Prise de fonction des députés croates au Parlement européen

Prise de fonction des députés croates au Parlement européen
Tous droits réservés 
Par Euronews
Partager cet articleDiscussion
Partager cet articleClose Button
PUBLICITÉ

Vingt-deux ans après son indépendance, la Croatie rejoint l’Union européenne. Le Parlement européen accueille donc pour sa session plénière à Strasbourg douze nouveaux eurodéputés croates.

Le Président du Parlement européen a salué une journée “historique”. “Les Croates, a expliqué Martin Schulz, ont initié un long chemin, il y a des années, au moment où ils ont gagné leur liberté contre l’oppression, au moment où ils ont gagné leur souveraineté nationale, et au moment où leur choix de rejoindre l’Europe est apparu comme une conséquence logique du retour de la liberté”.

La Croatie est en fait le 2ème pays de l’ancienne-Yougoslavie à avoir rejoint l’Union européenne après la Slovénie en 2004. Pour Zagreb, c’est une façon de tourner une page douleureuse de son histoire et de rompre avec cette ancienne-Yougoslavie déchirée par les guerres.
Si cet événement a été célébré en grande pompe dans la capitale, l’enthousiasme des Croates pour l’Europe a faibli. Selon les sondages, ils ne seraient qu’un peu plus de 50 % aujourd’hui à souhaiter rejoindre l’UE.

Euronews :
“Rendons-nous maintenant à Paris où nous attend le Directeur de recherches du Centre d’études et des Recherches internationales, Jacques Rupnik. Professeur Rupnik, merci d‘être avec nous.
Dans son dernier rapport, la Commission européenne demande à la Croatie de lutter contre la corruption, le traffic d‘être humain et le crime organisé. La Croatie va-t-elle vraiment s’attaquer à ces problèmes qui affectent aussi la sécurité en Europe ?”

Jacques Rupnik :
“Et bien la Croatie va vraiment être un cas à suivre. Il y a eu des doutes après l’adhésion de la Roumanie et de la Bulgarie parce qu’il y a eu des problèmes en matière d’Etat de droit et de lutte contre la corruption. Ce qui a très certainement refroidi une partie des Européens à s’engager dans une nouvelle vague d‘élargissement. Mais souvenez-vous que l’ancien chef de gouvernement Ivo Sanader, qui était le président de l’Union démocratique croate, le parti nationaliste, a été arrêté en Autriche pour corruption et croupit maintenant en prison. Donc si la lutte anti-corruption s’attaque également à un Premier ministre, c’est une preuve de sérieux, c’est un message que vous envoyez à l’ensemble de la classe politique qui pourrait être résumé ainsi : “Il ne faut plus mêler les affaires et la politique ou en tout cas, il va falloir respecter certaines règles qui n’existaient pas auparavant.”

Euronews :
“Les sondages montrent qu‘à peine 39% des citoyens se réjouissent de l’adhésion de leur pays à l’UE après huit années d‘âpres négociations. Les Croates ont-ils perdu tout enthousiasme ?”

Jacques Rupnik :
“Actuellement l’Union européenne n’attire pas vraiment. Les Croates ont parfois le sentiment de rejoindre un bateau qui est entrain de couler. C’est peut-être exagéré et heureusement le bateau n’est pas entrain de couler, mais cela donne quand même une idée du sentiment général, il est vraiment difficile d‘être enthousiaste en ce moment.”

Euronews :
“La Croatie va-t-elle tirer profit de son adhésion à l’Europe alors que le pays est frappé de plein fouet par la crise économique qui touche l’ensemble de l’Europe depuis cinq ans ?”

Jacques Rupnik :
“La crise aurait affecté la Croatie avec ou sans son adhésion à l’Union. Donc même si la Croatie n’avait pas rejoint l’UE, elle aurait été touchée par la crise qui sévit à l’intérieur de l’Europe et plus particulièrement au sein la zone Euro. Donc au final, il vaut mieux faire partie du club pour bénéficier des fonds d’adhésion, des fonds structurels, de la politique agricole commune. La Croatie aura accès à tout ces financements européens comme y ont eu droit la Pologne, la Hongrie, la République Tchèque, la Slovaquie et beaucoup d’autres ces dix dernières années.”

Euronews :
“La Croatie ne compte que quatre millions d’habitants, son adhésion ne va donc pas affecter l’Union européenne comme cela a été le cas en 2004, avec l’arrivée de dix nouveaux pays. Mais à quoi bon accueillir de nouveaux Etats membres sans ligne politique claire ?”

Jacques Rupnik :
“Si vous cherchez à savoir quel est le plus grand succès de l’Union européenne ces vingt dernières années, vous ne citerez probablement pas l’Euro. Enfin, cela reste à voir. Continuons nos efforts et nous verrons bien si l’Euro était un succès européen. Il n’est pas non plus possible de citer le projet de constitution européenne, qui était l’un des grand rêves de ces dix dernières années, parce que les référendums français et hollandais ont mis fin à ce rêve. Le plus grand succès de l’UE, selon moi, ca a été l‘élargissement vers l’Est, la stabilité de la démocratie, la transformation de ces économies, c’est l’une des principales réussites de l’Europe mais elle n’est pas mise en avant parce qu’elle n’est pas bien vue par l’opinion publique.”

Euronews :
“Compte tenu de la situation actuelle d’instabilité financière, comment peut-on ouvrir nos frontières à des pays en difficulté économique avec l’incertitude que cela comporte ?”

Jacques Rupnik :
“C’est vrai qu’il y a toujours un scrutin dans l’air, le prochain sera en Allemagne et il ne fait pas bon de parler d‘élargissement, il vaut mieux se concentrer sur les élections. Mais il y a eu une guerre dans les Balkans en 1990. Et cela a couté à l’Ouest 100 millliards d’Euros entre les interventions militaires, la reconstruction d’après-guerre, etc. Est-ce que ce n’est pas un meilleur investissement d’intégrer ces pays au sein de l’Europe ? Finalement cela revient à investir pour notre propre paix et notre propre stabilité. Cela c’est un message très positif.”

Partager cet articleDiscussion

À découvrir également

UE : le système de récompense de TikTok Lite menacé d'être suspendu

Elections européennes, la campagne électorale s'ouvre officiellement en Italie

Géorgie : 20 000 personnes contre la "loi russe"