Des médias pour apprendre à devenir acteur de la société

Des médias pour apprendre à devenir acteur de la société
Tous droits réservés 
Par Euronews
Partager cet articleDiscussion
Partager cet articleClose Button

Les médias sont partout, alors comment les enfants peuvent-ils en faire le meilleur usage? Comment peut-on les encourager à utiliser la radio, la télé et les réseaux sociaux pour progresser, pour s’exprimer, pour acquérir de nouvelles compétences et pour provoquer le changement?

Prenons l’exemple d’un combat encore inachevé: l‘égalité des sexes. En Sierra Leone par exemple, les femmes continuent à se battre pour trouver leur place dans un monde d’hommes. Installer des filles et des garçons derrière un micro peut-il faire pencher la balance?

Samedi matin, dans les locaux de Radio Maria, en Sierra Leone, c’est l’heure des dernières répétions pour les jeunes élèves, avant le direct. Dans une culture où les médias et le journalisme sont dominés par les hommes, le projet du média façonné par les filles transgresse les traditions. Et c’est tout le pays qui résonne au son de leurs messages positifs.

Samera, une jeune élève, prend l’antenne:
“Dans cette édition, nous parlerons du sujet de l’inscription des élèves dans le Lycée Kamabai, dans le territoire Biriwa Limba, du district Bombali. Nous avons décidé de parler de ça car nous avons découvert que dans cette école, les garçons sont plus nombreux que les filles, respectivement 60 contre 40”.

Le projet du “Média façonné par les filles” est une initiative lancée par l’ONG Plan Afrique de l’Ouest. Il sensibilise les jeunes aux problématiques de l’inégalité entre les sexes, des discriminations et de la violence, et il leur enseigne aussi les techniques d’interview, d‘écriture et de présentation radio. Les élèves deviennent ainsi des porte-paroles pour promouvoir la parité au sein de leur école et de leur communauté.

Samera Hassan, une autre élève, est enchantée:
“Avant, je ne connaissais rien aux techniques d’interview, mais grâce au Projet du média façonné par les filles, aujourd’hui je sais interviewer et rédiger, et je connais mes droits et mes reponsabilitées, avant je n’en savais rien. C’est quoi la discrimination? Avant je ne comprenais pas, maintenant je sais.”

Patrick Mahoi, le responsable du programme PLAN, explique l’objectif du projet: “c’est de combler un vide pour que les adolescentes aient un mot à dire, qu’elles puisse faire entendre leur voix sur des problématiques qui les concernent. Des sujets qui les touchent au sein même de leur communauté, à l‘école, où qu’elles soient, pour que le grand public prenne conscience de ces problèmes et qu’ils s’en préoccupent. Elles se sentiront ainsi actrices d’une société à laquelle elles appartiennent.”

Et ce programme n’est pas exclusivement féminin: 25% des participants sont des garçons. Victor Sesay, un élève, se sent concerné par ces sujets: “La discrimination entre les genres est vraiment lamentable. Homme ou femme, nous sommes tous pareil. Je trouve ça très important que moi, en tant qu’homme, je puisse parler de ces problèmes de parité.”

Grâce à ce programme novateur, les élèves de Sierra Léone combattent cette vieille tradition de l’inégalité homme femme. Un apprentissage bénéfique pour eux, et pour des dizaines de milliers d’auditeurs à travers le pays. De retour à Freetown, la capitale, les citoyens sont collés au poste de radio.

Samuel, un habitant de Freetown, témoigne: “C’est aussi très bien pour tous les auditeurs de Radio Maria, car avec ce programme éducatif, les jeunes filles se forment elles-même, et en même temps, elles éduquent les plus vieux et les plus jeunes”.

Au delà des frontières de la Sierra Léone, ce projet existe aussi au Ghana, au Liberia et au Togo.

Qu’en est-il du potentiel des médias pour améliorer les systèmes scolaires? Le documentaire “Forbidden eduction”, vu par un large public, met un coup de projecteur sur les systèmes d’apprentissage. En Argentine, ce film est projeté dans les salles de classe pour approfondir le débat. En un peu plus de deux mois, “Forbidden education”, le film de German Dion, a été visionné par 5 millions de personnes dans le monde entier.

Aujourd’hui le réalisateur projette son film devant quelques élèves du Lycée d’excellence National Buenos Aires, pour lancer un débat au sujet de leur éducation.

German Doin Campos, le réalisateur, explique sa démarche: “En fait, ce que soulève ce film, comme le font de nombreux auteurs, c’est que les élèves ne doivent pas perdre cette envie d’apprendre qu’ils avaient en entrant dans le système scolaire à 5 ou 6 ans.”

