Les tabous du mariage gay

Les tabous du mariage gay
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Par Euronews
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Un mariage pas comme les autres. Il a lieu à Amsterdam, un couple d’hommes se marie à la mairie. Or ce n’est le mariage lui même qui est spécial, c’est sa date : le 1er avril 2011, dix ans exactement après l’entrée en vigueur du mariage gay aux Pays Bas. Un état de fait qui réjouit le maire d’Amsterdam.

Eberhard van der Laan : “Le mariage gay symbolise l‘égalité quelque soit l’inclinaison sexuelle des personnes. Jusqu‘à il y a dix ans, c‘était un énorme tabou. Pour un gay ou une lesbienne, se marier était impossible. Ce que le mariage homosexuel signifie, c’est la fin d’un énorme tabou.”

Après cinq ans de réflexion, le parlement néerlandais a approuvé en décembre 2000 ce droit revendiqué par les homosexuels depuis les années 80.

Le tabou tombé, d’autres pays suivront:

La Belgique en 2003, Le Massachussets aux USA, suivi de 8 autres Etats américains en 2004, l’Espagne et le Canada en 2005, l’Afrique du sud e, 2006, la Norvège et la suède en 2009, suivis de l’Islande, le Portugal et l’Argentine en 1010, le Mexique en 2011, le Brésil et le Danemark l’an dernier.

C’est sur le principe de la non-discrimination que le législateur s’est fondé, comme en Espagne où il y a eu 25 000 mariages homosexuels depuis 2005.

Mais ce fut, souvent, contre l’opposition farouche notamment, de l’Eglise catholique. Très puissante dans les pays à tradition catholique, l’Eglise de Rome a mobilisé ses troupes, comme ici à Madrid en 2008, lorsque des dizaines de milliers de manifestants ont encore montré leur opposition à la loi promue par les socialistes.

C’est à l’opposé de ce qu’a décidé de faire l‘Église luthérienne de Suède. Bien qu’elle soit séparée de l’Etat depuis 2000, elle a décidé de respecter la loi sur le mariage homosexuel entrée en vigueur en mai 2009, et de célébrer ces unions dans les églises.

Une première mondiale que l’archevêque Anders Wejryd explique ainsi:

“Il y a plusieurs raisons, nous sommes de tradition luthérienne, et la question a été débattue pendant près de 50 ans au sein de l‘église, et nous étions prêts, nous l’avons donc appliquée de bonne heure.”

Cela reste une exception, même dans les pays protestants. Pour se marier à l‘église, il faut toujours être un homme et une femme….

Le débat en France

Irène Thery est sociologue. A ce titre le gouvernement français l’a consulté pour préparer le projet de loi sur le mariage gay. Alors que les Francais sont favorables au mariage mariage pour tous à 60%, euronews l’interroge sur le débat passionné qui a lieu en France.

Laurence Alexandrowicz, euronews : La France est-elle homophobe ?

Irène Thery : Sincèrement je ne pense pas du tout que la France soit homophobe, d’ailleurs dans les sondages il y a des éléments très intéressants qui le prouvent. Par exemple, les communes rurales ont été quelques fois plus favorables au mariage pour tous que les grandes agglomérations. Il y a vraiment une grande différence générationelle dans ce débat. Les moins de 50 ans sont vraiment très favorables à la fois au mariage et à l’adoption. Les plus de 50 et 60 ans le sont beaucoup moins. L’autre élément, évidemment, qui nourrit le débat est la volonté de l’Eglise catholique d’en faire un sujet de polémique.

euronews : Vous parliez de l’adoption. Vous êtes spécialiste du droit et de la famille. Cela ne vous a pas échappé que les opposants au mariage, et surtout à l’adoption, mettent en avant l‘équilibre des enfants. Y a t-il eu des études sur les enfants dans les pays qui ont déjà adopté la loi, notamment aux Pays-Bas, le premier à le faire il y a 12 ans ?

Irène Thery : Je ne connais pas spécialement la question des Pays-Bas. D’après ce que j’ai pu lire, il y a de très nombreuses études sur l’homoparentalité qui concluent que les enfants élevés par deux hommes ou deux femmes ne sont ni plus ni moins équilibrés que les autres. Ils sont comme les autres en quelque sorte. “

euronews : Vous parliez de l’Eglise en France. L’Espagne et le Portugal sont des pays très catholiques, pourtant la loi sur le mariage gay et l’adoption pour ces couples gay est passée depuis plusieurs années. Y a t-il eu autant de réticences ?

Irène Thery : En Espagne, au départ, il y a eu énormément de réticences. Il y a eu la même attitude de la part des paroisses et de l’Eglise catholique qui avaient rassemblé à Madrid, selon les organisateurs, un million et demi de personnes contre le mariage gay de même sexe. Sept ans après l’Espagne, tout comme le Portugal, n’aurait pas l’idée de revenir en arrière. Le pays a changé de majorité politique, pourtant personne ne demande à revenir sur cette loi.”

euronews : Dans les pays qui ont adopté le mariage gay, la perception de l’homosexualité a-t-elle changé ? Y a t-il eu beaucoup de mariages et d’adoptions ?

Irène Thery : Il n’y a pas beaucoup de mariages, pas beaucoup d’adoptions. D’ailleurs d’une certaine façon cela rassure les gens. Ils s’apercoivent que le paysage familial n’est pas bouleversé. Pourquoi ? Parce que les homosexuels sont minoriotaires. Ils représentent environ 6% de la population. Parmi eux tous ne sont pas en couple, tous ne se marient pas, et donc cela ne fait pas un nombre très important de personnes. Cependant je pense que la perception de l’homosexualité change radicalement du fait que les gens voient des mariages du même sexe.

Qu’est-ce qui change ? C’est qu’on voit des couples de même sexe entourés de leurs parents, grands-parents, pas des couples isolés comme on les imagine. Il y a plusieurs générations qui entourent ces couples et manifestent leur amour et leur compréhension de l’engagement qu’ils sont en train de prendre. Cela a un effet très fort d’intégration sociale.

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