François est-il de gauche ?

François est-il de gauche ?
Par Joël Chatreau
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Si Jésus est assis à la droite du Père, où se place son ambassadeur sur Terre ? Benoît XVI était du même côté, maintenant sa réputation de conservateur jusqu‘à la fin de son pontificat. François, plus difficile à cerner, semble bouger petit à petit vers la gauche, selon la définition de la “gauche” donnée depuis la Révolution française, autrement dit “la transformation de l’humain et de la société”. Le pape a ouvert cette semaine le cadenas des doctrines de l’Eglise catholique qui avaient définitivement enfermé l’homosexualité, le divorce et l’avortement dans le péché. François a confié avoir compris, grâce à des témoignages, que les homosexuels se sentaient “blessés” d‘être toujours rejetés par l’Eglise. Comme les femmes qui ont avorté et les personnes qui ont divorcé, a prôné le souverain pontife, il faut les “accompagner”. “Il faut toujours considérer la personne, a-t-il expliqué, car nous entrons dans le mystère de l’homme”.

Au passage, dans l’entretien accordé à la revue des jésuites en Italie, le pape François a fustigé “l’obsession” de l’Eglise pour tous ces sujets controversés, qualifiant certains confessionnaux de “salles de torture”. Les catholiques les plus intégristes, qui dérivent vers l’homophobie lorsqu’ils s’insurgent contre le mariage pour les homosexuels, risquent d’avaler l’hostie de travers. Les conservateurs ressentent un malaise, et au contraire, les progressistes se réjouissent. D’autant plus qu’il y a une semaine, le numéro deux du Vatican a déjà cassé le tabou du célibat des prêtres. “Ce n’est pas un dogme, on peut en discuter”, a déclaré Pietro Parolin. Les curés qui ont une compagne cachée, particulièrement nombreux en Amérique latine, ne se font pas d’illusions mais ils ont le coeur un peu moins serré.

Tout cela ne fait pas de François un “pape de gauche”, l’expression est trop osée, voire sacrilège. Cependant, celui qui était auparavant l’archevêque de Buenos Aires, qui avait des dispositions pour les idées progressistes, paraît maintenant vouloir les appliquer rapidement, six mois seulement après son élection. Le souverain pontife porte haut la mission de justice sociale enseignée par son ordre des jésuites. Il refuse systématiquement les honneurs, il continue de préférer les prêtres qui oeuvrent dans les bidonvilles, auprès des pauvres, dans les prisons, plutôt que les évêques carriéristes dont il a dénoncé cette semaine “la psychologie de princes”. Et considéré jusqu‘à présent comme un conservateur en matière de dogme, il vient de changer son image en seulement quelques jours. François a d’ailleurs insisté : “Je n’ai jamais été de droite !”

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