30 ans de combat contre le sida

30 ans de combat contre le sida
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Par Euronews
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C‘était le 20 mai 1983, le VIH, le virus d’immunodéficience humaine était identifié par Luc Montagnier et des chercheurs français de l’Institut Pasteur, puis par des Américains autour de Robert Gallo.

30 ans après cette découverte, 34 millions de personnes vivent avec le virus du sida dans le monde.

Rencontre avec Luc Montagnier, co-lauréat du prix Nobel de médecine pour ses travaux sur le VIH.

Giovanni Magi, euronews :
“Est-ce que au bout de 30 ans, on a fait assez ? Ou, la recherche doit-elle continuer?”

Luc Montagnier, virologue :
“Le sida, ce n’est pas terminé, comme beaucoup de jeunes le croient, parce qu’il y a des médicaments. La recherche est fondamentale, car elle pourrait permettre à ces malades d’obtenir des traitements courts : c’est-à-dire, une fois que la personne a été traitée pendant 6 à 9 mois, elle redevient séro-negative et c’est terminé. Ce n’est pas le cas à l’heure actuelle. Donc, beaucoup de recherches doivent être faites dans ce domaine”.

“La deuxième question est de savoir pourquoi l’épidémie continue à se propager très fortement – notamment en Afrique du Sud – dans beaucoup de régions d’Afrique : notamment, pourquoi elle atteint les femmes, ce qui n’est pas le cas dans “le nord” du monde. Et donc, là aussi, il y a des facteurs biologiques qui, à mon avis, existent chez ces personnes et que l’on peut traiter. Il ne s’agit pas de traiter le virus, mais de traiter les facteurs qui augmentent la transmission du virus. Et ça, c’est tout-à-fait possible, même sans vaccin”.

Près de 70% des personnes séropositives vivent, en effet, en Afrique subsaharienne. Le Botswana est, derrière l’Afrique du Sud, le deuxième pays au monde le plus touché avec 25% de la population adulte infectée. En 2002, il devient aussi le premier pays africain à lancer un programme d’accès aux médicaments.

Et pour tenter d’endiguer la propagation du virus, le Botswana fait appel à des volontaires séropositifs chargés de sensibiliser la population, comme David Ngele. Lui a découvert sa contamination en 1993, un choc à l‘époque.

“Au début, j’ai pensé me pendre. Et puis, je me suis dit que la vie était un cadeau de Dieu et que je ne pouvais pas y mettre un terme moi-même. Alors je me suis dit : à partir de maintenant que puis-je faire ?”, raconte David Ngele, devenu travailleur social.

Un discours dont l‘écho résonne jusqu’aux Etats-Unis.

Dans un pays où plus de 80% de la population se dit croyante, les églises ont un rôle à jouer dans la bataille de la prévention.

Ici, dans cette église baptiste de Washington, on encourage les fidèles à se faire dépister.
Trente congrégations ont adhéré à ce programme.

“La foi est très importante dans la vie de ces gens. Ils vont à l‘église, à la synagogue ou à la mosquée, pour chercher du réconfort. Donc les lieux de cultes sont d’immenses plateformes d‘éducation et de sensibilisation au sein d’une communauté, et c’est pour cela que cette initiative est très important pour nous”, explique Saul M. Levin, du département de la santé de Washington DC.

Sur le million de personnes infectées par le virus du sida aux Etats-Unis, une sur cinq ne saurait pas qu’elle est séropositive.

La propagation est inquiétante : une nouvelle infection se produirait toutes les dix minutes, soit environ 50 000 personnes par an.

“Les Etats-Unis sont encore loin d’avoir jugulé le sida. C’est aussi un enjeu social, dans la mesure où la plupart des victimes sont des hommes gay et des femmes noires. Point positif : au moins, tous les partis soutiennent le financement de la lutte contre le sida”, indique Stefan Grobe, le correspondant d’euronews aux Etats-Unis.

Warren Buckingham a orchestré la lutte du gouvernement américain contre le sida à l‘échelle mondiale. Retraité depuis quelques mois, il reste conseiller spécial auprès du département d’Etat.

Diagnostiqué séropositif il y a 25 ans, il a beaucoup témoigné sur sa vie avec la maladie, aidant ainsi à lutter contre la stigmatisation et la honte.

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Stefan Grobe l’a rencontré chez lui, à Silver Spring dans le Maryland. Il revient sur les mutations sociales engendrées par l‘épidémie.

Retrouvez l’intégralité du témoignage de Warren Buckingham :

“En dépit de toutes les pertes humaines, en dépit de la politisation de bien des aspects de l‘épidémie, on constate que le virus a aussi engendré des transformations surprenantes. Il a transformé les individus impliqués dans la lutte contre le sida, il a transformé les familles et leur rapport à leurs enfants homosexuels. Il a transformé la façon dont le gouvernement américain gère l’aide internationale.”

“Que ce soit ici, aux Etats-Unis, et partout ailleurs dans le monde, nous n’avons pas encore trouvé comment inciter les gens à changer durablement leurs comportements personnels.”

“Je pense que la stigmatisation impulsive du sida, les premières années, quand il était considéré comme propre aux homosexuels et aux toxicomanes, a largement disparu. Mais si la stigmatisation a disparu, c’est aussi le cas de la vigilance. Il y a une attitude du genre : “Et après ? Si je suis contaminé, je peux prendre des cachets !’ Et c’est là qu’est le risque.”

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“Aucune population n‘échappe au risque. Nous ne pouvons pas baisser la garde. Il nous faut nous concentrer sur la propagation de messages qui parlent à tous, où qu’ils vivent, des messages concernant leurs interactions avec les autres.”

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