"L'Iran n'a pas de forces armées en Syrie" dit Mohammad Javad Zarif

"L'Iran n'a pas de forces armées en Syrie" dit Mohammad Javad Zarif
Par Euronews
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Deux mois ont passé depuis la signature d’un accord entre l’Iran et les grandes puissances mettant fin à une décennie de crise nucléaire. Moins d’un jour plus tard, Iraniens et Américains ont aussitôt remis en cause les termes de l’accord en disant qu’ils ne savaient pas qui s‘était engagé à quoi.
Nous recevons Mohammad Javad Zarif, ministre iranien des Affaires étrangères.

Fariba Mavaddat, euronews :
“Qu’est-ce qui ne va pas dans cet accord ? Pourquoi vous disputez-vous avec les Américains ?”

Mohammad Javad Zarif, ministre iranien des Affaires étrangères :
“Ce n’est pas ce qu’on fait. En réalité, on respecte l’accord à la lettre. C’est pourquoi nous n’avons pas fait de communiqué écrit. On estime qu’il est important pour nous de profiter de cette occasion pour bâtir la confiance.”

euronews :
“Pas une semaine ne passe sans que vous disiez : “non, on continue notre programme nucléaire” et les Etats-Unis répondent : “non, ils n’ont pas le droit de le faire.” Aussitôt après la conférence de presse tenue à l’issue des négociations de Genève, vous avez dit que vous alliez continuer votre programme nucléaire. Puis John Kerry est arrivé et il a dit que vous n’aviez pas le droit de le faire. Aujourd’hui, le grand public doit savoir ce qu’il en est.”

Mohammad Javad Zarif :
“L’accord est très clair : il y a certaines parties du programme nucléaire iranien qui vont se poursuivre et d’autres comme l’enrichissement d’uranium à plus de 5% que nous sommes d’accord pour stopper.”

euronews :
“Donc toutes ces déclarations, c‘était pour le public iranien, je suppose.”

Mohammad Javad Zarif :
“J’ai essayé de rester très fidèle à l’accord et je n’ai pas essayé de maquiller les choses pour les embellir aux yeux du public iranien. C’est pour cela que je n’ai pas fait de communiqué écrit.
L’Iran n’a pas tenté de gagner aux dépends de l’autre camp parce que nous pensons que ce n’est pas tenable.
Nous avons donné notre accord pour participer à une rencontre à Vienne le 18 février où nous commencerons à travailler sur la partie la plus difficile, à savoir un accord global.”

euronews :
“En échange d’une révision à la baisse de votre programme nucléaire, vous êtes en train de recevoir par tranche, sept milliards de dollars d’avoirs iraniens gelés aux Etats-Unis. Confirmez-vous l’information ?”

Mohammad Javad Zarif :
“Il y a un allègement des sanctions. Bien sûr, dès le départ, on a estimé que ces sanctions n‘étaient pas légales parce que c‘était notre argent et qu’il n’existe aucun instrument international légal qui puisse nous empêcher d’avoir accès à notre argent. De l’argent sera disponible et il y a d’autres sommes en jeu comme les revenus de nos ventes de produits pétrochimiques : ce sont des montants qui s’ajoutent à d’autres et je ne vais pas lancer une polémique sur le chiffre exact en dollars parce que nous n’en sommes qu’au début. Nous connaîtrons le montant final quand nous serons à la fin de la période de six mois.”

euronews :
“Donc en gros, vous êtes en train de recevoir votre argent par tranche, mais vous ne le touchez pas souvent sous forme de liquidités. Donc ce qu’on impose à l’Iran revient à dire : “on veut bien vous rendre cet argent ; mais en échange, on vous vend nos produits au prix que l’on veut.”

Mohammad Javad Zarif :
“Non, ce n’est pas le cas. En réalité, on peut récupérer une partie de cet argent sous forme de liquidités et le reste en lettres de crédit ouvertes auprès de quiconque nous vendant des produits. Je n’aime pas me faire imposer des choses et je n’accepterai jamais qu’on m’en impose.”

euronews:
“Mais ils ont fixé une limite aux exportations de pétrole…”

Mohammad Javad Zarif :
“Ils avaient déjà fixé une limite aux exportations de pétrole auparavant. Là, ils ont donné leur accord pour ne pas l’abaisser. Comme je l’ai dit, ces sanctions étaient de toutes façons illégales, mais nous sommes confrontés à un monde qui n’est pas régi par la légalité. Nous sommes dans un monde où malheureusement, la puissance politique et économique des Etats-Unis parvient en général à convaincre les autres pays et le secteur privé…”

euronews :
“Vous considérez-vous comme une victime ?”

