Hongrie : le Fidesz promis à la victoire?

Hongrie : le Fidesz promis à la victoire?
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Par Euronews
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Ce dimanche, les Hongrois se rendent aux urnes pour choisir les membres de leur Parlement. Mais ce scrutin n’est pas comme les autres. C’est la première fois depuis le changement de régime en 1990 que le système électoral a été aussi profondément modifié.

Des changements que l’on doit au parti conservateur Fidesz, qui contrôle les deux tiers du parlement. Ainsi, il n’y a plus qu’un tour, le nombre de députés est quasiment divisé par deux, et une victoire à la majorité relative suffit pour gagner, un paramètre déterminant dans les circonscriptions qui ont été redécoupées – c’est la mesure phare de la réforme électorale.

Aussi, pour la première fois, les Hongrois de souche vivant en Roumanie ou en Slovaquie pourront voter. Et traditionnellement, cet électorat penche du côté des conservateurs du Fidesz.

Euronews fait le point sur les enjeux de ce scrutin avec un analyste politique, mais d’abord, ce reportage réalisé par notre correspondante à Budapest :

C’est un Parlement restreint qui va découler des élections législatives en Hongrie. Près de la moitié des sièges de députés vont en effet disparaître, conséquence de la réforme du système électoral mise en place par le Fidesz, le parti conservateur au pouvoir.

Cette réforme, qui a également abouti à un redécoupage des circonscriptions et à la suppression du second tour, devrait permettre à la formation de Viktor Orbán et à ses partisans de remporter la victoire.

‘‘Nous avons fait en quatre ans, ce que les précédents gouvernements n’avaient pas réussi à faire en vingt ans. Parfois, j’ai l’impression que nous avons même fait plus’‘, a-t-il lancé à ses partisans.

De notre correspondante à Budapest, Andrea Hajagos : ‘‘Les représentants des partis politiques ont tenu leurs derniers meetings de campagne. Pour Viktor Orbán, c‘était sur la place des Héros. Le Premier ministre, qui brigue un nouveau mandat, assure que son gouvernement a reconstruit la Hongrie. De son côté, le leader de l’opposition Attila Mesterházy a appelé les Hongrois à ne pas soutenir le Fidesz, responsable, selon lui, de l’appauvrissement du pays.’‘

‘‘Nous devons leur faire payer toutes ces bassesses, ces humiliations et intimidations que nous avons dû subir au cours des quatre dernières années’‘, a déclaré Attila Mesterházy, lors de son dernier meeting.

En raison du nouveau système électoral, les partis de gauche ont dû constituer une liste commune. Un mariage forcé, même s’ils partagent le même objectif : chasser Viktor Orbán du pouvoir.

Quant à l’extrême droite, elle pourrait réaliser une percée. Coutumière des slogans antisémites et anti-tziganes, elle a affiché lors de la campagne un visage moins radical, espérant ainsi attirer les déçus du Fidesz.

En dépit de rivalités politiques profondes, il y a eu finalement peu de débats sur des thématiques majeures. Le Fidesz a fait savoir que son seul programme était de poursuivre sa politique engagée depuis quatre ans, comme la réduction de la facture énergétique. Le gouvernement a ainsi réduit le prix du gaz quelques jours avant les élections.

L’opposition, elle, a concentré ses attaques sur l‘élargissement de la centrale nucléaire de Paks. Un chantier estimé à dix milliards d’euros et financé grâce à un crédit russe.

Mais la gauche a dû affronter en pleine campagne une affaire de corruption, impliquant le vice-président du Parti socialiste. Ce dernier a été arrêté après la découverte d’un compte non déclaré en Autriche, sur lequel figurait des centaines de milliers d’euros.

Enfin, les autorités ont pris soin d’inaugurer, avant les élections, plusieurs chantiers comme une nouvelle ligne de métro. Une place du centre de Budapest et des parcs ont également été rénovés. Et bientôt un grand stade verra le jour dans le village de Viktor Orbán, qui est un grand amateur de ballon rond.

Gabor Kovacs, euronews :
“En direct de Budapest, nous retrouvons Gabor Török, analyste politique. Expliquez-nous quels sont les enjeux de ce scrutin ?”

Gabor Törèok, analyste politique :
“Si l’on se fie aux derniers sondages, la véritable question aujourd’hui, c’est : quel genre de majorité le Fidesz va-t-il obtenir au parlement ? Ils ont une très bonne chance de conserver leur majorité des deux tiers.”

euronews :
“Comment expliquez-vous le fait que les sondages à la fois président une majorité des deux tiers, mais aussi indiquent que la majorité de l’opinion publique voudrait un changement de gouvernement ?”

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G. Török :
“Oui, la plupart des sondages montrent que la moitié de la population est favorable au changement, mais ils soulignent aussi qu’une très grande proportion de ces gens ne se retrouvent dans aucun parti politique.”

euronews :
“Comment peuvent-ils choisir ? Les programmes des partis n’ont pas été évoqués, il n’y a pas eu de débat entre les candidats, et la campagne est restée très limitée sur le terrain. Dès lors, qu’est-ce qui va pousser les électeurs à choisir ?”

G. Török :
“Pour être honnête, une seule question est pertinente, à savoir : Orbán doit-il rester ou partir ? La gauche et la droite hongroises se déterminent généralement en fonction de ce que fait Orbán. En Hongrie, ce que fait Orbán, c’est la droite, et la gauche est définie par ce qu’Orbán ne fait pas. Bref, c’est ce qui polarise le pays.”

euronews :
“Et que pensez-vous de la campagne de la gauche ?”

G. Török :
“En considérant les partis qui comptent dans cette élection, ils ont fait la campagne la plus faible. Leur unité n’existe que sur le papier, ils ne sont pas capables de fonctionner unis politiquement. Le problème, c’est que le système électoral les a fait mener la campagne ensemble, mais il n’y a pas d’unité et c’est ce qui paralyse leur activité politique.”

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euronews :
“Comment voyez-vous le parti d’extrême-droite Jobbik ?”

G. Török :
“C’est la plus grande surprise de la campagne électorale. Aujourd’hui, tous les sondages prédisent au Jobbik des scores qu’ils n’auraient pas donnés il y a quatre ans. Jobbik est sur la voie d’obtenir ses meilleurs résultats. Il est probable qu’il fasse aussi bien que les 17 % d’il y a quatre ans. Il pourrait même atteindre 20 %.”

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