Impact de la politique monétaire de la BCE sur nos vies

Impact de la politique monétaire de la BCE sur nos vies
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Par Euronews
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Contrôle de l’inflation, mouvement des taux d’intérêts, outils économiques non conventionnels…

Voilà beaucoup de jargon technique, mais que signifie-t-il réellement ?

Quel impact la politique monétaire a-t-elle sur notre vie de tous les jours et les Banques Centrales sortent-elles des sentiers battus avec la Nouvelle Donne économique ?

Real Economy s’est rendu à Francfort, siège de la Banque centrale européenne, et a rencontré son ancien président Jean-Claude Trichet pour parler des différents mécanismes en place et de la politique monétaire menée en Europe.

Lors des quatre dernières années de son mandat de 8 ans à la tête de la BCE, Jean-Claude Trichet a fait face à d’importants défis, tout d’abord le ralentissement de l‘économie mondiale puis la crise de l’eurozone. En gardant toujours un oeil sur l’inflation, ses politiques ont été à la fois applaudies et décriées. Je l’ai rencontré pour évoquer ces décisions prises à l‘époque et la politique de la BCE aujourd’hui.

Maithreyi Seetharaman, euronews:
Monsieur Trichet, merci beaucoup pour votre temps. Quand vous pensez aux OMT, pensez vous que c’est juste une question de rhétorique ? Et que se passerait-il si il fallait appliquer le mécanisme ?

Jean-Claude Trichet, ancien président de la Banque centrale européenne:
“Et bien ce n’est pas qu’une question de réthorique puisque sous ma présidence, la BCE a acheté des bonds du trésor par deux fois. Et l’une des raisons pour lesquelles les marchés ont eu confiance en ce programme c‘était que c‘était réel parce que ça avait déjà été fait. Ceci étant dit et comme toujours avec les OMT il y a des conditions. Le pays concerné doit demander de l’aide.

Maithreyi Seetharaman, euronews:
Alors revenons plutôt au danger moral que cela pose. Que se passe-t-il si les gouvernements ne jouent pas le jeu ?

Jean-Claude Trichet, ancien président de la Banque centrale européenne:
Et bien les conditions obligatoires ont toujours fait partie de l’exercice. Si les conditions ne sont pas respectées, la BCE ne doit surtout pas l’ignorer.

Maithreyi Seetharaman, euronews:
L’autre question fondamentale est alors, quelles sont vos attentes ?

Jean-Claude Trichet, ancien président de la Banque centrale européenne:
Nous sommes dans un univers où la BCE donne toutes les liquidités nécéssaires aux banques commerciales d’Europe. Premier point. Et cela peut continuer aussi longtemps que nécessaire. Cette position extraordinaire mais responsable que la BCE a prise dès le début de la crise, en préservant le mandat principal qui est d’envoyer des signaux forts aux gouvernements, aux Parlements ainsi qu’au secteur privé, nous permettait d’espérer, comme je l’ai déjà dit, de voir la confiance se consolider progressivement et de voir la croissance et la création d’emploi revenir. L’Union bancaire doit être en place, y compris l’autorité de décision au niveau européen dans son ensemble. Nous avons résisté à la crise. C’est évident !

Maithreyi Seetharaman, euronews:
Vous avez été la première Banque centrale à réagir en 2007. Qu’est ce que vous changeriez pour que la croissance revienne plus vite et que les flux de crédit soient renforcés ? Aujourd’hui, agiriez vous de manière différente ?

Jean-Claude Trichet, ancien président de la Banque centrale européenne:
Les conseils de la BCE étaient importants. Il faut faire ses devoirs tout de suite parce que sinon vous vous mettez dans une situation compliquée, de manière individuelle comme les pays qui ont été attaqués par les marchés et de manière collective parce que vous n’avez pas fait attention à ce que vous faisiez. Mais à mon avis, pendant la convalescence, pendant le processus d’adaptation, peut être que l’on aurait pu insister plus sur le fait que pendant que l’on s’adapte il ne faut pas privilégier ceux qui ont un travail aux dépends de ceux qui n’ont pas de travail, c’est à dire les jeunes bien entendu. Parce que l’adaptation provoque énormément de chômage. Et c’est un conseil particulier, qui je dirais aurais du être souligné. C’est un conseil économique, cela n’a rien à voir avec la politique monétaire, mais c’est un conseil en lequel je crois avec tout le recul que nous avons aujourd’hui.

Maithreyi Seetharaman, euronews:
Monsieur Trichet, voici ma dernière question. Dans le monde d’aujourd’hui, avec la Nouvelle Donne économique, doit-on chercher des économistes, des banquiers centraux, qui sortiront des sentiers battus ?

Jean-Claude Trichet, ancien président de la Banque centrale européenne:
Si les Banques centrales n’avaient pas envoyé des messages forts aux gouvernement comme quoi ils devaient réagir de manière aussi audacieuse et rapide que possible alors nous aurions eu la pire crise économique du siècle, voire de ces deux derniers siècles évidemment. Donc il faut être pleinement conscient de ça. Nous sommes massivement sortis des sentiers battus. Ce qui est important c’est le message permanent, provenant des Banques centrales, que l’on ne peut pas changer ainsi de partenaires, que ce que l’on fait est nécessaire selon nous parce qu’il faut paver le chemin pour une transmission appropriée de notre politique monétaire. Mais c’est à vous de faire le travail, ne comptez pas sur nous pour faire ce travail difficile à votre place. Et c’est vrai pour toutes les institutions publiques. C’est également vrai pour le secteur privé.

Maithreyi Seetharaman, euronews:
Monsieur Trichet, merci beaucoup d‘être venu.

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