Astérix, le Gaulois qui aime l'étranger

Astérix, le Gaulois qui aime l'étranger
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Par Joël Chatreau
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En allant faire un tour “chez les Pictes”, sa 35ème aventure, Astérix espère bien reprendre un coup de jeune, un coup de cette “potion magique” qui le rendait si irrésistible dans les années 60 et 70. Depuis la mort de son père scénariste, René Goscinny, en novembre 1977, le deuxième papa du petit Gaulois, Albert Uderzo, a petit à petit perdu la bonne recette. Après mûre réflexion, le dessinateur a choisi à 86 ans de passer la main, et le crayon, à Jean-Yves Ferri pour le scénario et Didier Conrad pour le dessin. Hergé, autre grand créateur, avait préféré laisser Tintin définitivement orphelin, et les ventes de ses albums ne sont plus ce qu’elles étaient. L‘éditeur historique de Tintin, Casterman, doit de plus en plus se creuser la tête pour que l’oeuvre perdure.

Dans le “combat des chefs” de la bande dessinée, c’est de toute façon Astérix qui triomphe. Les aventures du Gaulois moustachu et de son compagnon “un peu enveloppé”, Obélix, sont les plus vendues dans le monde, 352 millions d’albums depuis leur création en 1959. La saga Tintin passe la barre des 230 millions d’exemplaires vendus depuis l’apparition du jeune reporter chez Casterman en 1934. Pour la traduction, c’est également le Gaulois qui l’emporte sur le Belge : Astérix parle 107 langues et dialectes, Tintin 77. Pour leur visite chez les Ecossais, Astérix et Obélix ont décidé de frapper fort, comme sur les Romains, en publiant 5 millions d’albums qui paraissent dans 15 pays, en 23 langues dont bien évidemment l‘écossais.

Les Gaulois n'y perdent pas leur latin !

A force de fréquenter les Romains de très près, notamment dans les bagarres, Astérix et son camarade ont appris le latin. Les éditions dans cette langue sont notamment appréciées par les professeurs car il est toujours mieux d’apprendre en s’amusant. Le chef de l’irréductible village gaulois, Abraracourcix, est appelé Manumilitarix en latin, ce qui lui va aussi très bien ! Le petit chien Idéfix, qui devient Notabenix, est également dans son élément. Le poète Ovide semblait d’ailleurs parfaitement le connaître quand il avait écrit “A cane non magno saepe tenetur aper”, c’est à dire “Souvent, le sanglier est arrêté par le petit chien” ( citation du site officiel d’Astérix ).

Chez les Romains, Astérix s’y sent comme chez lui. Il leur a vendu 5,5 millions d’albums depuis la première publication de son oeuvre en Italie en 1967. Pourtant, ils auraient pu légitimement se vexer en écoutant sans cesse la fameuse expression “Ils sont fous, ces Romains !” Eh bien, au contraire, ils ont pris soin de la traduire “Sono Pazzi Questi Romani”, ce qui correspond au vrai sigle de la République romaine, SPQR ( Senatus Popolusque Romanus ).

Les Gaulois de René Goscinny et d’Albert Uderzo maîtrisent aussi le grec ancien, et même le crétois, le pontique, le chypriote. Depuis leur participation “aux Jeux Olympiques”, en 1968, ils sont très populaires en Grèce, où 7 millions de leurs albums ont été écoulés. Les Grecs avaient été particulièrement impressionnés par le talent d’Uderzo pour faire revivre la ville antique d’Athènes et ses monuments comme l’Acropole, le temple d’Athéna, le Parthénon…

Les Gaulois passent à l'ennemi !

Qui aurait pu l’imaginer ? C’est l’ancienne vieille ennemie de la Gaule qui est devenue sa meilleure admiratrice en Europe. 120 millions d’albums d’Astérix ont été vendus en Allemagne depuis 1969. Son épopée y est traduite en 29 dialectes, un record ! Et pourtant, la liaison gaulo-allemande avait très mal commencé, l’aventure “chez les Goths”, avec leurs chefs Téléféric et Coudetric, n’avait pas du tout fait rire. Il faut dire que la traduction était mauvaise, et que depuis ce faux pas, elle a toujours été excellente. Pour preuve, “Die spinnen, die Römer !” ( “Ils sont fous, ces Romains !” ) est passé dans le langage courant en Allemagne.

Chez l’autre “ennemi intime” des Gaulois s’est produit le phénomène inverse. C’est “Astérix chez les Bretons”, publié en 1966 en Grande-Bretagne, qui a déclenché l’enthousiasme. René Goscinny s’y amusait à coeur joie avec la construction anglaise des phrases, en offrant à son héros un cousin germain british, Jolitorax. Depuis, “Asterix the Gaul” et son chien Dogmatix ont fait vendre 23 millions d’albums au Royaume-Uni. Si ces fous de Romains n’ont pas réussi à conquérir entièrement la Gaule, les Gaulois comptent sur leur nouveau grain de folie pour conquérir le public, y compris dans le pays de Mac Robiotik, le druide des Pictes.

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