La Russie : d'un Etat autoritaire vers un Etat totalitaire ?

La Russie : d'un Etat autoritaire vers un Etat totalitaire ?
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Par Euronews
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Le président russe Vladimir Poutine a rabroué des journalistes le questionnant sur les attaques faites à la société civile russe, notamment via une nouvelle loi forçant les ONG en Russie à se déclarer comme “agents de l‘étranger”.
C‘était à l’occasion de la conférence de presse suivant la fin d’un sommet entre l’Union européenne et la Russie.

Vladimir Poutine : “Regardez la loi russe, il ne s’agit nulle part de fermer ces organisations, et encore moins de leur appliquer des sanctions. Il s’agit de divulguer des informations financières, si l’ONG est impliquée dans une activité politique elle doit se signaler comme agent de l‘étranger.”

En Russie, « agent de l‘étranger » est synonyme d’espion, et le terme d’ « activité politique » est suffisamment élastique pour donner au Kremlin une très grande marge de manœuvre.
Depuis le mois de mars des centaines de descentes ont été organisées dans les bureaux d’ONG.

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Dans notre bureau d’Euronews à Bruxelles nous accueillons Lyudmila Alexeyeva, une militante des droits de l’homme, à la tête du Groupe Moscou Helsinki. Quelles effets souhaiteriez-vous que le sommet Union européenne-Russie ait dans le domaine des droits de l’homme et des libertés en Russie ?

Lyudmila Alexeyeva :
J’aimerais croire que lors de cette réunion, les homologues européens de nos dirigeants aient été catégoriques sur ces questions. Les simples citoyens russes sont préoccupés par la situation des droits de l’homme et la tournure des relations entre les autorités et la société civile.
L’Union européenne a du remarquer que nos dirigeants ont récemment lancé l’assaut sur la société civile avec l’intention, je crois, de la supprimer totalement.

Euronews :
Mais les citoyens ordinaires sont peut-être plus préoccupés par la satisfaction de leur propres besoins matériels… Les relations russo-européennes ne devraient-elles pas être plus focalisées sur la coopération économique laissant les questions humanitaires sur un second plan ?

Lyudmila Alexeyeva :
Vous avez raison sur le fait que le peuple est en priorité intéressé par les problèmes de la vie quotidienne. Mais les militants des droits de l’homme, les politiciens et tous les intellectuels savent que tant que la société est privée de ses libertés civiles et de la possibilité d’influencer le cours des décisions politiques, le peuple ne trouvera pas de solution à ses problèmes de vie quotidienne.

Euronews :
Quelle est l’importance pour vos interlocuteurs européens des cas juridiques de Khodorovsky, Magnitsky, Navalny… ?

Lyudmila Alexeyeva :
Je pense qu’ils sont très importants, non seulement pour les citoyens de notre pays mais aussi pour n’importe quel citoyen européen et citoyen du monde. Car la qualité de vie de ces citoyens dépendra de la direction que choisit de prendre un grand pays comme la Russie. Ce n’est pas un pays démocratique mais il peut aller vers plus de démocratie. Le risque qu’indiquent les évènements récents est qu’au contraire il se dirige d’un Etat autoritaire, tel qu’il est actuellement, vers un Etat totalitaire. Si la Russie devient un Etat totalitaire, le monde entier en souffrirait. Tâchons de nous rappeler ce que le monde entier ressentait quand notre pays était l’URSS.

Euronews :
Lyudmila Alexeyeva, merci d’avoir accordé cette interview à Euronews.

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