Anders Fogh Rasmussen évoque le "grand succès" de l'OTAN en Afghanistan

Anders Fogh Rasmussen évoque le "grand succès" de l'OTAN en Afghanistan
Par Euronews
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En interview pour Euronews au siège de l’OTAN à Bruxelles, Anders Fogh Rasmussen, Secrétaire général de l’Alliance, évoque les dernières étapes de la mission de l’Organisation en Afghanistan, lancée peu après les attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis. Il s’exprime également sur le dossier controversé du bouclier antimissile européen et sur les points chauds dans le Caucase.

Andrei Beketov, Euronews :
“On vient de commémorer les attentats du 11 septembre 2001 qui ont fait près de 3000 morts. Aujourd’hui, on déplore un nombre encore plus important de victimes parmi les soldats de la coalition déployés en Afghanistan pour tenter de prévenir de telles attaques. Des militaires afghans tuent des Américains chargés de les former. Et le peuple afghan paie un très lourd tribut. Tout ce sang versé en valait-il la peine ?”

Anders Fogh Rasmussen, Secrétaire général de l’OTAN :
“Il est évident que chaque personne tuée, que ce soit un civil ou un militaire, représente un mort de trop. Ceci dit, il faudrait aussi garder en mémoire quel était le but de l’opération militaire internationale menée en Afghanistan. Le but était – et reste - de prévenir le risque que ce pays devienne une nouvelle fois, un refuge pour des terroristes qui pourraient s’en servir comme base pour lancer des attaques contre nos nations. Et à cet égard, notre opération a été un grand succès. Aucun terroriste basé en Afghanistan n’a lancé d’attaque contre nos nations depuis le début de notre opération sur place.“

Euronews :
“L’OTAN n’a-t-elle pas répété les erreurs de l’Union soviétique en se disant que l’adhésion des populations locales serait facile à obtenir ? Et l’Alliance n’est-elle pas en train de procéder comme les Soviétiques, à un retrait peu honorable ?”

Anders Fogh Rasmussen :
“Non, au contraire. Nous avons tiré les enseignements du passé et l’une des différences majeures, c’est que nous avons créé une force de sécurité afghane très puissante qui va prendre le relais.”

Euronews :
“Mais il y a beaucoup de méfiance. La prison de Bagram a été transférée aux autorités afghanes, mais les Américains vont continuer d’en surveiller une partie, ainsi que certains détenus.”

Anders Fogh Rasmussen :
“Le transfert des prisonniers aux autorités afghanes fait partie du transfert global aux Afghans de la responsabilité en matière de sécurité.
Mais il est évident que nous devons trouver le bon équilibre entre la souveraineté afghane et la sécurité des forces afghanes et de nos troupes.”

Euronews :
“Après 2014, les troupes de l’OTAN rentrent-elles dans leurs casernes pour défendre leurs pays ou avez-vous encore des missions à terminer ailleurs ?”

Anders Fogh Rasmussen :
“C’est à chacun des membres de la coalition de décider s’ils veulent s’engager ailleurs, dans d’autres missions internationales, par exemple celles mandatées par les Nations-Unies.”

Euronews :
“Mais vous ne pensez pas à la Syrie, par exemple… ?”

Anders Fogh Rasmussen :
“Non, nous n’avons pas l’intention d’intervenir militairement en Syrie et nous n’avons aucun projet d’intervention militaire ailleurs.”

Euronews :
“Le président russe Vladimir Poutine a suggéré que si Barack Obama était réélu, il pourrait y avoir un compromis sur le bouclier antimissile de l’OTAN en Europe. Si Mitt Romney est élu, il pourrait utiliser le bouclier contre la Russie. Pensez-vous que l’avenir du bouclier dépend de l’issue de l‘élection américaine ?”

Anders Fogh Rasmussen :
“Pas du tout, nous avons expliqué aux Russes que le bouclier antimissile de l’OTAN n‘était pas conçu pour attaquer la Russie, ni pour diminuer ses capacités de dissuasion stratégique. Et évidemment, nous n’avons pas la moindre intention d’attaquer la Russie. En fait, la Russie et l’Alliance ont signé un document commun en 1997, appelé “l’Acte fondateur”. Dans ce document, la Russie et l’Alliance indiquent clairement qu’elles n’utiliseront pas la force l’une contre l’autre. Nous restons fidèles à cet engagement. J’espère, et je m’attends à ce que la Russie soit elle aussi, fidèle à cet engagement.”

Euronews :
“Mais la Russie attend des garanties plus importantes, des garanties qui engagent l’OTAN. Pourquoi ne pas les donner ?”

Anders Fogh Rasmussen :
“Parce que la meilleure garantie que la Russie pourrait obtenir serait de s’engager de manière constructive, à coopérer en matière de défense antimissile. Nous avons même proposé la mise en place de centres communs pour que les Russes puissent voir de leurs propres yeux que notre bouclier n’est pas dirigé contre leur pays.”

Euronews :
“Vous avez exhorté la Russie à faire preuve de transparence sur ses exercices militaires prévus ce mois-ci. Comment voyez-vous les choses ? Etes-vous inquiet du fait que ces exercices auront lieu près de la Géorgie, quasiment au moment où des élections sont prévues sur place ?”

Anders Fogh Rasmussen :
“Nous ne sommes pas contre ces exercices, mais nous demandons de la transparence - ce serait une façon de renforcer la confiance – : “quel est le but de cet exercice, où doit-il se dérouler, comment sera-t-il mené ?”

Euronews :
“Quelle information manque ? Pourquoi n’est-ce pas totalement transparent ?”

Anders Fogh Rasmussen :
“On n’a reçu aucune information formelle de la part de la Russie, ce que nous regrettons fortement.”

Euronews :
“Vous semblez vraiment tenir à ce que la Géorgie devienne membre de l’OTAN. Il est évident que cela va encore plus énerver les Russes. Jusqu’où l’OTAN est-elle prête à aller dans cette zone que Moscou considère comme sa sphère d’intérêt ?”

Anders Fogh Rasmussen :
“Nous sommes fidèles à un principe fondamental que toutes les nations de la zone euro-atlantique ont signé en 1999, dans la charte de l’OSCE. Ce principe, c’est que chaque nation a le droit de décider elle-même de son appartenance ou non à l’Alliance. J’espère que la Russie est elle aussi fidèle à ce principe. C’est donc à la Géorgie de décider et la Géorgie a indiqué que c‘était ce qu’elle voulait. En 2008, l’OTAN a décidé au sommet de Bucarest que la Géorgie deviendrait membre de l’Alliance, à condition bien sûr que le pays remplisse les critères nécessaires.”

Euronews :
“Dernière question sur l’Arménie où vous êtes allés récemment. Vous avez probablement remarqué les manifestations anti-OTAN. Vous sentez-vous responsables de ce qui est arrivé à ce soldat arménien tué à Budapest lors d’un stage de l’Otan ?”

Anders Fogh Rasmussen :
“C’est un acte très regrettable. Mais permettez-moi de souligner que je n’ai pas été la cible de manifestations contre l’OTAN. J’ai été confronté à de jeunes manifestants qui dénonçaient la décision de l’Azerbaïdjan de gracier l’officier Safarov. Ce crime terrible ne devrait pas être glorifié. Et je suis profondément préoccupé par la décision de l’Azerbaïdjan de gracier cet officier parce qu’elle nuit à la confiance et qu’elle ne contribue certainement pas à la paix, à la coopération et à la réconciliation dans la région.”

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