Paul Watson, le garde du corps des baleines

Paul Watson, le garde du corps des baleines
Par Joël Chatreau
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Maintenant qu’il a remis pied à terre, le vieux “loup de mer” canadien jure de ne pas tomber dans les filets de la justice japonaise. Paul Watson avait disparu en mer pendant quatorze mois, après avoir fui l’Allemagne fin juillet 2012. De retour aux Etats-Unis début novembre 2013, il a fait savoir qu’il “relèverait le défi de la notice rouge du Japon si nécessaire”. La notice rouge, c’est le mandat d’arrêt qu’avait émis Interpol à la demande du Japon. Tokyo accuse Paul Watson, le fondateur de l’organisation écologiste Sea Shepherd ( “Berger de la mer” ), de harceler ses navires baleiniers en Antarctique. Arrêté à Francfort le 13 mai 2012 puis libéré sous caution et assigné à résidence, le Canadien avait préféré prendre la fuite de peur d‘être extradé au Japon.

Un procès au civil a été intenté contre Sea Shepherd par l’industrie baleinière japonaise. A cause des actions menées par l’ONG contre les navires, la campagne de pêche 2013 a été la plus mauvaise depuis 1987, proteste le Japon. Une centaine de baleines de Minke ont été tuées, dix fois moins que ce qui était prévu. Pour contourner le moratoire établi par la Commission baleinière internationale en 1986, les Japonais affirment qu’ils chassent afin d’améliorer leurs recherches sur les cétacés. L’Islande et la Norvège, elles, ne prennent même pas soin de trouver un prétexte pour enfreindre ce moratoire.

A la barre pour Greenpeace et Sea Shepherd

Paul Watson s’est révélé un défenseur des animaux dès son enfance passée dans le village de pêcheurs de Saint-Andrews, dans la province canadienne du Nouveau-Brunswick. Il raconte qu‘à l‘âge de 9 ans, il a découvert un jour un castor qu’il avait presque apprivoisé, tué par un piège. Il a alors fait le tour du village en détruisant systématiquement tous les pièges qu’il trouvait. L‘écologiste a aussi commencé sa carrière de marin très tôt. A 17 ans, il est employé comme pompier sur un bateau de croisière, à 18 ans, il est admis chez les gardes-côtes canadiens. Il travaillera ensuite pendant quelques années sur des navires marchands norvégiens, suédois, britanniques. En 1972, Paul Watson se retrouve en toute logique à la croisée du chemin maritime et du chemin écologiste. Il participe à la fondation de Greenpeace.

La première campagne de Greenpeace est lancée contre les essais nucléaires en mer, notamment ceux qu’effectue la France en Polynésie. Puis, l’ONG s’attaque aux baleiniers soviétiques. En 1977, Paul Watson a l’idée d’emmener Brigitte Bardot sur la banquise au large des côtes du Labrador. BB deviendra à partir de ce moment-là le symbole de la lutte contre le massacre des bébés phoques. Mais cette même année, le Canadien se fâche avec le nouveau président de Greenpeace, peu favorable aux actions spectaculaires, et il claque la porte. Il lui faudra peu de temps pour créer sa propre organisation écologiste, Sea Shepherd, et acheter un bateau auquel il donnera ce nom. Le navire a fait sa première sortie en mars 1979. Depuis, Paul Watson a sillonné les mers à la barre de six autres bateaux.

Le fondateur de Sea Shepherd est devenu un baroudeur des mers, il a parfois risqué sa vie pour empêcher les navires japonais de tuer des baleines ou les navires norvégiens de pêcher des requins. En 2000, Time Magazine l’a qualifié de “héros écologiste du XXè siècle”. Cependant, Paul Watson utilise des méthodes musclées, il n’hésite pas, s’il le faut, à couler des baleiniers considérés comme illégaux. Ses détracteurs le traitent volontiers de “pirate” ou d’ “écoterroriste”. Il ne semble pas s’en préoccuper et dit sa fierté : “Je suis honoré d‘être au service des baleines, des dauphins, des phoques…Ces êtres m’ont parlé, m’ont touché et j’ai reçu de nombreux témoignages amicaux en retour”.

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