Ariel Sharon, autant aimé que détesté

Ariel Sharon, autant aimé que détesté
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Par Joël Chatreau
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Le guerrier aux méthodes musclées aurait certainement préféré mourir debout et dans l’action. Au lieu de cela, Ariel Sharon s’est éteint cloué sur un lit d’hôpital, homme de corpulence réduit à une cinquantaine de kilos à peine. Cela faisait plus de 8 ans qu’il se trouvait dans un coma profond. A cause de cette longue parenthèse, le militaire reconnu par les Israéliens comme un grand stratège, l’homme politique, sept fois ministre, élu triomphalement comme Premier ministre en 2001 puis réélu en 2003, était presque tombé dans l’anonymat. C’est la chronique d’une mort annoncée qui a remis Ariel Sharon sur le devant de la scène.

Le général, engagé dans l’armée israélienne dès l‘âge de 17 ans, a participé à toutes les guerres menées par l’Etat hébreu. Lors de la première, en 1948, il est gravement blessé, pendant la guerre des Six Jours, en 1967, il participe à la prise du Sinaï à la tête d’une division, au cours de la guerre du Kippour, il mène une offensive qui permet d’encercler l’armée égyptienne et de remporter une victoire. Ces hauts faits le rendent populaire auprès de la population d’Israël. Bien au contraire, Ariel Sharon s’attire la haine des Palestiniens à cause de sa responsabilité lors de massacres de nombreux civils. La communauté internationale condamnera également fermement ces bains de sang.

Il reste le "boucher" pour les Palestiniens

A la mi-octobre 1953, le “faucon” qui commande les forces spéciales de l’Unité 101 fait raser le village de Kibya, proche de Jérusalem mais situé sur le territoire jordanien. Les maisons sont détruites à la dynamite et leurs habitants coincés à l’intérieur, surtout des femmes et des enfants, meurent dans des conditions atroces. Près de 70 victimes. Le Conseil de sécurité de l’ONU vote une résolution qui condamne Israël. En 1982, Ariel Sharon, alors ministre de la Défense, lance une invasion du Liban où la guerre civile fait rage. Officiellement pour déloger des hommes armés, une milice chrétienne libanaise alliée des Israéliens fait irruption dans les camps de réfugiés palestiniens de Sabra et Chatila. Le bilan est très variable selon les sources mais plusieurs centaines, voire plusieurs milliers de civils seront exterminés. En Israël, au moins 400.000 personnes descendent dans les rues pour protester, et une commission d’enquête officielle conclut à une responsabilité personnelle d’Ariel Sharon.

Pour les Palestiniens, il gardera très longtemps le surnom de “boucher de Sabra et Chatila”. Il est accusé aussi d’avoir provoqué le déclenchement de la seconde Intifada, la “guerre des pierres”, après une visite controversée le 28 septembre 2000 sur l’esplanade des Mosquées, le troisième lieu saint de l’islam situé à Jérusalem-est. Là encore, le Conseil de sécurité des Nations unies condamnera la “provocation” d’Ariel Sharon. Cela ne nuira pas à sa réputation en Israël puisque quelques mois plus tard, en février 2001, il sera largement élu au poste de Premier ministre. Mais qui aurait pu imaginer que le “bulldozer”(son autre surnom), un farouche partisan de la colonisation juive, serait un jour celui qui ordonnerait le retrait unilatéral de la bande de Gaza. Jamais un autre homme politique israélien n’avait osé avant lui, pas même un travailliste.

De la mi-août à la mi-septembre 2005, toutes les implantations juives construites sur ce territoire palestinien allaient être évacuées, malgré la résistance des colons et la protestation du propre parti conservateur d’Ariel Sharon, le Likoud. Grâce à cette décision encourageante pour le processus de paix au Proche-Orient, le chef du gouvernement israélien allait pour une fois recevoir les félicitations de la communauté internationale. Il avait changé peu à peu sa façon de voir les choses, expliquant : “J’ai appris par expérience que l‘épée seule ne peut résoudre une dispute amère pour cette terre”. Après avoir claqué la porte du Likoud puis créé un nouveau parti, Kadima, Ariel Sharon s’apprêtait à décrocher un troisième mandat de Premier ministre quand il fut terrassé par une attaque cérébrale. C‘était il y a plus de 8 ans…

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