En Italie, le risque d'impasse politique fait peur aux marchés

En Italie, le risque d'impasse politique fait peur aux marchés
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Par Euronews
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Lundi, les marchés boursiers européens ont encaissé par une baisse sensible des indices, la nouvelle esquisse de la crise italienne après le départ du gouvernement de cinq ministres du Peuple de la Liberté, le parti de Silvio Berlusconi. La bourse de Milan est à ses plus bas de l’année et le coût de la dette italienne à échéance 10 ans a grimpé : de 4,4% vendredi à 4,6% lundi dans la journée avant de redescendre quand on a su que plusieurs parlementaires du parti de Belusconi réprouvaient la décision du Cavaliere.
La chute de la coalition gouvernementale italienne arriverait à un très mauvais moment pour l‘économie italienne et pour celle de la zone euro à fortiori. La dette cumulée de l’Italie reste difficilement soutenable à 127% du PIB, la croissance n’est toujours pas là, enfin le secteur bancaire italien dont l’exposition aux titres du Trésor italien atteint aujourd’hui 400 milliards d’euros reste très fragile.

Duplex : Annibale Fracasso
“La crise gouvernementale provoquée par la démission des cinq ministres du parti de Berlusconi le PDL, pourrait faire retomber l’Italie dans le chaos financier. Après cinq mois de fragile stabilité, la situation pourrait maintenant imploser, conduisant le pays et peut-être la zone euro dans une crise dévastatrice.
Maurizio Mazziero, vous êtes analyste financier, fondateur de Mazziero Research, vous occupez donc une situation privilégiée pour nous dire si nous sommes à nouveau au bord de la dégringolade.

Maurizio Mazziero
“C’est possible. Bien que les secteurs qui pourraient subir les plus graves inconvénients sont les secteurs banquier et financier. Je dois souligner cependant que ces jours-ci nous constatons des indicateurs qui renvoient à une faible reprise économique. Les prévisions de l’OCDE le confirment aussi. Mais finalement, le problème le plus important est toujours le même : la dette publique.
Selon nos anticipations, la lecture des chiffres du mois d’aout montrera probablement une légère reprise et une réduction de la dette de 10 milliards d’euros. Encore que d’ici la fin de l’année nous verrons à nouveau la dette atteindre un plus haut de tous les temps.

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Des rumeurs affirment qu’une agence de notation est sur le point de dégrader la note de crédit de l’Italie en raison du manque de réformes politiques. Les spéculateurs sont-ils prêts à nouveau à s’en prendre à l’Italie ?

Maurizio Mazziero
En fait, les investisseurs évaluent la situation avec soin et la situation sur les marchés d’actions aujourd’hui n’est pas si dramatique. Même l’augmentation de la différence entre le taux d’emprunt italien à 10 ans et celui de l’Allemagne n’est pas énorme. De façon ironique, cette crise politique pourrait avoir en fait une influence positive sur les paramètres du déficit budgétaire. Le ratio déficit/PIB est actuellement prévu en augmentation au dessus de 3%. Vers 3,1% selon le gouvernement et 3,2% selon le FMI.
Mais ce paramètre pourrait redescendre à 3% ou 2,9% si la hausse de la TVA – qui démarre ce mardi – et la seconde tranche de recettes issues de la taxe sur la propriété vont apporter des revenus supplémentaires à l’Etat.

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Mercredi le premier ministre Enrico Letta ira devant le parlement demander sa confiance. Sur quel résultat parient les marchés et les investisseurs ?

Maurizio Mazziero
Si la majorité au parlement est capable de former un nouveau gouvernement qui, même fragile, arrive à réaliser quelques réformes et à mettre sur les rails le projet de budget 2014, alors les marchés pourraient retrouver d’eux-mêmes une certaine stabilité. Si au contraire, de nouvelles élections sont organisées, ce sera alors le gros point d’interrogation et les marchés pourraient vraiment peser sur l’Italie avec une hausse sensible des taux d’intérêt de la dette et donc une hausse du coût des nouvelles émissions de dette du Trésor italien”.

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A la bourse de Milan, les actions Mediaset – l’empire des médias de la famille Berlusconi – ont perdu de leur valeur. De plus, le tremblement de terre au sein même du Parti du Peuple de la Liberté pourrait entraîner l‘éclatement de la droite, avec la création d’un nouveau groupe favorable au gouvernement Letta.
Donc finalement, Berlusconi sera-t-il le seul à payer la note pour son coup d‘éclat ?

Maurizio Mazziero
En fait je pense que dans ce cas, c’est la peuple italien qui paye la note. Nous avons deux très gros problèmes : une énorme dette publique et une économie qui ne fabrique pas de croissance. Ils correspondent tous les deux à des problèmes structurels. Donc ceux qui vont payer l’addition ce seront tous les italiens, chacun d’entre eux”.

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