Répression sanglante en Egypte : interview du chef des forces de sécurité

Répression sanglante en Egypte : interview du chef des forces de sécurité
Par Euronews
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Le chef des Forces de sécurité, mises en cause, répond à Euronews

Les forces de sécurité égyptiennes sont sous le feu des critiques pour leur rôle dans la révolution du 25 Janvier, et lors des soulèvements populaires qui ont à nouveau frappé le pays depuis juin dernier. Impliquées au coté des blindés lors des événements de l’hiver 2011, ou 846 civils avaient été, les Frères musulmans, mais aussi médias et ONG, les accusent encore d‘être à l’origine de la mort de plus de 900 manifestants à Al- Raba’a Adaweya et place Al-Nahda cet été.

Les forces de sécurité, considérées comme le bras armé du ministère de l’Intérieur, récusent ces accusations, dont elles dénoncent les motivations politiques .

Euronews a pu visiter l’un des camps d’entraînement des forces gouvernementales, en présence d’ émissaires de l’ONU venus prendre connaissance de leurs méthodes et leurs équipements, les Nations Unies restant soucieuses dans le contexte actuel de s’assurer qu’elles respectent les normes internationales sur le terrain, en particulier lors de leurs missions de paix en dehors des frontières égyptiennes.

Composées de plus de 350 à 500.000 hommes et dotées des meilleurs équipements, les forces de sécurité égyptiennes sont amenées à intervenir en cas d’attentats à la voiture piégée, et chargées de la protection contre des figures politiques ou sécuritaire, ainsi que des établissements publics et de tous les sites importants du pays, comme les ambassades.

Mais elles se sont surtout distinguées tous ces derniers mois dans le cadre de leur fonctions de police anti-émeute, et plus dernièrement lors de la dernière révolution, qui a renversé l’ancien président Morsi, marquée par des affrontements et répression de sit-ins sanglants.

Pour en savoir plus, notre correspondant au Caire a rencontré le commandant en chef des forces de sécurité. En marge de la présentation de son service, le général Ashraf Abdullah a répondu à nos questions, ce qu’il fait rarement avec les médias, sans prêter pour autant le flanc aux critiques, bien au contraire:

Mohammed Shaikhibrahim, Euronews :
“Les services de sécurité ont été sévèrement critiqués après la dispersion des manifestants de Raba’a et Al-Nahda, on les accuse d’abus de pouvoir et d’incompétence dans leurs méthodes de dispersion, que répondez-vous à ces allégations?”

Général Asharaf Abdullah :
“Ce sont fausses allégations venus de médias partisans, avec le soutien des Frères musulmans qui se répandent en fausses rumeurs. La réputation de nos forces dans la dispersion de deux sit-ins est intacte, elle a été saluée par l’ensemble des nations du monde. Personne ne nous a pointé du doigt sur d‘éventuelles erreurs. Tout a été fait dans le respect des normes internationales, nous n’avons tué ou visé ni femme ni enfant. Ces affirmations sont fausses, je les rejette complètement, elles ne viennent que des Frères musulmans”.

Euronews :
“Certaines organisations de défense des droits de l’Homme demandent une enquête internationale sur ce qui s’est passé à Raba’a et Al- Nahda. Seriez-vous prêt à coopérer si une telle enquête était ouverte”?

Général Asharaf Abdullah :
“Cette enquête ne sera pas menée, car ce sont les frères musulmans qui en sont à l’origine. Les pays européens et même les États-Unis n’ont fait aucune allusion à ce sujet, c’est la première fois que j’entends ce que vous dites”.

Le général Ashraf Abdullah a aussi été interrogé sur la façon dont les forces de sécurité ont traité les journalistes sur place, deux d’entre eux ont été tués, d’autres maltraités, le chef des services de sécurité assure ne pas avoir d’informations sur le sort de ces journalistes…

Général Asharaf Abdullah :
“Laissons les organisations des droits de l’Homme contrôler les armes utilisées pour la dispersion des émeutes. C’est comme aux Etats-Unis, peut-être même mieux. Le policier américain porte une arme à feu, nous n’utilisons pas ce genre d’arme dans les dispersions. Qui a assassiné les gens à Raba’a? Est-il possible que ces personnes à l’intérieur de la mosquée Eiman et sur ​​la place aient été assassinées le jour de la dispersion? Que dire alors des cubes de glace qui se trouvaient à l’intérieur de la mosquée? Pourquoi y en avait-il? Pourquoi n’a t-on pas envoyé les corps à la médecine légale? On a la preuve que l‘Égypte respecte les droits fondamentaux, sinon elle aurait été expulsée des Nations unies. Vous avez tous vu les corps à l’intérieur de la mosquée Eiman, et une fois la place Raba’a vidée, nous avons trouvé des corps recouverts… Alors, nous les aurions assassinés et recouverts? Pourquoi aurions-nous fait cela?”.

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