Dr Naser Hadian : "Je suis optimiste à propos du nucléaire iranien"

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Par Euronews
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Les parties concernées sur le dossier du nucléaire iranien se retrouvent à Genève pour un autre cycle de négociations avec une nouveauté. Le président Rohani le martèle : il veut un accord complet et définitif avec l’Occident sur cette question.

Mais le négociateur en chef iranien a fait comprendre dimanche que son pays n’avait pas l’intention de se conformer à toutes les exigences de l’Occident
, donnant l’impression que rien n’avait vraiment changé.

“Nous n’autoriserons pas la fin de l’enrichissement d’uranium, ne serait-ce qu’un seul jour, a déclaré Abbas Araghchi. L’enrichissement n’est pas négociable, ce qui l’est, c’est son niveau, sa quantité. Nous ne permettrons pas non plus qu’un seul gramme d’uranium enrichi quitte le pays.”

L‘élection du président Hassan Rohani en juin dernier a tout de même permis aux négociations sur le nucléaire de prendre un tour nouveau. Beaucoup d’Iraniens ont voté pour l’homme qui leur semblait le plus à même de faire baisser d’un cran les tensions avec l’Occident jusqu‘à, peut-être, obtenir la levée des sanctions économiques.

Dernier signe de cette inflexion : son discours le mois dernier devant l’Assemblée générale des Nations Unies à New York où il s’est montré prêt au compromis, en tout cas sur certains points.

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Euronews : “Les différents cycles de négociations ces dernières années ont presque toujours échoué dans un climat de méfiance réciproque et d’accusations de part et d’autre. Pourquoi cela en serait-il autrement aujourd’hui ? Y a-t-il vraiment un changement politique derrière le changement de président ?
Je suis en compagnie du Docteur Naser Hadian, professeur de relations internationales à l’Université de Téhéran. Professeur Hadian, qu’est-ce qui a changé ?”

Naser Hadian : “Je pense que c’est le président et la politique qui ont changé, les deux ensemble.”

Euronews : “Dans les faits, sur quoi Téhéran est-il prêt à lâcher pour obtenir la levée des sanctions ?”

Naser Hadian : “Je pense que ce que nous voulons, c’est disposer d’une certaine capacité nucléaire que nous avons déjà, d’ailleurs.”

Euronews : “Quelle est cette capacité ?”

Naser Hadian : “En gros, nous maîtrisons le savoir-faire et la technologie d’enrichissement d’uranium pour la totalité du cycle.”

Euronews : “Quel est l’objectif ?”

Naser Hadian : “Cela nous donnerait un certain nombre d’avantages parmi lesquels la dissuasion ce qui est important à mes yeux.”

Euronews : “La dissuasion vis-vis de qui ?”

Naser Hadian : “Tout ennemi potentiel… on ne peut pas dire qui à ce stade. Les amis et les ennemis peuvent changer mais l’intérêt reste essentiellement le même.”

Euronews : “Mais si vous ne possédez pas l’arme, et si vous avez simplement de l’uranium enrichi à une faible niveau, c’est un programme incomplet, cela ne va dissuader personne…”

Naser Hadian : “Mais tout le monde sait que nous avons le potentiel. Nous avons le savoir-faire et la technologie si nous le voulons.”

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Euronews : “L’Iran a changé de positionnement par rapport à l’Occident et l’ayatollah Khamenei a décidé, je le cite, de `faire preuve d’une indulgence héroïque à l‘égard de l’Occident’. Est-ce ça ne va pas ébranler le sens même de la révolution iranienne ?”

Naser Hadian : “Comme je l’ai dit, je suis optimiste sur la résolution des négociations sur le programme nucléaire iranien. Mais malheureusement, je ne suis pas très optimiste sur la relation entre l’Iran et les Etats-Unis. Maudire un autre pays ne coûte rien. En revanche, en appeler à de meilleures relations entre les deux pays coûte très cher à celui qui tente d’améliorer ces relations. Donc je ne suis pas si optimiste que cela mais je n’exclus pas qu’une résolution du problème nucléaire ait un impact positif sur les relations entre l’Iran et les Etats-Unis et puisse générer un climat dynamique pour améliorer ces relations.”

Euronews : “Il existe des groupes influents en Iran qui s’opposent à la nouvelle position de l’Iran et au président Rohani. Est-ce qu’ils sont en capacité d’empêcher ce changement dans la politique étrangère de l’Iran ?”

Naser Hadian : “Bien sûr qu’ils le peuvent. Ce sont des groupes puissants, peut-être pas en nombre mais en termes de ressources à leur disposition. Ce sont des groupes puissants donc si le président Rohani ne tient pas sa promesse dans un délai relativement court, ils pourront se mobiliser efficacement et se mettre en travers de la route du président pour l’empêcher de faire ce qu’il souhaite concernant la relation avec les Etats-Unis.”

Euronews : “Donc, il va y avoir de grandes divisions au sein du pouvoir…”

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Naser Hadian : “Cela dépend. Comme je l’ai dit, il peut tenir parole et s’il y a des résultats positifs tangibles dans la relation avec les Etats-Unis, ces groupes là ne seront pas en position de force.”

Euronews : “Naser Hadian, merci.”

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