Municipales : le Front National sonne la deuxième charge

Municipales : le Front National sonne la deuxième charge
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Par Joël Chatreau
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Désillusion complète, abstention jamais vue en France pour des élections municipales : 38,72%. Le record, pourtant historique, du scrutin de 2008 avec 33,46% d’abstention, est battu ! La grève des électeurs est particulièrement marquante dans le département du Nord : l’abstention a atteint 61,58% à Roubaix. A l’autre extrémité de la France, à Marseille, 46% des électeurs n’ont pas pris la peine de se déplacer.

Petite phrase cinglante d’Olivier Besancenot, du Nouveau Parti anticapitaliste : “Le système politicien est carbonisé !”

A l’exception de Marseille, c’est dans les villes du Sud-Est qu’on a le plus voté. Le Front National, plus fort encore qu’on ne l’attendait, y a d’ailleurs réalisé quelques-uns de ses meilleurs résultats, preuve que l’abstention n’a pas forcément servi le mouvement d’extrême-droite. Le “héros” du FN est son secrétaire général, Steeve Briois, élu maire de Hénin-Beaumont, dans le Pas-de-Calais, dès le premier tour. Dimanche soir sur France-Télévisions, en le regardant parler, Marine Le Pen n’avait pas le sourire forcé qu’on lui connaît mais un sourire d’enfant qui vient de voir le Père Noël.

Petite phrase, se voulant rassurante, de Steeve Briois : “Il n’y aura aucune chasse aux sorcières à Hénin-Beaumont, ce n’est pas le genre de la maison”.

Le Front National affirme qu’il participera à 315 seconds tours dimanche prochain. Près de 110 villes de plus de 30.000 habitants pourraient être le théâtre de triangulaires, en grande majorité des villes où le FN s’est qualifié. Le vice-président du parti et compagnon de Marine Le Pen, Louis Aliot, est déjà en tête à Perpignan, dans les Pyrénées-Orientales, devant le maire sortant UMP. Florian Philippot, autre vice-président, mène de son côté la course à Forbach, en Moselle, devant un candidat du PS.
A noter qu‘à Vénissieux, dans le Rhône, une liste d’extrême-droite encore plus radicale a réussi à se qualifier pour le second tour avec 11,49% des voix. Elle est notamment menée par Alexandre Gabriac, exclu du FN et ex-dirigeant des Jeunesses nationalistes, un groupuscule dissous par les autorités l‘été dernier.

La droite de l’UMP et ses alliés centristes de l’UDI profitent également en partie de la sanction à l’encontre du gouvernement socialiste. Selon les résultats fournis par le ministère de l’Intérieur à l’issue de ce premier tour des élections municipales, la droite obtient 46,54% et la gauche 37,74%.
La poussée de l’UMP est notable en région parisienne où le parti a déjà remporté une victoire dans plusieurs villes. En Seine-et-Marne, ses patrons comme Jean-François Copé, le président de l’UMP, et Christian Jacob, le chef des députés de l’opposition, ont été réélus largement, respectivement à Meaux et à Provins. Dans les Hauts-de-Seine, les barons comme André Santini à Issy-les-Moulineaux et Patrick Balkany à Levallois-Perret gardent leurs fiefs. A Bordeaux, l’ancien Premier ministre Alain Juppé conserve facilement sa ville. Jean-François Copé maintient la doctrine du “ni, ni” (ni Front National, ni “front républicain”), élaborée par Nicolas Sarkozy en 2011.

Petite phrase stratégique de Jean-François Copé : “Si dans un certain nombre de villes, on revote FN au second tour, c’est un coup de main à la gauche”.

Le Parti socialiste appelle au contraire au barrage républicain, dénonçant “l’ambiguïté” de la droite. Sa liste d‘échecs potentiels au second tour est longue, de Toulouse à Caen en passant par Saint-Etienne et Strasbourg. Parmi la vingtaine de villes que la majorité espérait conquérir, Avignon reste l’une des rares chances. Pour limiter la casse, il faudra un réel sursaut des abstentionnistes.
Le symbole cuisant du désaveu est la deuxième ville de France, Marseille. Patrick Mennucci n’y arrive qu’en troisième position avec 20,77% des voix. Il est loin d’avoir détrôné le sortant UMP, Jean-Claude Gaudin, qui, bien qu’assis dans le fauteuil de maire depuis 19 ans, a décroché un score de 37,64% des suffrages. Dans son propre secteur, Patrick Mennucci est largement distancé par le candidat UMP. Autre revers, dans son secteur marseillais, la socialiste Samia Ghali n’a que quatre points d’avance sur le candidat du Front National.

Petite phrase idéaliste de Patrick Mennucci : “Au delà des apparences, des chiffres, rien n’est joué !”

Petite phrase réaliste de Samia Ghali : “La ville est difficilement gagnable, c’est une réalité, il ne faut pas mentir !”

A Paris, la bataille sera âprement disputée. L’ancienne ministre de Nicolas Sarkozy, Nathalie Kosciusko-Morizet, a un peu plus d’un point d’avance sur Anne Hidalgo, la dauphine du maire sortant, Bertrand Delanoë. Cependant, les listes socialistes sont en tête dans deux arrondissements-clés, le XIIe et le XIVe, qui permettent de faire élire de nombreux conseillers. Anne Hidalgo a trouvé un accord avec les Verts parisiens pour fusionner les listes.

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