir de voir l’Italie et l’Espagne bénéficier d’une sorte de traitement de faveur, sous prétexte qu’ils sont trop forts pour couler?”

Sony Kapoor: “Bon, on peut justifier cette idée de traitement de faveur. Mais si vous regardez les recommandations de la Commission européenne adressées à l’Italie et à l’Espagne, les conditionalités de l’aide ne sont pas spécialement moins dures que celles auxquelles le Portugal est soumis. Donc l’idée, qui est encore du ressort du micmac politique, c’est de prendre les obligations légales, ce que l’Espagne et l’Italie sont tenues de respecter, de les coucher sur le papier et de dire, voici ce que vous devez respecter, dans tel délai, et en échange, si vous vous comportez bien, nous vous aiderons financièrement.”

Euronews : “Quel souvenir ce sommet va-t-il laisser, sera-t-il perçu comme un succès?”

Sony Kapoor: “Je pense qu’il est un peu tôt pour le dire. On a surtout vu les grandes lignes. Mais je pense qu’on peut résumer en disant que le sommet a dépassé les attentes, mais qu’il est en dessous des besoins.”

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