L'austérité, pour quoi faire ?

L'austérité, pour quoi faire ?
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Par Euronews
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A travers toute l’Europe les citoyens se sont réunis dans la rue pour manifester contre l’austérité. L’Italie a été la scène de quelque 80 manifestations, virant parfois à des affrontements violents, comme ici près du Colisée, entre des étudiants casqués et la police.

En Espagne l’appel à la grève générale a mené à une interruption de la production et une chute de la consommation d’énergie de 16%…
Le centre de Madrid a connu de rudes face à face.

La Grèce a tenu à se montrer solidaire du mouvement ibérique, et plusieurs centaines de grévistes ont manifesté dans le calme dans les rues d’Athènes.

En Allemagne et en Autriche des actions symboliques étaient prévues, à l’instar de la manifestation à Bruxelles aux portes de la Commission européenne.
Pour mieux comprendre le bien fondé, ou non, de l’austérité, Euronews a posé ses questions à Henri Sterdyniak, professeur d‘économie de Sciences Po et signataire du ‘Manifeste des économistes atterrés’.

Olaf Bruns, euronews :
“Des milliers de gens ont manifesté, dans plusieurs pays d’Europe – contre l’austérité. Qu’est-ce qui ne va pas avec l’austérité, concrètement?”

Henri Sterdyniak :
“En Europe on impose des politiques d’austérité, qui ne résolvent absolument pas les questions posées par la crise et qui, au contraire, l’aggravent, puisqu’on fait pression sur les dépenses publiques, sur les dépenses sociales, on demande dans tous les pays au salariés d’accepter la stagnation, voire même la baisse des salaires, tout ça fait chuter la demande…”

euronews :
“Mais, Monsieur Sterdyniak, quand toute l’Europe se trouve au bord du gouffre, puisque un certain nombre de pays a vécu au-dessus de ses moyens, il faut bien réduire les dépenses.”

Henri Sterdyniak : “Je ne suis pas de votre avis, ce n’est pas la question essentielle aujourd’hui, ce n’est pas de réduire les dépenses. On a perdu à cause de la crise huit points (8%) d’activité – c’est-à-dire, au contraire, il faut récupérer 8 point de demande : il faut investir plus, il fait consommer plus pour effectivement employer plus de gens. Donc la question essentielle est comment on relance la machine.”

euronews :
“Toute l’eurozone est en récession, une récession qui, désormais, pèse sur l‘économie mondiale. Est-ce qu’il faut vraiment tenir l’austérité pour responsable de cette récession ?”

Henri Sterdyniak :
“L’austérité n’est pas la seule responsable de la récession. Le phénomène essentiel est que le capitalisme financier subit une crise. Les facteurs qui ont poussé la croissance jusqu’en 2007 ont disparu. Que ce soit les bulles financières, les bulles immobilières, les stratégies à l’allemande et à la chinoise de recherche de compétitivité – ces facteurs ont disparus et au lieu de réfléchir comment maintenant on impulse l‘économie mondiale, au contraire, ce qu’on fait c’est qu’on rajoute l’austérité à une situation déjà catastrophique.”

euronews :
“Mais quelle serait l’alternative concrète à l’austérité ?”

Henri Sterdyniak :
“Il faut une stratégie coordonnée à l‘échelle européenne. L’objectif c’est de lutter contre le chômage, ce n’est pas de réduire les déficits publiques. Il faut relancer l’activité, il faut soutenir les industries innovantes, celles qui s’inscrivent dans la transition écologique, par la rénovation urbaine, les économies d‘énergie, les énergies renouvelables, il y a beaucoup de choses à faire. Il faut absolument que l’Europe prenne un tournant vers une Europe solidaire, écologique et sociale et qu’on renonce au dogme du néo-liberalisme.”

euronews :
“Mais comment réaliser politiquement une telle alternative ?”

Henri Sterdyniak :
“Avec la crise, des pays comme l’Allemagne vont subir eux aussi les conséquences de la crise et on peut espérer que dans ces pays aussi, les forces progressistes réagissent. Si l’ensemble de l’Europe est plongée dans la récession, l’Allemagne ne sera pas en bonne santé non plus et on peut faire comprendre aux allemands que leur stratégie conduit l’Europe à des déséquilibres insupportables.”

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