MSF : les besoins humanitaires des réfugiés syriens sont loin d'être satisfaits

MSF : les besoins humanitaires des réfugiés syriens sont loin d'être satisfaits
Par Euronews
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Survivre malgré la guerre… C’est ce qui guide de nombreux syriens, migrant vers le Liban voisin où ils trouvent refuge.
Là ils vivent dans l’indigence la plus totale et leur situation sanitaire se dégrade, comme le révèle le rapport de Médecins Sans Frontières (MSF), présenté jeudi dernier.

Selon le Haut-commissariat des Nations-unies pour les réfugiés (HCR), près de 500 000 syriens ont trouvé refuge dans les pays voisins de la Syrie, soit en Irak, en Jordanie, en Turquie. Certains sont aussi partis vers l’Egypte.
Au Liban ils sont actuellement plus de 230 000 concentrés principalement dans la vallée de la Bekaa.
Leurs conditions de vie sont restent très précaires.
La plupart d’entre eux louent des garages, des pièces inoccupées ou des tentes de fortunes.

Sur le plan médical, la situation est critique. Plus de la moitié des réfugiés interrogés par MSF sont dans l’incapacité de payer un traitement pour les maladies chroniques. Les plus fréquentes sont le diabète et l’hypertension.

Cette situation a conduit l’agence humanitaire à doubler son personnel sur le terrain.En 2012, rien que dans la vallée de la Bekaa, près de 17 000 consultations ont été enresgistrées.
Certaines prises en charge, telles que les soins prénataux ou les accouchements restent très onéreuses.

Bruno Jochum, le Directeur général de Médecins sans frontières, nous éclaire sur l’action de MSF auprès des réfugiés syriens.

Raphaele Djebari, Euronews : “Dans le rapport publié jeudi dernier par MSF, il ressort que beaucoup de ces réfugiés manquent
de tout. Comment expliquez-vous cette détérioration de la situation humanitaire ?”

Bruno Jochum, Directeur général de MSF :
“Je viens justement de rentrer d’une visite de quelques jours auprès de nos équipes médicales dans la plaine de la Bekaa et à Tripoli. On constate un flux quotidien de familles avec femmes et enfants qui traversent la frontière et qui se retrouvent avec très peu d’assistance à leur arrivée. Ils sont obligés de se débrouiller avec les moyens du bord, alors même qu’ils fuient une zone de combat.”

Raphaele Djebari, Euronews : “Votre rapport montre que de nombreux réfugiés syriens ne sont même pas inscrits auprès du Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, pourquoi ?”

Bruno Jochum, Directeur général de MSF : “ Effectivement c’est le paradoxe. D’un côté ces refugiés sont assez vite identifiés au niveau des municipalités libanaises, par contre le processus d’enregistrement prend du temps, beaucoup trop de temps, jusqu‘à deux à trois mois et le problème est qu’il conditonne la plupart de l’assistance qui leur est offerte. Pour une famille avec des enfants dans des conditions hivernales, il n’est pas possible d’attendre aussi longtemps. L’assistance devrait pouvoir être délivrée immédiatement à l’arrivée ou en quelques jours.”

Raphaele Djebari, Euronews “ Les réfugiés syriens doivent payer une partie de leurs frais médicaux mais ils doivent aussi louer un appartement, car contrairement à la Jordanie ou à
la Turquie, le Liban n’a toujours pas mis en place des camps d’hébergement. Si Beyrouth garde cette même politique, comment arriver selon-vous à améliorer la situation ?”

Bruno Jochum, Directeur général de MSF :
“La priorité c’est la mise à disposition d’un minimum de logements collectifs et de camps. Quasiment 50% des refugiés au Liban sont obligés de louer avec leur propre deniers des chambres, des appartements et les 50% restants font avec leurs propres ressources, ils vivent dans des bâtiments en construction, dans des fermes, dans des garages, là où ils peuvent. Ce sont souvent des bâtiments sans fenêtres, sans chauffage et bien souvent avec dix, quinze personnes par pièces.”

Raphaele Djebari, Euronews : “Bruno Jochum, vous êtes un homme de terrain. Vous êtes intervenu notamment en Somalie, au Soudan ou encore en Afghanistan. Comment analysez-vous la crise humanitaire syrienne ?”

Bruno Jochum, Directeur général de MSF :
“Je crois que ce qui frappe en tout premier lieu, c’est le degré de violence de la part des belligérants et notamment le fait qu‘à plusieurs reprises, les personnels medicaux et les patients ont été pris pour cible.
Par ailleurs on a à faire à des classes moyennes, à des classes populaires qui vivaient paisiblement jusqu‘à récemment et pour qui le monde est en train de s‘éffondrer. Donc ce sont des gens comme vous et moi obligés de fuir leur zone d’habitation et qui ont besoin d’urgence d’une solidarité internationale appropriée à leurs propres besoins.”

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