Rosetta, la chasseuse de comète est sortie de son sommeil

Rosetta, la chasseuse de comète est sortie de son sommeil
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Par Euronews
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La journée a été éprouvante à Darmstadt : la belle endormie allait être répondre? A peine visible sur l‘écran de contrôle, enfin un bip, ou plutôt un flash, aussi minuscule que le cri de joie qui va suivre dans le centre de l’Esa sera explosif.

“Bonjour la Terre”. Au terme de deux ans et demi d’hibernation pour économiser son énergie, la sonde Rosetta s’est bien réveillée ce 20 janvier, huit heures après la réactivation de son système électronique, et à 800 millions de km de chez nous.

Une opération ultra-délicate, son échec aurait signé la fin de Rosetta, petit bijou de l’Agence spatiale européenne, qui a investi près d’un milliard d’euros dans l’aventure. Lancée en 2004, la sonde qui a déjà effectué 5 milliards de kilomètres va donc reprendre sa route direction la comète Churyumov, une boule de glace de 4 km de diamètre qu’elle devrait approcher au plus près cet été et commencer à examiner sous toutes les coutures.

Pour permettre de percer ses secrets, Rosetta a emmené avec elle le robot Philae, un petit laboratoire bourré de 100 kg de technologie qui si tout va bien, sera déployé sur la comète en novembre pour examiner sa composition. Autre opération délicate en perspective.

Pouvoir étudier de si près une comète est une première. Et la comète Churyumov pourrait donner de précieuses informations : parce qu’elle a vécu des milliards d’années dans l’espace profond, et n’a quasiment pas été dégradée par les rayons du Soleil, son témoignage sur l’Univers promet d‘être particulièrement lisible.

La scientifiques espèrent ainsi mieux comprendre l’origine et l’évolution de notre système solaire, et pourquoi la naissance de la vie sur Terre.

Claudio Rosmino, euronews:
Pour saisir l’importance de cette expédition, nous allons à Darmstadt, en Allemagne ou nous rejoint Paolo Ferri, le responsable de la mission Rosetta à l’Agence spatiale européenne, Professeur Ferri, merci d‘être sur euronews. Peut-on comparer cette mission au premier vol de Gagarine, de par ses ambitions scientifiques et l’absence de précédents?

Paolo Ferri, chef de la mission Rosetta
Oui, surement, dans le sens ou il n’y a effectivement, aucun précédent. C’est tout de même différent, on n’a pas d’homme à bord… Mais c’est une révolution dans le sens ou l’on ne s’est jamais rendu sur une comète, on ne s’y est jamais posé. On est passé vers des comètes, on en a survolé, mais y arriver et rester, ça c’est difficile. Personne n’a essayé d’atterrir. Et c’est surement une première historique dans les vols spaciaux.

Claudio Rosmino:
Le réveil de Rosetta a été un succès, mais ce n’est que le début. Quelles sont les prochaines étapes difficiles de la mission?

Paolo Ferri:
La prochaine étape critique, très critique, c’est celle que nous appellons “la manoeuvre de rendez-vous”. Actuellement, la sonde voyage à une vitesse différente par rapport à la comète, d’environ 1km/seconde. Nous ne pouvons pas continuer comme ça, nous devons aller plus ou moins à la même vitesse que la comète, pour pouvoir voler autour d’elle. Cette manoeuvre aura lieu en mai, elle va durer plusieurs jours, et elle doit réussir. Si ça ne marche pas, nous n’arriverons pas sur la comète.
Lorsque nous arriverons au dessus de la comète, il faudra du temps, c’est une phase qui se prolongera pendant plusieurs semaines, nous allons réapprendre à voler. Car voler autour d’une comète – ce que personne n’a encore jamais fait- se passe dans un environnement très dynamique. Ce n’est pas voler dans l’espace comme le font tous les satellites, dans une ambiance calme avec seulement l‘énergie gravitationnelle des planètes et du soleil, et le vide autour. Ici, on vole dans un environnement de gaz, de poussières, avec un champ gravitationnel presque inexistant, comparable à celui de la radiation de la lumière solaire. Après, il faut chercher d’un point d’atterrissage, nous devrons cartographier la surface. Et il y a l’atterrissage lui-même, ça va être difficile. C’est quelque chose que nous avons planifié, reste à voir comment ça va se passer.

Claudio Rosmino:
Beaucoup de scientifiques ont comparé cet événement à un voyage en arrière dans le temps de 4,5 milliards d’années : qu’espérez-vous découvrir?

Paolo Ferri :
Avec Rosetta, nous allons jusqu‘à la comète et nous y restons deux ans… Nous allons donc suivre l‘évolution, ou au moins une grande partie de l‘évolution, de la vie, de cette comète qui met six ans pour faire le tour du soleil. Nous arrivons à un moment où elle est encore peu active, c’est là qu’on va suivre son activité car en s’approchant du soleil elle va commencer à émettre de plus en plus de gaz et de poussières, et puis, on va atterrir sur la comète. Cela signifie qu’après Rosetta, la science des comètes sera complètement différente. En cela, c’est un pas de géant.

Claudio Rosmino:
Professeur Ferri, certains de vos collègues de l’ESA ont comparé le signal du réveil de Rosetta au coup de téléphone d’un enfant parti de la maison des années plus tôt. Que ressentez-vous personnellement vis à vis de cette mission?

Paolo Ferri:
Le fait de ne pas voir la sonde… On a été en contact quasi permanent avec elle pendant de nombreuses années, avant et après son lancement… Et puis on ne la voit plus pendant deux ans et demi, alors oui, on a ce sentiment-là. Et puis, tout simplement, on sait qu’on n’aura aucun signe d’elle jusqu‘à ce moment précis, exactement comme avec ce fils avec qui on a convenu de s’appeler dans deux ans.. Alors 3/4 d’heure de retard -même si c‘était dans la plage horaire d’une heure, comme convenu – ce furent les 3/4 d’heure les plus longs de ma vie.

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