Mohammad Javad Zarif :
“Je vois la communauté internationale comme une victime parce que nous avons permis à la loi du plus fort de s’imposer. C’est un fait et je ne veux pas polémiquer sur ce sujet.
Aujourd’hui, nous voulons aller de l’avant et établir un nouveau genre de relation avec la communauté internationale.
Comme vous le savez, nous sommes entrés en fonction il y a seulement six mois et nous avons hérité d’une situation qui n’est pas la meilleure qui soit.
Les Etats-Unis ont pu à cause de certaines erreurs qui avaient été commises, imposer leurs vues au reste de la communauté internationale. Ce n’est pas une pratique saine, mais elle continue malgré tout.”

euronews :
“Vous avez invité des compagnies pétrolières et des groupes internationaux à venir en Iran pour signer des contrats en matière de pétrole iranien. Quels sont les termes des accords que vous avez passés ? Si tant est que vous ayiez déjà signé des contrats…”

Mohammad Javad Zarif :
“Non, nous n’en sommes qu’au début, nous n’avons pas encore signé de contrat…”

euronews :
“Allez-vous rendre publics ces contrats ?”

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Mohammad Javad Zarif :
“En règle générale, les contrats pétroliers ne sont publics dans aucun pays. Des clauses de confidentialité s’appliquent à tous les contrats conclus, mais il existe des limites constitutionnelles.
On essaie d’ouvrir davantage notre secteur pétrolier aux investissements étrangers et notre ministre du pétrole est en train d‘établir de nouveaux types d’accords. Je suis certain que le modèle de contrat sera rendu public. Nous le communiquerons dès qu’il sera prêt : de cette façon, tout le monde – chaque compagnie pétrolière – pourra profiter des ouvertures nouvelles sur le marché iranien qui d’ailleurs, est très apprécié des compagnies pétrolières internationales. Mais les détails de chaque contrat que nous signons avec des entreprises seront soumis aux clauses de confidentialité qui s’appliquent dans ce cas.”

euronews :
“Les Iraniens s’inquiètent de la situation dans laquelle vous vous êtes retrouvés : pour eux, vous avez cédé à la pression de la communauté internationale. Ils craignent que les contrats soient signés au bénéfice des groupes pétroliers et que l’on revienne au temps de la dynastie kadjar.”

Mohammad Javad Zarif :
(rires) “Ce n’est certainement pas ce qui va se passer. Les Iraniens ont la possibilité d’exprimer leur opinion, à savoir dans les urnes. Et c’est ce qu’ils ont fait dans le passé.
S’ils pensent que notre comportement dépasse les limites de l’intérêt national, ils s’exprimeront de nouveau.”

euronews :
“Récemment, vous avez dit que toutes les forces étrangères en Syrie devaient quitter le pays et laisser la population décider de son sort. Dans ce cas, pourquoi le corps d‘élite al-Qods qui fait partie de la branche armée des gardiens de la révolution est-il très présent en Syrie ?”

Mohammad Javad Zarif :
“Ce que j’ai dit et ce que je continue de penser, c’est que l’avenir de la Syrie est dans les mains du peuple syrien et il devrait pouvoir décider de son sort sans subir des influences extérieures.
Maintenant, l’Iran apporte son soutien à une issue politique parce que nous pensons qu’il n’y a pas de solution militaire…”

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euronews:
“Mais il y a une présence militaire iranienne sur place…”

Mohammad Javad Zarif :
“Nous n’avons pas de présence militaire. Le gouvernement syrien est reconnu par les Nations-Unies, il a un siège aux Nations-Unies et l’Iran entretient de longue date, des relations avec ce gouvernement.
Je pense que ceux qui soutiennent les groupes figurant sur la liste onusienne des organisations terroristes devraient être tenus responsables de l’aide qu’ils leur apportent – en argent, en armes -.
Je ne vois aucune loi qui interdirait d’avoir des relations avec la Syrie, mais je le répète : l’Iran n’a pas de forces armées en Syrie.”

euronews :
“Depuis l’accession au pouvoir d’Hassan Rohani, le nombre d’exécutions a considérablement augmenté en Iran. Qu’avez-vous à dire à ce propos ?”

Mohammad Javad Zarif :
“Notre justice est indépendante et les élections présidentielles ont très peu d’influence sur notre justice. Bien sûr, on ne s’implique pas personnellement, on n’intervient pas dans les affaires judiciaires.
On aimerait évidemment qu’il y ait moins d’exécutions partout dans le monde, on voudrait qu’il y ait un plus grand respect des droits de l’Homme dans tous les pays.
La situation des droits de l’Homme dans notre pays peut certainement être améliorée, mais ce gouvernement a besoin de temps pour agir dans tous les domaines de la vie en Iran.”

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