Cesare Prandelli : l'éthique au centre du jeu

Cesare Prandelli : l'éthique au centre du jeu
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Par Euronews
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Rencontre avec Cesare Prandelli, le sélectionneur de l‘équipe nationale de football italienne. Equipe qu’il a portée en finale de l’Euro en juin dernier.

C’est un homme droit, respecté pour ses prises de positions, et souvent salué comme modèle de fair-play. Il a d’ailleurs mis en place un Code Ethique, qui prive de sélection nationale tout joueur qui aurait fait preuve de gestes agressifs et antisportifs pendant le championnat.

Roberto Alpino, euronews :
C’est à la Cremonese qu’il a grandi footballistiquement, et débuté au poste de milieu de terrain. Prandelli est ensuite remarqué par l’Atalante, mais c’est avec la Juventus qu’il vivra l’apogée de sa carrière, entre 1979 et 1985 : il gagne trois fois le championnat, une fois la Ligue des champions, une Coupe des Coupes, une Supercoupe d’Europe et une coupe d’Italie, sans pourtant réussir à s’imposer comme titulaire dans la continuité. Avec lui, nous aborderons tous les domaines, les événements marquants de sa vie et de sa carrière, sans oublier, bien sûr, l‘équipe nationale d’Italie.

Roberto Alpino, euronews :
-Comment jugez-vous votre carrière de footballeur ?

Cesare Prandelli :
Une bonne carrière, je dirais, dans le sens où je n’avais pas de très grandes qualités mais j’ai quand même réussi à être professionnel pendant 10 ans, donc une bonne carrière.

Roberto Alpino, euronews :
Deux mots sur le Prandelli, grand-père…

Cesare Prandelli :
C’est une expérience merveilleuse, surtout parce que j’ai déjà dit à mes enfants et à ma belle-fille que je serai un grand-père comme tous les grand-pères, qui doit gâter ses petits-enfants et pas les élever…. – et être très présent ! – absolument !

C’est en tant qu’entraîneur de Verone que Cesare Prandelli se fait un nom, permettant à l‘équipe de monter en Serie A (1998-1999).
Attaché à la ville, il n’hésite pas, cependant, à monter au créneau il y a quelques semaines lorsque les supporters de Verone insultent la mémoire de Piermario Morosini, un joueur de Livourne décédé en plein match d’un infarctus (en avril dernier).

Cesare Prandelli :
On doit s’indigner pas seulement par les mots mais aussi en faisant des gestes forts. On doit tous se responsabiliser, on ne doit pas se dire que seule la société est responsable.

En 2002-2003, il est à la tête de l‘équipe de Parme, et lance des joueurs comme Mutu, Adriano ou Gilardino.

Cesare Prandelli :
J’ai eu la chance de trouver ces bons joueurs qui avaient du talent et qui l’ont toujours, et il m’ont offert des moments de satisfaction extraordinaires.

Roberto Alpino, euronews :
A propos de jeunes, il semble que ce soit l’année des entraîneurs arrivistes…

Cesare Prandelli :
C’est bien que des jeunes qui ont envie de se confronter à ce métier le fassent sérieusement. Ces entraîneurs montrent, non seulement, des capacités techniques mais aussi des compétences de gestion, et pour un jeune entraîneur c’est quelque chose d’important.

Devenu entraîneur de la Fiorentina, Cesare Prandelli fustige les supporters du club lorsqu’ils insultent la mémoire des 39 personnes mortes lors du drame du Heysel en 1985 (parmi les victimes, beaucoup de supporters de la Juve).

Ce jour de mai 1985, Cesare Prandelli dispute avec la Juve la finale de la Coupe d’Europe des clubs champions contre Liverpool.

Cesare Prandelli :
On ne doit pas faire comme si de rien n‘était, on doit faire face, comme je l’ai fait à Florence. Si, ensuite ils comprennent que tu es honnête et sincère, alors le retour est positif.

Depuis sa prise de fonction en 2010 à la tête de la squadra azzura, Cesare Prandelli a durci les règles, et remis l‘éthique au centre du jeu.
Un pilier auquel il s’accroche dans la tempête des scandales qui secouent le football italien, notamment l’affaire des matchs truqués aux multiples ramifications.

Cesare Prandelli :
Tous les scandales, je les affronte en me disant que ça peut être important, ça peut servir pour mûrir et s’améliorer. On ne doit pas se voiler la face
mais au contraire avoir la capacité d’en tirer une leçon, quelque chose de positif.

Roberto Alpino, euronews :
Autre chose. Selon vous qui est le meilleur rival de la Juve cette année ?

