Franco Zeffirelli : "l'Italie est trop confuse"

Franco Zeffirelli : "l'Italie est trop confuse"
Par Euronews
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Il est l’une des dernières icônes du cinéma et du théâtre italiens. Franco Zeffirelli qui fête ces 90 ans ces jours-ci nous reçoit chez lui, au milieu de ses souvenirs.

Une vie de création où figurent notamment les films qu’il a réalisés dans les années 60 : “Roméo et Juliette” et “La Mégère apprivoisée” avec Elizabeth Taylor et Richard Burton et son amitié avec Maria Callas avec laquelle il a travaillé plusieurs fois. Franco Zeffirelli évoque pour nous, sa carrière et son pays à l’approche des élections générales.

Eri Garuti, euronews :
Maestro Zeffirelli, si vous deviez tourner un film sur l’Italie d’aujourd’hui, comment la présenteriez-vous pour l’expliquer au reste du monde ? Quel genre de film tourneriez-vous ?

Franco Zeffirelli, cinéaste et metteur en scène :
Les mots-clé pour décrire l’Italie sont toujours les mêmes : ce qui apparaît de manière flagrante dans les caractères à travers le pays et les siècles, c’est le je-m’en-foutisme, le sentiment de supériorité des uns par rapport aux autres, la recherche des défauts des autres et la dissimulation des nôtres. Malgré tout, l’Italie est un pays où la majeure partie de la culture mondiale est née. Nous les Italiens, nous négligeons trop souvent le fait que nous ayons fourni au monde nombre de découvertes non seulement artistiques, mais aussi dans les domaines de la science, de la médecine et de l’astronomie.

euronews :
Est-ce que vous aimez l’Italie d’aujourd’hui ?

Franco Zeffirelli :
Cette Italie d’aujourd’hui a tous les aspects d’une puissance mondiale et en partie, nous le sommes d’un point de vue économique. Mais il y a aussi une grande confusion d’opinions et une profusion ridicule de partis politiques. Dans les premières années de notre démocratie, il y avait deux fronts clairs. Et à cette époque, le monde était aussi divisé en deux : communiste, d’un côté et capitaliste, de l’autre.

euronews :
Vous avez expérimenté la politique avec Forza Italia, le parti fondé par Silvio Berlusconi. Vous avez été élu sénateur en 1994. Quels souvenirs gardez-vous de cette expérience ?

Franco Zeffirelli :
Je n’ai pas mené une vie de politicien. J’ai plutôt essayé de souligner par mon engagement, les qualités du peuple italien, les bases d’une certaine philosophie politique qui n’est absolument pas fasciste. De manière plus générale, les politiciens ne devraient pas s’occuper de culture parce qu’ils ne font que des sottises et inversement, les hommes de culture ne devraient pas faire de politique parce que ce n’est pas possible en Italie.

euronews :
Mais, si vous étiez ministre de la culture aujourd’hui, quelles mesures prendriez-vous ?

Franco Zeffirelli :
J’ouvrirais des écoles partout pour que les jeunes ne soient plus confiés à des maîtres qui puissent leur inculquer une vision erronée de notre société. Il faut avoir en tête que dans notre petite péninsule, est née une grande partie de ce qui l’homme a fait d’important. Nous négligeons trop souvent la grande responsabilité que nous avons et cela a toujours été ainsi.

euronews :
Etes-vous encore en relation avec Silvio Berlusconi ?

Franco Zeffirelli :
Oui, je le trouve sympathique. Il a bien sûr ses défauts, mais je les apprécie. Le problème avec les défauts, c’est qu’on peut les aimer ou pas. Chez certains, on les déteste, mais chez d’autres, on les aime. D’accord, Berlusconi fréquente des prostituées, mais c’est sa vie. En dehors de cela, c’est un homme qui s’est construit tout seul.

euronews :
Avez-vous le projet de créer un musée à Florence ?

Franco Zeffirelli :
Je travaille actuellement sur un projet de construction d’une fondation qui porterait mon nom. Ma vie a été longue et riche et je pense avoir encore quelques jours, semaines ou années devant moi, je ne sais pas. Ma volonté est de laisser tout ce que j’ai fait à ceux qui pourraient en profiter. Au sein de cette fondation, il y aura une exposition permanente sur tout ce que j’ai fait dans ma vie.

euronews :
Vous êtes apprécié dans le monde entier. Avec qui avez-vous eu les meilleures relations parmi les acteurs et les artistes que vous avez rencontrés ?

Franco Zeffirelli :
Le métier d’acteur est très important parce qu’il représente l’opportunité qu’a l‘être humain de briser la barrière de la réalité et d’ouvrir le monde de la fantaisie. Le théâtre est comme une porte qui permet de transmettre les rêves d’un personne à une autre. Lorsque le public assiste à un spectacle, il est envoûté parce qu’un grand acteur permettra au spectateur, de comprendre ce qu’il cache en lui-même.

euronews :
Quel est l’opéra qui représente le mieux l’Italie à travers le monde ?

Franco Zeffirelli :
Il y en a beaucoup. Mais personnellement, je me sens au service de la Bohème et en même temps, je suis son esclave. Quand je l‘écoute, j’arrête toute activité et je me laisse transporter dans le magnifique souvenir de l’oeuvre de cet extraordinaire fou qu‘était Puccini.

euronews :
Pour finir, pouvez-vous nous dire ce que vous espérez pour l’Italie ?

Franco Zeffirelli :
Nous pouvons tout faire, si seulement nous utilisions ce que le destin nous a donné. Avec nos qualités, nos énergies spirituelles et créatives, nous pourrions chacun, nous créer notre petit paradis.

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