USA : ce qu'on sait de la très secrète NSA

USA : ce qu'on sait de la très secrète NSA
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Par Joël Chatreau
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A chaque fois qu’une nouvelle série de documents est rendue publique grâce à l’ex-consultant de la NSA, Edward Snowden, on semble redécouvrir l‘énorme puissance d‘écoute de l’agence de renseignements américaine. La NSA a pourtant de longue date la triste réputation d’utiliser tous les moyens, y compris clandestins et illégaux, pour parvenir à ses fins. Née le 4 novembre 1952 et baptisée par le président Harry Truman, l’Agence de sécurité nationale a toujours eu pour mission de recueillir des informations en interceptant les communications. Ses objectifs ont bien sûr changé au cours de l’Histoire contemporaine, et ses moyens ont considérablement augmenté et évolué.

La NSA reste la plus secrète des agences d’espionnage et de contre-espionnage des Etats-Unis. Son existence n’a été révélée par les autorités que cinq ans après sa création, en 1957. On lui a donné depuis de nombreux surnoms, comme “Une telle agence n’existe pas” ou “Ne jamais rien dire”. Rattachée au département de la Défense, elle a désormais sous sa coupe le CSS, le Service de sécurité central de l’armée américaine. Ses effectifs, qui n‘étaient que d’environ 8.700 personnes en 1952, ont été renforcés durant la “guerre froide”; ils sont estimés à 35.000 actuellement. Son budget annuel, qui serait d’au moins 15 milliards de dollars, dépasse celui de la CIA.

Des techniques d'écoute de plus en plus avancées

La raison de vivre de l’Agence de sécurité nationale américaine est la cryptologie, au sens littéral la “science du secret”, dont les deux mamelles sont la cryptographie et la cryptanalyse, c’est à dire le codage et le décodage des messages. Ses employés passent leur temps à analyser les messages d’origine électromagnétique, captés dans le monde entier grâce à des antennes au sol, des avions ou des satellites-espions, et depuis quelque temps en mettant sur écoute les câbles sous-marins. Ces experts disposent de superordinateurs de plus en plus sophistiqués; le premier avait été imaginé en 1977. La NSA aide aussi la CIA à collecter des renseignements de manière beaucoup plus clandestine.

Dès les années 60, le service secret a décrypté les télégrammes et les appels téléphoniques grâce à la complicité des agences de télécommunications américaines. En 1975, une commission du Sénat a établi qu’une communication sur quarante était examinée chaque mois par la NSA. A partir des années 80, l’accord UKUSA, passé entre le Royaume-Uni et les USA pour espionner les transmissions allemandes et japonaises pendant la Seconde guerre mondiale, puis élargi au Canada, à l’Australie et à la Nouvelle-Zélande, est réactivé. Un programme baptisé ECHELON, piloté par la NSA, est mis en oeuvre pour surveiller les communications en Europe, et cela bien avant le programme de surveillance PRISM révélé récemment par Edward Snowden. Les écoutes d’ECHELON vont déraper, se transformant en espionnage économique au profit des Américains, en entraînant la perte de nombreux contrats par des sociétés européennes comme Airbus. Le scandale sera révélé par la presse britannique en 1988 mais le Parlement européen aura beau protester, l’affaire n’aura pas de suite pour des raisons politiques.

Après le 11 septembre, un espionnage sans limites

Le 11 septembre 2001, les attentats contre le World Trade Center et le Pentagone prennent les Etats-Unis totalement au dépourvu. Le traumatisme et le doute sont d’autant plus profonds que l’ennemi est venu de l’intérieur. La CIA et la NSA sont décrédibilisées et leur mode de fonctionnement devra être largement réformé. En 2005, au nom d’une lutte exceptionnelle contre le terrorisme, le président George W. Bush ordonne à l’Agence de sécurité nationale de procéder à une écoute massive des appels téléphoniques qui sont passés ou reçus par les Américains. C’est un viol du IVème amendement de la Constitution qui interdit l’espionnage de tout citoyen américain sans mandat.

En 2013, la NSA n’a pas vraiment perdu de son mystère mais elle présente une vitrine officielle. Son siège se trouve à Fort Meade, à une quinzaine de kilomètres de Washington DC, dans le Maryland. Sur l’autoroute proche, il y a même une sortie pour s’y rendre avec un panneau précisant “Réservé aux employés”. On connaît aussi son patron, le général Keith B. Alexander qui a établi un record en occupant ce poste depuis plus de huit ans; ses prédécesseurs n’avaient pas tenu plus de quatre ans ! La NSA a également un site web officiel, sur lequel elle explique notamment la procédure qu’il faut suivre pour se porter candidat.

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