En Inde, violée collectivement pour punir un amour interdit

En Inde, violée collectivement pour punir un amour interdit
Par Euronews
Partager cet articleDiscussion
Partager cet articleClose Button
PUBLICITÉ

La liste déjà impressionnante des viols en Inde s’allonge encore, ajoutant à la souffrance et l’incompréhension son lot de sordide.

Cette fois, c’est une jeune femme de 20 ans qui a été victime mardi d’un viol en réunion par 13 hommes, sur ordre d’un conseil de village pour la punir d’avoir une relation interdite avec un homme d’une autre communauté.

La malheureuse avait été surprise la veille avec son amoureux, déclenchant l’ire de ce village du Bengale occidental. Convoqués dès le lendemain sur la place du village par le chef de la communauté, les jeunes gens ont été attachés à deux arbres différents et dans un premier temps condamnés à une amende de 25.000 roupies chacun pour avoir eu une liaison interdite. La famille présente sur place se déclarant incapable de payer l’amende, le chef du conseil de village a ordonné en punition qu’elle soit violée par les habitants.

La jeune femme a été hospitalisée dans un état critique dans un hôpital du district. Il aura fallu deux jours à la famille pour oser porter plainte, et la victime a pu identifier 13 agresseurs. Ils ont été arrêtés par la police et devaient comparaître devant un tribunal jeudi soir.

Une agression qui illustre le poids de la tradition dans la société fondamentalement patriarcale de ce pays ou un viol aurait lieu toutes les 20 minutes…. Les conseils de village, composés des hommes les plus âgés, exercent une influence importante sur la vie sociale dans les régions rurales, en particulier dans le nord de l’Inde, imposant fréquemment des diktats pour de supposées fautes morales.

Elle intervient un peu plus d’un an après le viol en réunion à New Delhi d’une étudiante dans un bus, qui n’a pas survécu à ses blessures. Ce drame sordide avait soulevé une vague d’indignation sans précédent. Des manifestations s‘étaient succèdées appelant à une prise de conscience de la façon dont les femmes sont traitées dans le pays, et dénonçant l’apathie de la police et de la justice à l‘égard des victimes d’agressions sexuelles. Après ce viol et l‘émotion populaire qu’il a déclenchée, les lois contre les délinquants sexuels ont été durcies en mars et la peine de mort introduite pour les violeurs dont les victimes sont décédées. Arrêtés, quatre des six violeurs de l‘étudiante ont été condamnés à mort.

Pour autant, en dépit d’un durcissement des lois et d’efforts pour modifier les comportements envers les femmes, le nombre de crimes sexuels continue d’augmenter en Inde. Ce ne sont pas seulement les indiennes qui en sont victimes, les touristes également. Il y a dix jours, c’est une danoise de 51 ans qui a été violée et dévalisée par un groupe de SDF dans le centre de New Dehli. C’est loin d‘être un cas isolé.

Les associations de défense des droits des femmes, et la presse indienne estiment que la misogynie continue de régner en maître dans une société dominée par les hommes et que le pays tarde à prendre la mesure de l’ampleur des agressions et viols, dont le nombre a plus que doublé entre 1990 et 2008.

Sur les 256.329 crimes violents recensés en 2011, 228.650 visaient des femmes, avec un taux de condamnation pour viol de 26% selon les chiffres du Bureau national du crime.

Les militants soulignent que ces chiffres sont une conséquence directe de l‘échec des autorités à lutter contre une culture où le harcèlement sexuel est souvent considéré comme un jeu ne prêtant pas à conséquence. L’expression populaire utilisée en Inde pour évoquer harcèlements et agressions, “taquiner Eve” – en référence à la nature tentatrice de la première femme selon l’histoire biblique des origines – souligne à quel point la société ne prend pas en compte le préjudice subi par les victimes.

Illustration : Manifestation à New Delhi (29.12.2013) dénonçant les violences faites aux femmes en Inde et marquant le premier anniversaire de la mort d’une étudiante, après avoir été violée par plusieurs hommes le 16 décembre 2012. (Reuters/Anindito Mukherjee)

Partager cet articleDiscussion

À découvrir également

Affaire Daniel Alves : libération sous caution en vue pour le footballeur, condamné pour viol

Harcèlement de rue : une application qui indique les "lieux sûrs" aux victimes

De nombreuses mobilisations lors de la journée internationale des droits des femmes