Les journées du "Nouvel Obs" s'interrogent sur l'avenir de l'Europe

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Par Euronews
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“L’Europe de la réalité ? C’est très simple. C’est une union qui marche sur la tête” s’exclame l‘éditorialiste français Bernard Guetta. “Elle est dans une mauvaise passe et il faut qu’elle en sorte” confie l’ancien directeur général du FMI Pascal Lamy.

“C’est un regard aiguisé et sans complaisance que portent sur l’Europe d’aujourd’hui les personnalités du monde politique, culturel et médiatique réunies ici, aux Beaux-Arts de Bruxelles, par le magazine ‘Le Nouvel Observateur’. Elles ont confronté trois jours durant leurs visions de cette Europe à la croisée des chemins, et suggéré quelques pistes “ relate la correspondante d’Euronews à Bruxelles, Audrey Tilve.

A sept mois des élections européennes, les 18 débats au programme ont tourné autour du libéralisme, de la quête de croissance, de la montée du populisme et du rôle de la culture. Pour le directeur du ‘Nouvel Obs’, le club des 28, bureaucratique et insaisissable, a avant tout besoin d’un visage connu de tous :

“Il y en a un qui a incarné l’Europe, on le connait bien, c’est Jacques Delors, résume Laurent Joffrin. Les gens étaient pour ou contre mais on savait qui c‘était. Après, à cause des gouvernements nationaux qui ne veulent pas nommer quelqu’un de trop fort, ils préfèrent un second couteau pour ne pas leur faire de l’ombre, les pouvoirs et la visibilité sont dilués, et donc, les gens ont le sentiment que ce n’est pas démocratique.”

“Aujourd’hui, il y a le président de la Commission et le président du Conseil européen, rappelle l’ancien président de la Commission Jacques Delors. Est-ce bien raisonnable d’avoir deux personnages quel que soit le rôle de ‘broker’, de négociateur très important qu’a joué Mr Van Rompuy qui est une personnalité imminente. Donc on élit une moitié de président de commission en réalité.”

C’est pourtant la nouveauté qui est censée remobiliser les troupes. En mai , on élira son député européen mais aussi son favori pour la présidence de la Commission européenne. Pas suffisant, estime l‘éditorialiste Bernard Guetta. Mais alors, que faut-il pour redonner le goût de l’Europe ?

Selon lui, “on peut se battre ensemble sur la question du dumping social, écologique, monétaire de nos grands concurrents, d’abord c’est nécessaire, et là les gens verraient qu‘à 28 ou même 17, la zone euro, on est quand même plus fort vis-à-vis de la Chine qu’en ordre dispersé.”

“La gestion de la zone euro, l’union bancaire, ça fera rêver strictement personne, admet Sylvie Goulard, eurodéputée au groupe des libéraux-démocrates. En revanche, par exemple, si l’Europe donnait un chèque éducation que toutes les familles peuvent utiliser pour faire faire des stages linguistiques aux enfants ou pour organiser des voyages ou financer un Erasmus, là je pense qu’on remettrait de la vie dans le projet européen.”

Seulement voilà, c’est un gros désaveu et une irrépressible montée des anti-européens de tout bord qu’annoncent les sondages. Alors gare à ne pas aller droit dans le mur, avertit le philosophe Michel Onfray qui établit un parallèle avec l’URSS.

“La vieille logique des pays staliniens, c‘était de nous expliquer que s’il y avait des problèmes en Union soviétique, c‘était parce que l’Union soviétique n‘était pas encore assez soviétique et qu’il fallait remettre un couche de soviétisme et que là, il n’y aurait plus de problèmes. On nous a fait la même chose avec l’Europe, en nous disant : s’il y a des problèmes, c’est parce que l’Europe n’est pas encore assez européenne, attendez, soyez encore plus européens et vous verrez, on fera disparaître ces problèmes-là.”

Pour redéfinir l’Europe et la sauver du délitement, peut-être faut-il commencer par se souvenir ce qui la distingue du reste du monde. Pascal Lamy, ancien patron de l’Organisation Mondiale du Commerce : “Les Européens ont moins de tolérance à l’inégalité que d’autres zones de la planète comme les Etats-Unis ou la Chine, et je pense que l’identité européenne, c’est dans les systèmes sociaux, estime-t-il. Simplement, il faut 1% de croissance de plus. Si on ne le fait pas, alors effectivement, ils sont en danger, et de mon point de vue, c’est l’identité européenne elle-même qui est en danger.”

“ Nous avons un capitalisme beaucoup plus humain qu’en Amérique, l‘éducation gratuite, un système de santé public peu cher, observe l‘écrivain allemand Peter Schneider. Obama se fait traiter de communiste parce qu’il veut un système de santé public. Nous sommes un continent très privilégié et nous ne le défendons pas, nous ne défendons pas les valeurs du siècle des Lumières.”

A l’issue de ces trois jours de débats, pas de remède miracle ou de réponse clé en main, mais un instantané sans filtre de l’Union européenne et un constat : ce n’est pas en l’idéalisant qu’on la fera progresser.

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