Serhiy Taruta : "le bassin de Donetsk n'est pas la Crimée"

Serhiy Taruta : "le bassin de Donetsk n'est pas la Crimée"
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Par Euronews
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Retour progressif au calme à Donetsk, cadre ces dernières heures de grosses manifestations pro-russes et de la prise du siège du parquet et des services spéciaux. Les protestataires ont quitté les lieux et leur chef Pavel Gubarev a été arrêté sur ordre du tout nouveau gouverneur de la région, le richissime homme d’affaires Serhiy Taruta.

Si la nomination d’un oligarque à la tête du gros bassin minier de l’Est a été diversement appréciée par les activistes de Maidan, elle fait partie de la stratégie des nouvelles autorités de Kiev pour contrer le séparatisme pro-russe dans les régions sensibles.

Milliardaires et influents, en réinvestissant leur forturne les oligarques ont soutenu l‘économie et crée des milliers d’emplois, s’assurant le respect des habitants et des élites régionales. Des oligarques qui ont tout intérêt à défendre la stabilité de l’Ukraine pour protéger leurs affaires…

La région de Donetsk pourrait-elle devenir une nouvelle Crimée, notre correspondante Angelina Kariakina a rencontré son nouveau gouverneur Serhiy Taruta.

Angelina Kariakina, euronews :
Que se passe-t-il actuellement dans la région du Donbass? Dans quelle mesure l’opinion est-elle favorable à un référendum, voire un rattachement à la Russie?

Serhiy Taruta, gouverneur de la région de Donetsk :
C’est une rhétorique pour déstabiliser la situation dans notre région. Je comprends bien que c‘était un scénario élaboré pour la Crimée. C‘était le point le plus fort du scénario en Crimée, en fait. Mais le bassin du Donbass n’a pas besoin de cela. Ici, les gens veulent plus de pouvoir, ils veulent un pouvoir décentralisé. Le Parti des régions et le président Ianoukovitch ont gagné beaucoup d’appuis ici, précisément grâce aux promesses de décentralisation. Il a promis beaucoup d’autres choses, mais il n’a pas pu les satisfaire. Ici, les gens souhaitent gagner leur prospérité de leurs propres mains. C’est évident, et juste, selon moi. Mais nous devons agir conformément à la loi. Et la loi stipule que la tenue d’un référendum doit être décidé au niveau de l‘État.

euronews :
Croyez-vous que la Russie puisse intervenir dans l’est et le sud de l’Ukraine ?

Serhiy Taruta :
Je ne crois pas à ce scénario, je crois au bon sens. Nous ne sommes pas en Crimée.
97-98 % de la population ici se rend compte que toute intervention serait vraiment dangereuse et déstabiliserait la vie de la région. Elle entraînerait un conflit à long terme. Je crois que coté russe, on le sait aussi. Je pense qu’il s’agit plutôt d’une sorte de joute psychologique pour provoquer les gens. Je ne vois pas de menace, même si, d’après mes informations, nous avons les moyens de protéger notre région .

euronews :
Quel est l‘état d’esprit de la police locale? Est-il possible qu’elle se mette du coté des protestataires?

Serhiy Taruta :
La police actuellement vit une sorte de “syndrôme post-Maydan”. Ils craignent d‘être accusés, comme pendant les troubles à Maydan, de se retourner contre les manifestants, même s’ils emploient des moyens légaux. Ce que nous avons fait dès le premier jour , c’est de changer les chefs de la police et des services de sécurité de Donetsk – nous avons senti immédiatement la différence : maintenant, la police est plus efficace. Même si nous avons tant de choses à faire, tant de changements à mener, nous espérons que la situation va vraiment changer dans la semaine à venir .

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