La France juge « légitimes » les revendications du Niger face à Areva

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Par Ewa Dwernicki
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Alors que les ONG nigériennes annonçaient l’organisation jeudi d’une manifestation contre Areva, le gouvernement français a témoigné son soutien aux autorités de Niamey dans le litige qui l’oppose à l’entreprise française. Le ministre délégué au Développement, Pascal Canfin, a jugé «légitimes» les demandes de Niamey d’augmenter ses recettes fiscales tirées de l’exploitation de l’uranium du pays.

Depuis plus d’un an, Areva et l’Etat nigérien sont en intenses négociations pour prolonger les contrats d’exploitation par Areva des deux mines d’uranium, la Somaïr et la Cominak, que les autorités du pays comme sa population jugent désavantageux. Lesdits contrats sont arrivés à échéance le 31 décembre 2013.

Différend sur la fiscalité

Niamey souhaite que les deux sites d’Areva, exploitées depuis le début des années 1970, appliquent le code minier de 2006 qui supprime des exonérations fiscales, accordées auparavant à l’entreprise française. Le code porte aussi taux de redevance minière de l’Etat nigérien à 12% de la valeur des ressources extraites, en fonction des profits, contre 5,5% actuellement.

Areva refuse l’application de la loi de 2006, ce qui bloque les négociations. Selon le groupe, les nouvelles conditions d’exploitation compromettraient la rentabilité de ses mines, dont il extrait un tiers de son uranium. Son argumentation consiste à rappeler la chute des cours mondiaux de l’uranium qui atteint près de 70% depuis le pic de 2007.

Le Niger veut davantage profiter du combustible nucléaire

Pour le Niger, le principal enjeu du bras de fer avec Areva est la volonté du pays de s’enrichir enfin grâce au combustible nucléaire, et ceci en augmentant la contribution du groupe nucléaire français au budget national.

Devenu en moins de 40 ans le 4e producteur mondial d’uranium, le Niger reste l’un des pays les plus pauvres de la planète. Plus de 60% de ses 17 millions d’habitants disposent de moins d’un dollar par jour pour vivre.

De son côté, Areva soutient que plus de 80% des revenus (taxes et dividendes) générés par les mines depuis leur création sont revenus à l’Etat du Niger.

Ces chiffres sont contestés par l’ONG Oxfam pour qui Niamey, entre 1971 et 2010, n’aurait perçu que 459 millions d’euros, soit 13% de la valeur totale des exportations d’uranium évaluées à 3,5 milliards d’euros.

Accusé par ailleurs de ne pas assez contribuer au développement de la région dans laquelle il est implanté depuis plus de 40 ans, Areva affirme dépenser près de six millions d’euros par an dans des projets sanitaires et économique au Niger, et de construire ou de rénover des écoles.

L’Etat français, "actionnaire majoritaire"

Bien qu’Areva soit détenu à environ 87% par l’Etat français, Paris a rappelé qu’il ne s’agissait pas de « négociations entre la France et le Niger, mais entre le groupe Areva et les autorités du Niger ». Cependant, l’intervention du ministre laisse supposer, selon le communiqué d’Oxfam France, que « le gouvernement suit enfin le dossier et pourrait prendre ses responsabilités d’actionnaire majoritaire ».

Selon Ali Idrissa, le coordonnateur du Réseau des organisations pour la transparence et l’analyse budgétaire (Rotab), l’une des ONG organisatrices de la marche contre Areva prévue le jeudi 6 février, «que le gouvernement français lui-même reconnaisse que les contrats d’uranium sont déséquilibrés, c’est une avancée significative dans notre lutte».

Areva et le gouvernement nigérien se sont accordés pour conclure les négociations en cours à la fin du mois de février.

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