Joaquín Álvarez, un élève qui participe au débat, intervient: “La façon dont l‘école est construite, comme la fixation des chaises qui impose une certaine posture, le fait que nous devions nous lever et saluer le professeur quand il arrive, ou qu’il y ait une estrade…” Eduardo Asera, l’enseignant, prend la parole:

“Au final, les élèves n’apprennent que ce qu’ils ont envie d’apprendre… Je suis allé au Lycée et je n’ai appris que la littérature. Ce que l‘école essaye de faire, c’est que nous apprenions plus de choses.”

Le film, produit par une communauté de 700 internautes, a été projeté dans de nombreux endroits. Ce documentaire atypique provoque de multiples réactions: des critiques bien sur, mais aussi du débat social constructif autour de l’éducation.

“Ce film est inspiré de ma propre expérience éducative, de mon parcours en primaire et en secondaire, et de tout ce que j’ai observé à l‘école, du quotidien de mes camarades, de mon quotidien, du quotidien des autres. Pour moi, il y a une vrai incohérence entre ce que l‘école propose et ce que le système permet. Pour beaucoup de gens, il est difficile de concevoir une évolution au sein de l‘école publique. Et je pense que c’est un vrai problème, d’où ce film. Certaines personnes ne comprennent même pas le concept, et sont incapables d’imaginer une école différente”, affirme le réalisateur.

Ce film est libre de droits. L’objectif : promouvoir le débat sur l’avenir de l‘éducation.

La photo peut elle être un moyen de faire baisser le taux élevé d’homicides au Venezuela? Apprendre à manier un appareil photo peut-il aider à combattre la violence et le crime?

A 15 ans, Jennifer sait déjà qu’elle veut devenir une grande photographe. Elle a toujours vécu dans le quartier pauvre d`El Guarataro, l’un des plus sensibles de Caracas et de tout le Venezuela: une communauté pleine de rêve, mais aussi de violence. Ricardo Bolívar, le coordinateur du Project, connait bien le quartier: “La violence s’exprime dans le quartier au travers d’affrontements entre gangs de jeunes, des gangs criminels. Et aussi avec les crimes, les vols…”

Quand on est entouré par une réalité si sombre, capter cette réalité et la montrer par l’intermédiaire de photos peut faire bouger les choses. Voici un atelier d’Ancla 2, une coopérative éducative fondée en 2005 par des photographes professionnels. L’objectif: enseigner la photographie et la création de blog aux enfants des communautés pauvres du Venezuela.

Jennifer explique sa démarche: “J’ai suivi les cours de photographie car il me semblait intéressant de savoir faire des photos, et de savoir me servir d’un appareil. J’ai appris à partager avec les autres, à faire des rencontre et j’ai découvert qu’ici, dans ce quartier, beaucoup de gens travaillent dans des domaines qui n’ont rien à voir avec le crime.”

De son côté, Alvaro Hernandez, un photographe du projet Ancla 2, pense qu’il permet aux enfants de s’exprimer: “A travers la photographie, les enfants peuvent voir leur univers, le scruter, le photographier et même le décrire, car ils écrivent sur ce qu’ils voient, ce qui est bien plus facile que d‘écrire sur ce qu’ils pensent.”

Le sujet favoris de Jennifer, ce sont les déchets. A El Guarataro, c’est encore un problème majeur, mais grâce au blog d’Ancla 2, “El Guarataro Pregunton”, beaucoup d’habitants ont cessé de salir les rues. Jennifer confirme: “En prenant des clichés et en y exprimant nos idées, nous avons pris conscience d’appartenir à une communauté. Nous voulons que tout le monde en prenne conscience, pour éviter ce type de problème.”

“Le plus important, c’est qu’ils ont vu où ils vivaient, ils ont commencé à se considérer comme des êtres humain, ils ont pris confiance en eux. Avec ce blog, ils ont pu exprimer leurs attentes et revendiquer leurs droits en tant que citoyens. Le blog qu’ils ont créé est devenu un espace de communication communautaire”, ajoute Alvaro Hernandez

La population locale est reconnaissante du travail qui a été fait. Lors de la présentation des clichés, ils ont rendu hommage aux enfants disparus. Parmi ceux qui ont participé aux cours de photo, 8 sont tombés sous les balles de la violence urbaine…

Partager cet articleDiscussion

À découvrir également

En Afghanistan, plus d'un million de filles n'ont pas accès à l'éducation au début de l'année scolaire

A Sukachi, les enfants sont toujours traumatisés par le conflit

Venezuela : Nicolas Maduro mobilise son armée après l'arrivée d'un navire de guerre britannique