Référendum sur l'immigration en Suisse : le choc à Bruxelles

Référendum sur l'immigration en Suisse : le choc à Bruxelles
Par Euronews
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Les Suisses ont donc tranché bien qu‘à une très faible majorité. Ils demandent le rétablissement des quotas pour l’immigration. Sur les 23% d‘étrangers vivant dans la confédération, les deux tiers viennent de pays européens, et eux aussi sont concernés. Exit donc l’accord de libre-circulation avec l’Union.

“ Je trouve qu’il faut commencer à contrôler la venue des étrangers. Il y a d’autres pays qui le font : les Etats-Unis, l’Australie. Vous ne pouvez pas avoir un permis de travail comme ça “, dit un passant à Genève.

Dès lors, les travailleurs transfrontaliers s’inquiètent eux aussi de leur sort. Dans cette galerie marchande de Genève, les vendeuses venues de France sont nombreuses. Et elles voient mal le pays leur fermer la porte :

“ Je pense qu’il y aura un problème, mais c’est plutôt la Suisse qui sera ennuyée “, souffle la première.
“ La Suisse n’a pas suffisamment de personnes qui pourraient remplacer les employés frontaliers “, estime une autre.

La Suisse a trois ans pour transcrire dans la loi l’issue du référendum. Le changement ne sera donc pas immédiat pour les transfrontaliers.Chaque jour, ils sont 145.000 Français, 65.000 Italiens et 57.000 Allemands à passer la frontière pour venir travailler en Suisse.

Cette décision suisse, nous l’avons évoquée avec le président de la commission affaires étrangères au Parlement européen, Elmar Brok.

euronews : “Est-ce que ce résultat a été une surprise pour vous ? “

Elmar Brok : “ Finalement oui, parce que j’espérais que les arguments en faveur des intérêts suisses étaient suffisamment forts et je ne pouvais pas croire qu’une si petite majorité se soit prononcée contre les intérêts du pays. “

euronews : “ Certains ministres européens des Affaires étrangères ont clairement dit que la liberté de mouvement allait de pair avec l’accès au marché européen. Est-ce que cela signifie que si la Suisse applique cette décision, le pays pourrait perdre l’accès au marché intérieur ? “

Elmar Brok : “ Le gouvernement suisse va devoir faire des propositions dans les trois ans, donc nous n’avons pas de raison d’agir maintenant. Mais nous savons que cet accord avec la Suisse fait partie d’un ensemble d’accords. Et les autres sont aussi menacés en raison de la situation juridique. Or ces accords sont dans l’intérêt de la Suisse. La participation au marché intérieur et la libre-circulation des travailleurs font partie de ces accords et il sera difficile d’expliquer aux Européens cette façon de faire un tri. “

euronews : “ L’histoire a montré que généralement les Suisses rejettent les propositions qui peuvent affecter leur économique. Que s’est-il passé cette fois-ci ? Les avertissements du gouvernement n’ont pas été entendus ? “

Elmar Brok : “ Nous voyons déjà aujourd’hui que cette décision a causé beaucoup de problèmes en Suisse avec toutes ces manifestations. Et il faut souligner que c’est surtout à la campagne et dans la partie germanophone du pays que l’on a voté pour. Vu de l‘étranger, c’est étonnant et j’espère que cela n’entrainera pas une division plus marquée au sein de la Suisse comme cela s’est déjà produit sur les questions européennes. “

euronews : “ Ce vote intervient un peu plus de trois mois avant les élections européennes, au cours desquelles les partis anti-immigration sont censés gagner du terrain. Est-ce que ce vote donne du grain à moudre aux eurosceptiques ? “

Elmar Brok : “ Ils vont l’utiliser mais c’est quelque chose que nous devons affronter directement. Nous devons rappeler pourquoi la libre-circulation est un tel avantage , et je pense que la grande majorité des personnes sont d’accord avec cela. Cela nous sert d’avertissement et nous devrons y répondre pendant la campagne électorale. “

euronews : “ Le gouvernement britannique a aussi des idées similaires, il veut réduire la courbe de l’immigration. D’autres pays ont les mêmes intentions. Ne pensez-vous que la libre-circulation soit remise en cause ? “

Elmar Brok : “ Dans l’Union européenne, c’est différent parce qu’il y a une législation commune. Dans le cas de la Suisse, c’est un accord bilatéral. Et s’il y a des gens qui sont mécontents des abus, notamment des abus de personnes qui touchent les aides sociales, alors je pense qu’il doit être clair que la législation européenne rend possible l’interdiction de telles pratiques. “

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