Présidence du conseil de l'UE, croissance, plan de sauvetage : entretien avec Evangelos Venizelos, vice-Premier ministre grec

Présidence du conseil de l'UE, croissance, plan de sauvetage : entretien avec Evangelos Venizelos, vice-Premier ministre grec
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Par Euronews
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La Grèce attaque 2014 en assurant la présidence tournante du Conseil de l’Union européenne. C’est la cinquième fois depuis son adhésion à l’UE en 1981 qu’Athènes tient les rênes de cette institution communautaire. La mission s’annonce ardue en raison des difficultés économiques qui minent le pays. Le budget est donc serré. Le coût de la présidence se chiffre à environ 50 millions d’euros, soit 3 fois moins que ce que Paris avait dépensé au même poste.
Quant à l’idée de voir la Grèce présider les futurs débats européens, elle enthousiame peu cles citoyens croisés dans les rues d’Athènes :

“Je ne crois pas que ça va changer quelque chose, on doit mener nos réformes d’abord et après regarder ailleurs”, avance l’un d’eux.

“Les gens en ont marre de tout ça, soupire un autre. Les parlementaires gagnent 10 000 euros par mois, et les gens ordinaires, 500 euros par mois.”

La Grèce a été le premier pays à être frappé par la crise de la dette de la zone euro. Depuis 2010, le pays est sous assistance financière de l’UE et du FMI. Elle a reçu plus de 240 milliards d’euros de prêts pour éviter la faillite.
Alors que le taux de chômage a été multiplié par trois, il s‘établit à 28% fin 2013, la Grèce, durant sa présidence de l’UE, va continuer à mener des négociations avec les institutions financières pour régler ses propres problèmes.

“La discussion actuelle tend vers un 3ème plan de sauvetage pour la Grèce qui ne sera pas similaire à ceux du passé, affirme l’analyste économique Panayotis Petrakis. Il contiendra certainement de nouvelles obligations pour le pays, mais cela finira par créer des perspectives d’amélioration économique pour 2015/2016.”

Durant sa présidence du Conseil de l’UE, la Grèce sera amenée à mettre certaines questions à l’agenda.
Elle s’est déjà fixé des thèmes précis, parmi lesquels la croissance, l’intégration européenne, les migrations ou les politiques maritimes. Athènes précise que “le principal objectif” sera “d‘équilibrer le calendrier de la consolidation budgétaire», et propose des mesures pour compenser les plans d’austérité.

Le vice Premier ministre grec Evangelos Venizelos nous éclaire sur les contraintes et les projets de la Grèce durant cette présidence.

Stamatis Giannisis, euronews:
“Monsieur le vice-Premier ministre, bienvenue sur euronews. Depuis aujourd’hui, la Grèce assure la présidence du conseil de l’Union européenne. En réalité, il s’agit d’une présidence de 4 mois, car les élections européennes sont prévues en mai. Comment composer entre un agenda chargé et une si courte période?”

Evangelos Venizelos, vice-Premier ministre grec et ministre des Affaires étrangères :
“C’est une bonne opportunité pour la Grèce de se présenter comme égal et Etat membre souverain de l’UE, capable de diriger le conseil de l’UE au nom des 28 Etats membres.
Nous sommes en quête d’une nouvelle manière d‘écrire l’Europe, plus attirante pour les citoyens, plus optimiste et plus rassurante pour les familles, mais aussi pour les nouvelles générations, qui, dans de nombreux pays, associent à l’Union européenne, l’austérité, le chômage, de faibles revenus.
Nous devons donc réintégrer dans la discussion l’Europe de la culture, de la civilisation, de l’histoire, de la loi, de l’Etat providence, et également l’Europe de la croissance, de l’innovation, l’Europe d’un peuple conscient de son histoire et en quête de prospérité.

Stamatis Giannisis, euronews
“Un accord a été trouvé récemment sur l’union bancaire. Dans le même temps, la Grèce est sur le point de solliciter un troisième plan de sauvetage en vue de rembourser ses prêts…”

Evangelos Venizelos, vice-Premier ministre grec et ministre des Affaires étrangères :
“Il est très important qu’une décision ait été prise sur l’union bancaire, mais ni le mécanisme de surveillance unique, ni le mécanisme de résolution unique ne sont suffisants. Un mécanisme de garantie des dépôts est aussi nécessaire afin que la charge ne retombe pas sur les pays d’Europe du sud qui doivent payer de plus forts taux d’intérêts au seul motif que les pays du nord fournissent de meilleures garanties aux banques.

Et, oui, la Grèce se bat comme elle peut pour sortir de la crise et du mémorandum. .
Depuis 3 ans et demi la Grèce a mené le plus grand ajustement fiscal dans l’histoire de l‘économie occidentale.
On est parti d’un déficit primaire de 12% en 2009, et on vient d’aboutir à un excédent primaire, qui, en termes de surplus structurel – ne prenant pas en compte les résultats conjoncturels de la récession – s‘élève à 6.5%. Nous enregistrons de loin la meilleure performance en Europe, et l’une des meilleure dans le monde, en termes de résultats fiscaux primaires.
Donc nous avons une base sur laquelle discuter amicalement, et dans le cadre d’un bon partenariat avec les autres Etats membres, avec le FMI et la BCE, de manière à nous relever et à sortir de la crise.
Personne n’en sortira perdant, ce sera un bénéfice pour nous tous, et le contribuable européen ne versera pas un seul euro pour la Grèce.

Stamatis Giannisis, euronews :
La croissance et le chômage pèsent lourd dans l’agenda de la présidence grecque; que comptez vous faire s’agissant de ces deux questions?

Evangelos Venizelos, vice-Premier ministre grec et ministre des Affaires étrangères :
Nous allons travailler plus étroitement avec la Commission, instrument-clé pour l’Europe, et avec la Banque européenne d’investissement, de manière à créer cet effet positif, que les Etat membres de l’Europe attendent tant.
Il ne s’agit pas seulement des pays qui connaissent la crise et qui mettent en place des programmes de réformes économiques, ni de ceux qui sont sur le point de le faire. C’est l’Union européenne tout entière qui a besoin d’un nouveau modèle de production, de croissance et de compétitivité, de manière à échapper au danger de la récession ou dans certains cas pour faire décoller une croissance proche de zéro.

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