Le marché européen automobile en pleine crise

Le marché européen automobile en pleine crise
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Par Euronews
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Les ventes de voitures neuves ont encore reculé au mois de juin dans l’Union européenne : -2,8%, sur un an selon les données publiées par l’association des constructeurs automobiles européens. Cette nouvelle baisse des ventes d’automobiles le mois dernier est le neuvième mois consécutif de repli dans l’Union européenne mais cette baisse de 2,8% est moins marquée que les précédentes.

L‘évolution des ventes de voitures a été disparate selon les marchés : en Allemagne elles ont augmenté de 2,9% en juin et en Grande Bretagne de 3,5%. Elles sont restées quasiment stables en France -0,6% alors qu’elles se sont effondrées en Espagne : -12% et en Italie -24%.

Parmi les constructeurs pénalisés : l’américain General Motors dont les ventes reculent de 8,8% ; l’italien Fiat -18% et le français Peugeot Citroën qui recule de 8,6% sur un an. Les grandes difficultés du deuxième constructeur automobile européen occupent le devant de l’actualité depuis quelques jours.

Nous rejoignons à Bruxelles Ivan Hodac, secrétaire général de l’Association des constructeurs automobiles européens, l’ACEA.

La semaine dernière, Peugeot-Citroën a annoncé des milliers de pertes d’emplois en France. Peut-on s’attendre à d’autres cas comme cela en Europe dans un avenir proche?

Ivan Hodac
“Je ne sais pas si on peut s’attendre à cela dans un proche avenir, mais si vous regardez le marché, si vous comparez au premier semestre de l’année 2011, nous avons fait moins 7%. Au cours des 4-5 dernières années, le marché européen est passé de 15 à disons 12 millions de voitures, et je serais surpris si nous n’assistions pas à des annonces similaires dans l’avenir, peut-être même dans un avenir proche.

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La crise est vraiment douloureuse, mais certains fabricants, les constructeurs allemands semblent faire mieux que d’autres. Comment expliquez-vous cela?

Ivan Hodac

Ce n’est pas facile à expliquer, mais les fabricants qui vont bien se portent bien hors d’Europe. Ceux qui sont présents sur des marchés rentables comme les USA, la Chine aujourd’hui, même la Russie, le Brésil et d’autres, essentiellement hors d’Europe, font nettement mieux que ceux dont la majeure partie de la production est vendue en Europe. Le problème, c’est que très peu de constructeurs font vraiment de l’argent en Europe aujourd’hui, c’est sans doute une réponse à votre question.

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N’ont ils pas suffisamment le sens des affaires?
ou manquent-ils d’aide au niveau politique en Europe?

Ivan Hodac

Je ne pense pas que c’est une question d’aide au niveau politique ou de sens des affaires. Je pense que le marché est cyclique. J’ai déjà dit que le problème est en Europe et non pas hors d’Europe. Les marchés mondiaux sont en hausse, de plus en plus de voitures sont vendues en Chine, aux USA, sur d’autres marchés, et les constructeurs européens qui se sont mondialisés sont présents sur ces marchés, c’est donc vraiment un problème du coût de production en Europe, la crise économique est extrêmement importante dans toute cette affaire et si votre marché passe de 15 à 12 millions en un an, bien sûr que vous aurez des problèmes, et certains fabricants ont des problèmes de surcapacité.

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Qu’est-ce qui doit être fait en Europe? Vous avez parlé de réduire les réglementations : c’est à dire ?

Ivan Hodac

Je parle de rendre la réglementation sensée. Je crois qu’il n’y a pas de sens à ce que nous ayons en Europe les règles les plus strictes de CO2 de toute la planète.

Cela concerne aussi les accords de libre-échange que l’Union européenne est en train ou va négocier avec les pays clés de la production automobile. Ces pays exporteront davantage dans l’Union européenne avec de meilleures conditions. Si nous ne créons pas un pied d‘égalité avec ces pays, cela signifie que nous n’aurons pas le même accès à ces pays qu’eux à nos marchés, et cela encore aura un impact négatif

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Aurez-vous des difficultés avec les propositions de l’UE dans la mesure où les émissions de Co2 sont réglementées jusqu‘à 2020?

Ivan Hodac

Je crois que les mesures de 1995 sont désormais plus ou moins inscrites dans le marbre, ce sera très difficile à dépasser. L’industrie atteindra probablement les objectifs, mais encore une fois le diable – comme on dit – est dans les détails. Cela dépend de la manière dont ces objectifs seront fixés à la fin, des modalités et aussi de la situation sur le marché. N’oubliez pas que vous pouvez avoir la meilleure technologie possible, vous pouvez avoir les voitures les plus efficaces, si le consommateur ne les achète pas, alors ça ne sert à rien”.

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