Cesare Prandelli :
Plusieurs équipes ont le potentiel. Ca peut être bien sûr la Fiorentina, une équipe qui peut tenir la comparaison sur le long terme, je vois bien l’Inter après cette série de victoires, mais aussi Naples ou le Milan AC. Ce sont des équipes qui ont le potentiel pour revenir dans la course.

Prandelli a su aussi sourire à Simone Farina, le joueur qui a osé brisé l’omerta et déclenché l’enquête sur le scandale des matchs truqués. Un joueur boudé depuis par le monde du football.

Cesare Prandelli :
Nous serons, bien sûr, toujours fiers de Simone, pour ce qu’il a fait pour l’Italie.

Roberto Alpino, euronews :
Pour en finir avec les points négatifs, un mot sur ce journaliste de la Rai qui a fait des commentaires peu amènes sur les Napolitains…

Cesare Prandelli :
On a réussi à faire parler de nous, les Italiens, tout cela parce qu’un journaliste a fait des commentaires inappropriés. Je ne veux pas faire de commentaires pour ne pas donner d’importance à ce journaliste.

Roberto Alpino, euronews :
A propos de Mario Balotelli, vous avez dit : “ll n’est pas toujours fiable côté comportement, mais c’est un joueur extraordinaire”.

Cesare Prandelli :
Il est meilleur que ce qu’il veut bien montrer. – Alors, il le fait exprès ? – Non, il ne le fait pas exprès, il faut qu’il apprenne à gérer sa popularité, maintenant c’est une personne publique, il faut qu’il se rende compte que ce qui est important, c’est ce qu’il fait sur le terrain.

Roberto Alpino, euronews :
Deux mots sur Daniele De Rossi, un joueur pour qui vous avez toujours eu de l’estime. Cependant, lors du derby romain, il a enfreint le code éthique, en mettant un coup à un autre joueur.

Cesare Prandelli :
Oui. Daniele, c’est un garçon qui, surtout dans le derby, devient imbus de lui-même, et parfois il exagère, il dérape, mais fondamentalement, c’est un garçon extraordinaire, qui nous a déjà tant donné et qui nous donnera encore beaucoup.

Depuis la coupe du monde 2010, Cesare Prandelli a su redorer le blason des Italiens, en les menant jusqu‘à la finale de l’Euro. Mais la squadra azzura a butté sur la dernière marche et perdu 4-0 contre l’Espagne

Cesare Prandelli :
C‘était un adversaire beaucoup plus fort, on n’arrivait pas à récupérer, trop de joueurs malchanceux devant le but et au moment où nous aurions pu récupérer, on n‘était plus que 10.

Roberto Alpino, euronews :
Pour être un peu plus léger…. Allez-vous continuer dans le football ou choisir le cinéma, tant donné que vous avez joué votre propre rôle dans la comédie de Noël ?

Cesare Prandelli :
Non, absolument pas. Je voudrais être grand-père à plein temps.

Roberto Alpino, euronews :
L’Italie est le premier pays à introduire deux arbitres supplémentaires derrière chaque but.

Cesare Prandelli :
C’est une belle nouveauté. Je suis convaincu qu’il faut encore qu’ils améliorent la coordination entre eux, puisque nous avons bien 5 arbitres.

Roberto Alpino, euronews :
Le cinquième rang dans le classement de la Fifa, c’est un aboutissement ou ce n’est qu’un début ?

Cesare Prandelli :
Cela représente tout le travail que nous avons fait ces dernières années, nous devons nous améliorer, c’est une équipe en pleine évolution, avec beaucoup de jeunes joueurs, nous avons le devoir d’essayer de faire mieux, encore et encore, parce que cette place ce n’est qu’un point de départ.

Dans la ligne de mire évidemment, le Mondial 2014 au Brésil. L’Italie est actuellement en tête de son groupe des éliminatoires de la coupe du monde.

Roberto Alpino, euronews :
L’Italie est bien lancée pour la qualification au mondial au Brésil….je vous sens superstitieux (rires), mais bon…à la lumière du parcours brillant réalisé pendant l’Euro, quel est votre objectif pour 2014 ?

Cesare Prandelli :
D’abord, en laissant de côté la superstition, nous voulons nous qualifier rapidement, parce que ce ne sera pas simple, prévisible et mathématique comme tout le monde semble le croire. Et ensuite, lorsque ce sera fait, l’idée c’est de faire grandir cette équipe, qu’elle se renouvelle, parce que, une compétition telle qu’un Mondial, il faut l’affronter de la meilleure manière possible.

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