Syrie : vers un démantèlement complexe et incertain

Syrie : vers un démantèlement complexe et incertain
Par Euronews
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La Syrie a commencé à coopérer. C’est ce qu’a annoncé ce vendredi l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques. Damas lui a transmis les premières informations sur son arsenal.
Le régime a deux mois pour dire à l’Organisation où sont stockées toutes ses armes chimiques et en quelle quantité. Les Etats-Unis croient savoir qu’il y en a mille tonnes. Il reviendra ensuite à des inspecteurs internationaux de vérifier sur place. Ce qui prendra certainement des mois.
Dans le rapport rendu public par des Nations Unies, les inspecteurs ont conclu à l’utilisation de gaz sarin le 21 août, sans se prononcer sur les auteurs de l’attaque. Le régime aurait en tout cas en sa possession, outre du sarin, du gaz moutarde et du gaz VX.

Reste à savoir comment ces stocks peuvent être détruits. Seuls les Etats-Unis et la Russie disposent des infrastructures nécessaires à échelle industrielle. Or les Etats-Unis n’ont pas le droit de faire venir des armes chimiques de l‘étranger, et la Russie ne semble pas l’envisager. Il faudrait dès lors construire ces infrastructures sur place, ce qui retarderait l‘échéance. L’accord russo-américain prévoit un démantèlement d’ici mi-2014.

Mais en pleine guerre civile, on voit mal comment ces stocks disséminés sur le territoire syrien pourraient être acheminés, rassemblés et détruits en toute sécurité. Pour en savoir plus, nous avons interviewé le directeur de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques.

Nous avons rencontré Ahmet Üzümcü
Directeur général de l’Organisation pour l’Interdiction des Armes Chimiques :

euronews : “Combien de temps le processus de désarmement va-t-il durer ? Pensez-vous que ça puisse se faire d’ici un an comme Assad l’a dit ou plus, compte-tenu de la situation critique en Syrie ?”

Ahmet Üzümcü : “Nous comptons déployer en fait la première équipe dans dix jours, qui sera renforcée pour mener les premières inspections et nous allons parler aux Syriens pour élaborer un plan de destruction qui doit être approuvé par le Conseil exécutif. Nous allons essayer de raccourcir ces délais de mise en place et nous ferons tout notre possible pour arriver à la destruction complète d’ici mi 2014.” euronews : “Les destructions d’armes chimiques en Irak ont été interrompues en raison de la recrudescence des violences sectaires. Qu’est-ce qui vous fait croire que quelquechose comme cela ne se produira pas en Syrie ?”

Ahmet Üzümcü : “Il pourrait y avoir quelques retards en raison de la situation, mais encore une fois nous aurons à chercher toutes les options pratiques pour conclure et pour terminer cette opération le plus tôt possible. Plusieurs méthodes parallèles peuvent être appliquées, en fonction de la situation sur le terrain. Cela peut se faire en Syrie, et la possibilité de transfert d’une partie de ces armes sera également explorée . Toutes les options seront étudiées et bien sûr le financement sera également une question. A ma grande satisfaction plusieurs États, y compris l’Union européenne, ont déjà exprimé leur volonté de contribuer à la mise en place d’un fonds spécial pour que la mission soit couronnée de succès.” euronews : “La Syrie est connue pour stocker des agents chimiques sous une forme “binaire”, c’est à dire les deux composants de l’agent chimique sont stockés séparément, puis mélangés uniquement avant le chargement des munitions. Alors, est-il facile ou difficile pour vous de trouver tous les arsenaux ?”

Ahmet Üzümcü : “Cela peut également nous aider en fait de détruire une partie des précurseurs chimiques qui sont utilisés pour les armes binaires . Apparemment nos experts suggèrent que cela peut être fait en Syrie assez facilement alors que les parties toxiques de ces armes devront être stockées comme je l’ai déjà dit dans des installations spéciales.”

euronews : “Les inspecteurs de l’ONU et de l’OIAC, l’Organisation pour l’Interdiction des Armes Chimiques, ont constaté que les armes chimiques ont été employées en Syrie. Mais nous ne savons pas encore qui les a utilisées. Donc, la difficulté de votre tâche maintenant n’est-elle pas de trouver tout ce stock, sans savoir qui les a utilisé vraiment ?”

Ahmet Üzümcü :“Clairement l’accent est désormais mis sur les armes chimiques et leur élimination totale. On attend de l’OIAC qu’elle joue un rôle de premier plan. Mon espoir est que ce processus, cette mission, joue un rôle de catalyseur et contribue peut-être à relancer le processus de paix dans son ensemble en Syrie. On en parle à propos de la Conférence de Genève II.”

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