Gaz de schiste, sujet incontournable du débat sur la transition énergétique

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Par Euronews
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Alors que les Etats-Unis ont entamé leur révolution énergétique en exploitant à grande échelle leurs réserves de gaz de schiste, l’Europe reste divisée sur la question. Estimés premiers exportateurs d’ici 2030, Les Etats-Unis et leur succès économique suscitent un vif intérêt outre- Atlantique. Mais soucieuse de l’impact écologique que cela pourrait avoir, l’Europe oscille.

D’un côté, l’exploitation du gaz de schiste pourrait contribuer à réduire sa dépendance énergétique et créer de nouveaux emplois. De l’autre, la technique employée aujourd’hui consomme des quantités astronomiques d’eau et les risques de contamination chimique, liés aux produits utilisés, sont très présents.

Certains pays membres se lancent déjà dans des projets d’exploitation quand d’autres l’interdisent. Pour l’instant, aucune législation n’encadre l’exploitation du gaz de schiste dans l’Union européenne, mais cela ne tardera pas à venir.

La situation en Europe

Quand les pays peinent à stabiliser une économie à bout de souffle, que les prix de l’énergie montent constamment, la question du gaz de schiste ne peut être qu’étudiée. Cependant voilà, son exploitation n’est pas sans conséquences environnementales. Destruction du paysage, pollution des nappes phréatiques, contamination de l’eau potable : le côté sombre de cette révolution énergétique n’est pas des moindres.

Or, une enquête Eurobaromètre spéciale a révélé en 2011 que les citoyens européens sont de plus en plus soucieux des questions environnementales et climatiques. Plus de deux sur trois estiment « que le changement climatique constitue un problème très grave et près de 80 % pensent que les mesures pour lutter contre celui-ci peuvent dynamiser l’économie et l’emploi ». Ils espèrent d’autre part que l’Union européenne devienne une « société à faible intensité de carbone respectueuse du climat ».

Aujourd’hui chaque pays a le droit de décider d’exploiter ou non le gaz de schiste. Cependant le Parlement européen estime que les Etats de l’Union ont besoin d’ « un régime de réglementation solide » afin de « créer les conditions pour que cela soit fait d’une manière sûre et sécurisée », explique le commissaire à l’environnement, Janez Potocnik.

L’Angleterre ouvre ses portes aux industriels gaziers

« Si nous ne soutenons pas cette technologie, nous allons manquer une occasion énorme d’aider les familles à payer leurs factures et rendre notre pays plus compétitif. Sans cela, nous risquons de perdre du terrain dans une course mondiale difficile. »

Malgré la contestation des défenseurs de l’environnement, le Premier ministre britannique David Cameron montre son soutien à l’exploitation du gaz de schiste par fracturation hydraulique dans une tribune publiée par le Telegraph ce 12 août.

Le Premier ministre y expose les avantages économiques qu’il trouve au gaz de schiste. Tout d’abord « la facturation hydraulique a un réel potentiel pour tirer les factures d’énergie vers le bas », surtout pour ceux qui vivraient à proximité des lieux de forage. En effet « les entreprises ont accepté de payer £ 100 000 pour chaque collectivité située à proximité d’un puits d’exploration ». Par ailleurs, il rassure les personnes inquiètes des risques de contamination : « l’expérience internationale montre qu’il n’y a aucune raison pour laquelle le processus devrait entraîner la contamination des sources d’eau ». Enfin, il minimise l’impact sur le paysage en expliquant que « les énormes avantages qu’offre le gaz de schiste sont bien plus importants que les changements très mineurs dans le paysage».

La production d’hydrocarbures dans les champs de la mer du Nord est en chute libre. Depuis 2011, les importations de gaz dépassent la production nationale. Le Royaume-Uni voit donc dans l’exploitation du gaz de schiste une alternative à ce déficit énergétique.

La France dit non au gaz de schiste, mais le débat persiste

Tournant le dos à ses réserves, la France interdit via la loi Jacob du 13 juillet 2011 l’exploration et l’exploitation du gaz de schiste par fracturation hydraulique et abroge les permis de recherches comportant des projets ayant recours à cette technique.

Cependant, le débat n’est pas clos.

Bien que l’idée d’utiliser la fracturation hydraulique soit écartée, la recherche d’une autre technique d’extraction du gaz de schiste reste un enjeu décisif. La question qui se pose en France est alors de savoir s’il existe une forme d’exploitation plus écologique que celle utilisée actuellement.

Pour les députés écologistes, le bilan carbone de l’exploitation de gaz non conventionnels ne correspond pas aux modalités du Paquet Energie Climat. Une étude scientifique de l’Université de Cornell aux Etats-Unis a montré que l’extraction d’hydrocarbures non conventionnels peut être aussi néfaste que l’extraction et la combustion du charbon.

Par ailleurs, les Verts considèrent que la France doit s’engager pleinement dans la transition énergétique et doit donc refuser de se lancer à la recherche de nouvelles technologies d’exploitation d’hydrocarbures non conventionnels.

Étant donné que le gaz de schiste est une énergie fossile, certains restent mitigés quant à son importance dans la transition énergétique.

Selon Jean-Paul Chanteguet, président de la commission du développement durable et de l’aménagement du territoire, l’exploitation du gaz de schiste serait une relance à « courte vue » et un « abandon » de la stratégie de long terme. Il opterait plutôt, selon ses termes, pour un « verdissement » bouquet énergétique de la Francl8e.

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Pour d’autres, l’exploitation du gaz de schiste offre un avantage économique et permettrait de diminuer la dépendance de la France vis-à-vis du pétrole.

« Au-delà des querelles idéologiques, c’est l’indépendance énergétique qui est en cause » affirme Olivier Falorni, membre de la commission.

Le Président François Hollande à réitéré son opposition à l’exploitation du gaz de schiste lors d’une interview télévisée ce 14 juillet : « Tant que je serai Président, il n’y aura pas d’exploitation de gaz de schiste »

La décision d’exploiter ou non le gaz de schiste relève en grande partie d’une lutte entre les industriels et les écologistes, ceux qui souhaitent redynamiser l’économie actuelle et ceux qui préfèrent valoriser les énergies renouvelables.
Bien que vu par certains comme le graal, le gaz de schiste reste une solution temporaire à la fin du pétrole et à l’appétit mondiale toujours croissant en énergie. Il peut fournir des emplois et de l’espoir, mais son exploitation ne retarde que l’échéance où il faudra pour de bon se tourner vers les énergies renouvelables, faute de réserves.

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