Un pontificat marqué par les scandales

Un pontificat marqué par les scandales
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Par Euronews
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Le pontificat de Benoît XVI aura été marqué malgré lui par un sulfureux parfum de scandale. Dernier en date, la démission du cardinal écossais O’Brien accusé d’avoir abusé sexuellement de jeunes prêtres.
L’an dernier, c’est le Vatileaks qui avait fait trembler le Vatican. Des documents secrets ayant fuité, le majordome du pape avait été arrêté et condamné à une peine de prison.
Mais les scandales les plus dévastateurs furent ceux de pédophilie. Des révélations en cascade, de longues enquêtes et bien souvent le constat à la sortie que les prêtes auteurs d’abus sexuels avaient été protégés par une hiérarchie muette.
En Belgique, en Irlande, en Allemagne, en Italie ou encore aux Pays-Bas, des centaines de cas furent divulgués. Aux Etats-Unis, des milliers. Même si le doute subsiste encore sur ce qui l’aura réellement décidé à démissionner, pour ce pape dénonciateur d’une société “ liquide “ ayant perdu ses repères, difficile dès lors de continuer de porter haut les valeurs chrétiennes.

Rudolf Herbert, euronews : “Je suis en duplex avec le professeur Hans Küng à Tübingen, un théologien auteur de nombreux livres et un des plus célèbres critiques de l’Eglise romaine. Est-ce que la démission du pape est la conséquence des scandales d’abus sexuels au sein de l’Eglise catholique révélés ces dernières années dans plusieurs pays européens et aux Etats-Unis ?”

Hans Küng : “Il n’y a pas de doute que les scandales d’abus sexuels et le scandale du Vatileaks ont soumis le pontificat de Benoît XVI à une énorme pression.”

euronews : “Est-ce que l’Eglise catholique est en crise ?”

Hans Küng : “C’est plus qu‘évident. Nous avons de moins en moins de prêtres, de plus en plus de paroisses inoccupées. L’Eglise vit un exode des hommes et des femmes. La jeune génération n’est pas correctement socialisée dans l’Eglise. Nous avons beaucoup de problèmes, en particulier parce que nous sommes sortis des rails du concile Vatican II, de la voie de la réforme que le pape Jean XXIII avait montrée. Nous voulions avancer. Et nous souffrons de ce processus de restauration qui a commencé avec les papes polonais et allemand.”

euronews : “Quel bilan faites-vous du pontificat de Benoît XVI ? Où a-t-il conduit l’Eglise catholique ?”

Hans Küng : “Je pense qu’il a conduit l’Eglise dans une impasse. Bien sûr, avec les meilleures intentions, je n’en doute pas, je le connais bien. Mais il a fâché les protestants, il a fâché les musulmans et il a insulté les juifs avec la réintroduction de la prière du Vendredi Saint les visant. Il a aussi mal jugé les autochtones d’Amérique du sud. Il a vraiment beaucoup de faux pas derrière lui.”

euronews : “Professeur Küng, est-ce que le prochain pape sera aussi un Européen, ou viendra-t-il plutôt d’Afrique ou d’Amérique du sud ?”

Hans Küng : “A mon avis, son origine n’a pas d’importance. La question est de savoir s’il est compétent, s’il est capable de sortir l’Eglise de la crise profonde dans laquelle elle se trouve, s’il a la force, l’indépendance et le courage de le faire. Et ce sera très difficile parce que tous les évêques ont été placés par le pape polonais sur la même ligne de parti : ils doivent être contre l’ordination des femmes, contre la contraception, ils doivent être pour le célibat. Et la question est donc de savoir si les cardinaux pourront choisir quelqu’un à la majorité des deux tiers pour conduire l’Eglise hors de la crise.”

euronews : “Quelles réformes devrait mener le prochain pape ?”

Hans Küng : “La plus importante serait une réforme de la Curie. Nous avons encore une cour vaticane avec des coutumes médiévales, baroques et pré-modernes. Nous avons besoin d’un quartier général pour notre Eglise, d’une administration centrale qui soit efficace, dirigée par des hommes compétents et si possible dirigée aussi par des femmes.”

euronews : “Est-ce qu’il y aura des conflits entre le pape retraité et le pape en activité ? Est-ce qu’ils pourront être évités ?”

Hans Küng : “Je crains que Joseph Ratzinger ne soit un pape dans l’ombre. Il ne vivra pas dans un monastère mais dans un ancien couvent qui a été transformé en belle villa. Et l’on continuera à s’adresser à lui en disant Votre Sainteté. Il continuera à porter la soutane blanche. Donc, tout cela est très dangereux et va restreindre la liberté du prochain pape car Ratzinger vivra près du Vatican, il y résidera et y maintiendra ses contacts.”

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