Accord de libre-échange : l'UE et les Etats-Unis lancent les pourparlers

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Par Euronews
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C‘était ce lundi le coup d’envoi des négociations sur un accord de libre-échange entre l’Union européenne et les Etats-Unis. Malgré les sourires de circonstance, l’affaire de l’espionnage américain a plombé l’ambiance entre les deux puissances. Mais en matière commerciale, l’une comme l’autre sont persuadées de tirer le meilleur de ce partenariat censé se concrétiser d’ici deux ans environ. A en croire la Commission européenne, un accord boosterait la croissance européenne de 0,5% par an. Il ne s’agit pas tant d‘éliminer des barrières douanières déjà basses mais d’harmoniser des normes souvent très éloignées.

euronews a interviewé à ce propos le professeur Stuart Diamond.

James Franey, euronews : “ Les relations entre Washington et l’Union européenne traversent une mauvaise passe depuis les récentes révélations sur l’espionnage américain. Ce n’est donc peut-être pas le meilleur moment pour lancer des négociations sur un accord de libre-échange à très forte valeur financière. Pour en parler, je suis en duplex avec le professeur Stuart Diamond à Philadelphie. Il enseigne l’art de la négociation à la Warton Business School et est l’auteur du livre “Getting more”. Professeur, il y a eu tellement d’animosité entre les Etats-Unis et l’Union européenne sur les révélations d’Edward Snowden. N’aurait-on pas dû suivre les conseils de certains membres du Parlement européen et retarder ces pourparlers ? “

Stuart Diamond : “ Cela n’aurait aucun sens. La polémique Snowden n’a rien à voir avec les négociations commerciales. Ce serait dévier de l’objectif que de laisser l’affaire Snowden interférer avec les négociations commerciales. Le but de ces négociations est de générer des centaines de milliards de dollars de nouveaux revenus pour les Etats-Unis et pour l’Union européenne, donc ce serait contre-productif de reporter les pourparlers juste pour une affaire d’un autre ordre, qui n’a rien à voir avec ces négociations commerciales. “

euronews : “ Mais n’y a-t-il pas une perte de confiance ? “

Stuart Diamond : “ Les Etats-Unis et la Chine ont commercé. Les Etats-Unis et l’Union soviétique ont commercé. L’OPEP a commercé avec les importateurs de pétrole. La confiance est importante mais pas nécessaire. Elle peut se bâtir chemin faisant. “

euronews : “ Donc une fois les négociateurs autour de la table, quelle doit être pour vous la première étape ? “

Stuart Diamond : “ Comment allez-vous ? Quels sont vos objectifs ? Allons-nous faire de l’argent pour nos pays ? Comment ? Quelles sont vos inquiétudes ? Quels sont vos besoins ? Trouvons des réponses une à une. Etre courtois et simple. Une négociation efficace devrait ressembler à une conversation, pas un jeu de force, pas une manifestation émotionnelle. Si les gens l’abordent calmement et de façon dépassionnée, alors ils pourront atteindre leurs objectifs plus rapidement. “

euronews : “ On a vu la France tenir une position très ferme ces dernières semaines. Paris a insisté pour que l’audiovisuel soit exclu avant même le début des négociations. Qu’en pensez-vous ? Est-ce que la fermeté peut fonctionner pour défendre nos intérêts ? “

Stuart Diamond : “ La première chose à dire, c’est que si la France veut exclure certains domaines culturels, alors on ne devrait pas appeler cela des négociations de libre-échange mais seulement des négociations commerciales. Quand vous commencez à exclure des choses, ce n’est plus du libre-échange. Et deuxièmement, cela va encourager les Etats-Unis à demander des exclusions à leur tour et cela ne nous mènera nulle part. “

euronews : “ Tout cela est très bien mais que dites-vous des différences culturelles de part et d’autre de l’Atlantique ? Nous avons 28 pays maintenant dans l’Union, alors quelque soit l’accord entre Washington et les négociateurs européens, il devra être débattu ici à Bruxelles. “

Stuart Diamond: “ Il y a plusieurs choses. Tout d’abord, des études récentes montrent que le succès de négociations dépend nettement moins des cultures des personnes que de la façon dont elles échangent en tant qu’individus. Donc même s’il y a de grandes différences culturelles, vous ne négociez pas avec des millions de personnes dans la même pièce et un modèle culturel, vous négociez avec des individus avec qui vous êtes en contact direct. Deuxièmement, les études récentes montrent que plus il y a de différences culturelles – si celles-ci sont valorisées – plus vous créez de la valeur, parce que les différences encouragent la créativité. Donc, les parties doivent se dire : il est normal que nous soyons en désaccord. Essayons de trouver une façon constructive de créer plus de valeur. Les négociations dépendent grandement de l’attitude que vous avez envers l’autre partie. Si vous venez dans un esprit de collaboration, alors vous progressez. C’est beaucoup plus efficace que de demander frontalement des choses qui froissent vos interlocuteurs. “

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