L'Eglise en crise devra s'adapter aux réalités du monde

L'Eglise en crise devra s'adapter aux réalités du monde
Par Euronews
Partager cet articleDiscussion
Partager cet articleClose Button

Quelle direction fera prendre le nouveau pape à l’Eglise catholique ?
Une Eglise en crise à plusieurs titres, et qui a, selon les experts besoin d’un leader charismatique. A l’image de Jean-Paul II qui au cours de ses 27 ans de pontificat a marqué l’institution.

L’Eglise a aujourd’hui besoin d’un leader qui puisse gérer les crises et redonner de la vigueur à la foi. Le pontificat de Benoît XVI s’est inscrit dans la continuité de celui de Jean-Paul II, mais le monde a changé et continue de changer. Tôt ou tard il faudra aborder la question des réformes.

Pour l’heure l’un des grands défis sera de recréer la confiance après les scandales qui ont secoué l’Eglise depuis une dizaine d’années. Vatileaks et ses fameuses fuites mettant en lumière des aspects peu reluisants du Vatican, mais aussi et surtout les prêtres pédophiles et la réaction très tardive du Saint Siège qui ont considérablement affaibli l’image de l’institution religieuse

La désaffection de l’Eglise touche davantage l’Europe et les Etats-Unis mais reste une crise de confiance, aussi en partie due à une incapacité de l’Eglise à s’adapter aux nouvelles réalités du monde, aux questions de société qui font débat, mariage homosexuel, avortement, préservatif, célibat des prêtres ou ordination des femmes.

Sur ces deux derniers points par exemple, respectivement, 73 et 67% des catholiques y sont favorables. Mais la direction de l’Eglise fait la sourde oreille. Des questions qui entament aussi la crise de vocation que traverse l’Eglise. Il y a 50 ans, le Concile Vatican 2 jetait les bases d’une nouvelle ère pour l’Eglise catholique, symbolisant son ouverture au monde moderne. Mais Vatican 2 a aujourd’hui 50 ans et laissé en suspend de nombreux points qui font blocage.

Benoît XVI a récemment déclaré qu’il était trop tôt pour un Vatican 3. Mais le nouveau pape saura t-il débloquer et décrisper l’institution qu’il représentera ? Aura-t-il suffisamment de poigne et de charisme pour lui redonner du lustre et de la confiance ? Principal enjeu au fond ce sera sa personnalité.

Défis de l’Eglise catholique, rapport d’enquête Vatileaks, profil du successeur de Benoît XVI: l’analyse deGiacomo Galeazzi, vaticaniste au quotidien La Stampa et auteur du blog Vatican Insider.

euronews

L’Eglise veut-elle oui ou non un pape jeune ?

Giacomo Galeazzi

“L’exemple c’est celui de Karol Woytila élu pape à 58 ans, chef de l’Eglise pendant plus d’un quart de siècle.
Quand Benoît XVI a renoncé à son poste, il a dit que l’Eglise avait besoin d‘énergies fortes et de rigueur. Donc j’imagine que la jeunesse n’est plus une limite. Ce qui est important ce sera plutôt l’orientation, la capacité de gouverner et celle de communiquer.”

euronews

Quels sont les défis de l’Eglise catholique pour reconquérir des fidèles surtout dans ce qu’on appelle le premier monde ?

Giacomo Galeazzi

“C’est très important que Benoît XVI ait créé un ministère au Vatican pour la nouvelle évangelisation, cela signifie que l’Occident, qui a été pendant des siècles le lieu de départ des missionnaires vers le Tiers monde, est aujourd’hui devenu le lieu d’une nouvelle évangélisation.

Je crois que dans cette perspective, il faut lire le projet futur de dialogue non seulement avec les autres religions, mais aussi avec les agnostiques. Benoît XVI a très bien fait de dire qu’ils sont un nouveau terrain de confrontation pour l’Eglise. Et lui même a dit qu’il valait mieux avoir un agnostique qui se pose des questions qu’une foi feinte, une foi apparente. C’est là que le pape devant la nouvelle sécularisation, devant les nouvelles formes de relativisme peut jouer un rôle fondamental car soit l’Europe sera chrétienne, soit elle ne sera pas.”

euronews

Quel sera le poids du rapport d’enquête sur l’affaire Vatileaks ordonnés par Benoit XVI et qui devrait être transmis à son seul successeur ?

Giacomo Galeazzi

“Pendant les derniers actes de son pontificat, Joseph Rartzinger a rencontré les trois cardinaux qui s’occupe du dossier Vatileaks, Tomko, de Giorgi et Erranza. Il les a autorisé à dire aux autres cardinaux, pendant les congrégations, les résultats de leur investigation : c’est un acte d’ouverture.

Le texte sera donné au prochain pape, mais les nouveaux cardinaux peuvent s’informer directement auprès des personnes qui ont mené les enquêtes sur Vatileaks et sur les résultats de cette enquête.

Je pense que c’est une chose très importante. C’est pour cela que les gens de la Curie veulent commencer le conclave le plus rapidement possible. Plus le temps passe, plus les cardinaux hors curie peuvent comprendre et approfondir ce qui s’est vraiment passé dans l’affaire Vatileaks. Et dans le même temps, les possibilités qu’ un membre de la Curie puisse devenir Pape diminuent.

Il faut se souvenir que si certains cardinaux partent favoris au début du conclave, ils pourraient ne pas être élus, comme c’est arrivé en 1978 avec l’outsider Karol Woytila . Pour la première fois en 500 ans, on a eu un pape qui n‘était pas Italien.”

Partager cet articleDiscussion

À découvrir également

L'Église catholique veut donner plus de place aux femmes

Le pape François à Lisbonne pour les JMJ

Pédophilie dans l'Église catholique au Portugal : quand les victimes fissurent le mur du silence