Syrie : comment en quinze jours le ton a changé

Syrie : comment en quinze jours le ton a changé
Par Euronews
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Barack Obama, président des Etats-Unis :
“Ces deux dernières années, ce qui a commencé comme des manifestations pacifiques contre le régime répressif de Bachar al-Assad s’est transformée en une guerre civile brutale. La situation a profondément changé, notamment quand le 21 août, le gouvernement d’Assad a gazé plus d’un millier de personnes, parmi lesquels des centaines d’enfants.”

Après deux ans d’inaction sur le dossier Syrien, le 21 août a tout changé. La ligne rouge dressée par l’occident a été franchie, alors Washington, Paris et Londres ont haussé le ton.

John Kerry, Secrétaire d’Etat américain :
“C’est important, parce que si nous choisissons de vivre dans un monde ou une brute et un meurtrier comme Bachar al-Assad peut gazer son peuple en toute impunité, même après que les Etats-Unis et ses alliés ont dit non, alors si le monde ne fait rien, ils ne cesseront jamais d‘éprouver notre détermination”.

François Hollande, président de la France :
“Le massacre chimique de Damas ne peut rester sans réponse, et la France est prête à punir ceux qui ont pris la décision infâme de gazer des innocents.”

David Cameron, Premier ministre britannique :
“Il s’agit de l’utilisation d’armes chimiques, et d‘être certains que nous en tant que monde, nous en découragions leur utilisation afin de ne plus revoir toutes ces scènes horribles sur nos écrans de télévision”.

Barack Obama, président des Etats-Unis :
“Après mûre réflexion, j’ai décidé que les Etats Unis devaient intervenir militairement. Le chef d’Etat major des armées m’a informé que nous pouvons intervenir quand nous le voulons, et je suis prêt à donner cet ordre.”

Mais c’est là que les obstacles se dressent : l’opinion publique est contre une nouvelle guerre dans la région, la Russie et la Chine bloquent le Conseil de sécurité des Nations Unies, et les Parlements des trois pays expriment des réserves, voire disent carrément non comme en Grande-Bretagne. Alors le discours change.

John Kerry, Secrétaire d’Etat américain :
Les Etats-Unis, le président Obama, les autres et moi-même, nous sommes tous d’accord pour dire que la fin du conflit en Syrie nécessite une solution politique. Il n’y a pas de solution militaire”.

David Cameron, Premier ministre britannique :
“Je pense que le Parlement s’est exprimé très clairement, et il est important de respecter son point de vue, donc je n’ai pas l’intention de retourner devant lui pour demander une intervention militaire britannique”.

François Hollande, président de la France : “Il n’y aura pas de solution militaire au conflit syrien. La solution elle est politique. Mais l’action militaire peut accélérer la solution politique.”

En quinze jours tout a changé. Le discours “Va-t’en-guerre” a laissé place à des voix plus mitigées. Et le discours d’Obama mardi soir a confirmé ce changement de ton. La crise syrienne est sans doute le plus important défi du président des États-Unis en matière de politique étrangère. Comment s’en sort-il ? Nous avons posé la question à notre consœur Martha Raddatz, correspondante à Washington pour ABC News.

euronews : “Martha, merci d‘être avec nous. Il y a deux semaines, il semblait qu’une frappe militaire était la seule option envisageable pour l’administration Obama. Maintenant, elle revient à la diplomatie. C’est un important revirement pour le président. Est-ce que cela l’affaiblit au plan national et international ? Et si oui, à quel point ?

Martha Raddatz : Cette dernière impulsion diplomatique a, je pense, sauvé le président d’une défaite au Congrès. Ses mains auraient alors été liées pour toute éventuelle action militaire en Syrie. Le dernier discours du président que vous avez entendu hier soir, dans lequel il demande du temps, ce n’est pas uniquement pour donner une chance à la diplomatie, c’est aussi parce qu’il n’aurait sans doute pas obtenu l’aval du Congrès, ni même du Sénat d’ailleurs.

euronews : Qu’a dit Obama à la nation hier soir, quel était son message exactement ?

Martha Raddatz : Ce qu’il a voulu dire, clairement, c’est qu’il pense que l’option militaire doit rester sur la table. Personnellement, je m’attendais à ce qu’il donne ce discours il y a une semaine, et pas maintenant qu’il est question d’efforts diplomatiques. C’est une surprise qu’il ait demandé au Congrès de reporter le vote.

euronews : Et si la diplomatie échoue, sera-t-il plus difficile pour le président de se revenir vers la Nation pour lui demander du soutien pour une éventuelle action militaire ?

Martha Raddatz : Je pense que ce serait très difficile, et la plupart des gens à qui j’ai parlé partagent mon point de vue.Ce que l’on retient d’hier soir c’est que le report pourrait avoir lieu dans plusieurs semaines, voir des mois. Les États-Unis pourraient ne jamais intervenir, qu’il ait réussi à convaincre ou non. Je pense que les gens oublient ces images, ils oublient ce qui s’est passé. Je pense que ce serait très très difficile pour le président si la diplomatie échoue.

euronews : La proposition russe concernant les armes chimiques, l’accord de la Syrie, tout a été très vite et cela a peut-être surpris la Maison Blanche. L’administration Obama a-t-elle été dépassée par Moscou sur ce point ?

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Martha Raddatz : Dans une série d’interviews, vous avez entendu le président parler de discussions avec Vladimir Poutine, à différentes occasions. Je pense donc que cela n’a pas été une surprise pour la Maison Blanche. Mais je pense qu’ils sont satisfaits de ce qui arrive. A la base, ce que le président voulait, c‘était empêcher Assad d’utiliser des armes chimiques. Si cela se produit par la voie diplomatique, c’est une réussite. Nous allons probablement assister maintenant à des mois de négociations. Je sais que la Maison Blanche veut en finir, les négociations ne sont pas éternelles. Ils veulent une proposition sérieuse, savoir ce que fait la Syrie, et comment y répondre dans les prochaines semaines.

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