L'Iran et la crise nucléaire : quelles issues?

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Par Euronews
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L’Iran a toujours assuré que ses activités nucléaires sont pacifiques, sans convaincre l’Occident qui réclame l’inspection de tous ses sites nucléaires. La communauté internationale somme l’Iran de cesser l’enrichissement d’uranium et appelle Téhéran à la transparence quant à ses activités nucléaires.

L’Iran et l’Occident peuvent-ils s’entendre sur la question nucléaire? Va t-on trouver un compromis, ou le bras de fer va t-il au contraire se durcir?

Les puissances mondiales ne veulent ni un Iran nucléaire, ni un conflit avec lui. Bruxelles appelle au«dialogue», Israël joue la montre, et les Etats-Unis cherchent toujours une «solution diplomatique”

“Toutes les options sont sur la table pour atteindre nos objectifs. l’Amérique fera ce qu’elle a à faire, pour empêcher un Iran nucléaire “ a affirmé Barack Obama.

La communauté internationale a renforcé les sanctions sur l’Iran comme jamais. L’embargo sur le pétrole, 80 % des ressources en devises du pays, aurait amputé en 2012 de plus de 40 milliards de dollars ses revenus d’exportation, et les transactions financières de l’Iran sur les marchés mondiaux sont bloquées.

L’Iran menace de fermer le détroit d’Ormuz, passage hautement stratégique par lequel transite 90% du pétrole du golfe persique et 20 pour cent de l’approvisionnement en pétrole mondial chaque jour.

La fermeture du détroit impliquerait d’autres options de la part de Téhéran, déploiement de missiles, navires d’attaque rapides et petits sous-marins, minage des eaux, interception des pétroliers.

Ormuz n’a jamais été fermé. Le faire, s’en prendre aux pétroliers, bloquer les ports placerait l’Iran face aux représailles immédiates de l’Occident, à commencer par des frappes militaires.

Mais les États-Unis, récemment sortis d’Irak et qui quitteront l’Afghanistan l’an prochain, sont plus que réticents à se lancer dans d’autres guerres coûteuses. En une décennie, sa guerre contre le terrorisme aurait coûté 4 milliards de dollars à l’Amérique.

Si une guerre avaient lieu, elle pourrait venir d’Israël. Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a parlé de «ligne rouge» devant les Nations-Unies en septembre dernier, et menacé clairement l’Iran de frapper ses sites nucléaires.

Le guide suprême iranien l’ayatollah Ali Khamenei a mis en garde l‘état hébreu : “s’ils font la moindre erreur, la République islamique rasera Tel Aviv et Haïfa de la carte” a t-il affirmé.

Surrenchère verbale, on le voit, mais de quelles cartes l’iran disposerait dans une confrontation militaire? Pour l’heure, ce qui pèse, ce sont les jeux d’influence.

Et les Etats-Unis et leurs alliés pèsent lourd dans les grandes organisations internationales telles que le Conseil de sécurité de l’ONU, l’AIEA, la Banque mondiale…

L’Iran a ses atouts : soutenu par la Chine et de Russie, il a aussi l’appui de certains anciens moudjahidines afghans, et de groupes chiites régionaux, dont la milice Mehdi de Moqtada al-Sadr en Irak. Et son influence régionale s’est affirmée, depuis l‘élimination de ses ennemis, Saddam Hussein en Irak et les talibans en Afghanistan … par les Américains.

Et le printemps arabe, exception faite du cas syrien, ne dessert pas Téhéran. C’est au plus fort du printemps arabe que les navires de guerre iraniens, pour la première fois après la révolution islamique, ont traversé le canal de Suez vers la Méditerranée, une manœuvre symbolique impossible sous Hosni Moubarak.

Autre atout de l’Iran chiite, il constitue un rempart naturel contre l’expansion vers l’ouest des extrémistes wahhabites du Pakistan et de l’Afghanistan. Attaquer cette place forte géostratégique qu’est l’Iran au Moyen-Orient, pourrait ouvrir en grand la porte aux ennemis jurés de l’Iran et de l’Occident, Al-Qaïda et les talibans.

Israel pourrait-il alors viser les sites nucléaires de l’Iran?

Il dispose de missiles Jericho-3 et de bunker-busters, et il a déjà démontré sa détermination lors d’attaques précédentes menées sur les sites nucléaires d’Osirak en Irak et Deir-ez-Zor en Syrie, en 1981 et 2007.
Mais l’Iran est un défi beaucoup plus important, avec beaucoup plus de cibles à couvrir. Et il possède des missiles Shahab, capables de toucher Tel-Aviv. De surcroit, si l’Iran est visé par l’Etat hébreu, la Syrie pourrait entrer en action contre lui. Enfin, toute attaque contre l’Iran ne ferait qu’enflammer le Hamas, le Djihad islamique et du Hezbollah contre Israël, et pourrir un peu plus l‘évolution déjà calamiteuse du processus de paix au proche orient.

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Des cyber attaques sur des sites d’enrichissement et l’assassinat de quatre scientifiques nucléaires iraniens attribué aux services secrets israéliens par Téhéran n’ont fait qu’ajouter aux tensions, sans ébranler la détermination de Téhéran. Au contraire: une montée en puissance du conflit pourrait même souder le peuple iranien derrière le régime, au détriment de l’opposition réformiste.

Sous la pression des Etats-Unis, l’UE qui achète 20 pourcent de son pétrole à l’Iran a interrompu ses importations et les gros acheteurs que sont la Chine, l’Inde et la Corée du Sud ont réduit leurs importations de jusqu‘à 45%, une perte pour l’Iran chiffrée 5 milliards de dollars par mois. De surcroit, les milliards de dollars iraniens sont consignés dans les banques étrangères, et l’Iran semble de plus en plus étranglé pour faire face la spirale des sanctions.

Malgré la supériorité des Etats-Unis et ses alliés, l’option militaire semble bien trop coûteuse de part et d’autre. Plus probablement, le nouveau président iranien devrait opter pour la seule alternative possible: le compromis! La question sera de savoir : qui prendra la décision? Le gouvernement, le chef suprême ou les iraniens?

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