Ukraine : premières fissures sur le front occidental

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Par Euronews
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A Genève, mi-avril, comme depuis le début de la crise ukrainienne, Américains et Européens tentent d’afficher unité et solidarité. D’une même voix, condamnation de l’agression russe, menaces de sanctions… Mais l’alliance commence à se fissurer.

Washington, tout en multipliant les gestes de soutien à l‘égard de Kiev annonce une nouvelle salve de sanctions visant 7 proches de Vladimir Poutine et 17 entreprises. Les exportations de certains équipements, notamment dans le domaine de la défense seront bloquées

Barack Obama a insisté : “l’objectif, ce n’est pas de s’en prendre à M. Poutine personnellement. L’objectif est qu’il considère la portée négative des actions qu’il a engagées en Ukraine sur l‘économie russe à long terme.”

Touché mais pas coulé. Moscou se dit écoeuré mais la guerre des mots et des provocations s’envenime de jour en jour. La réaction de Vladimir Poutine est immédiate : “ce n’est pas le bon moyen. De toute façon, on l’aurait fait. On trouvera d’autres alternatives, on survivra. Pour nos interlocuteurs, ce sera un échec.”

Pendant ce temps, à Bruxelles, les 28 ambassadeurs auprès de l’Union Européenne se réunissaient pour décider eux aussi d’un nouveau train de sanctions. Elles ne seront qu’individuelles et pas économiques. Une réunion symbolique des réticences des Européens à aller plus loin, malgré les discours. Ainsi Pia Ahrenkilde Hansen, porte-parole de la Commission européenne : “nous considérons ces mesures supplémentaires comme étant le niveau approprié pour l’instant, tout en avancant dans la préparation de mesures pour la phase 3.”

Celle-ci n’aura peut être jamais lieu. Voici pourquoi: six pays européens dépendent de 80 à 100 % du gaz russe. Sept, de 50 à 80 %. L’Allemagne elle-même importe 37 % de son gaz de Moscou.

Dans ce contexte, l‘éventualité de sanctions économiques poussées divisent fortement les européens.

Au fond, c’est un jeu de dupes. Si le ton est belliqueux, les deux parties auraient beaucoup à perdre d’une escalade des sanctions : pour la Russie, l’Union Européenne représente 70 % des exportations annuelles en gaz naturel. Les Etats- Unis, eux, peuvent plus facilement se permettre d’aller plus loin.

Entretien avec Eleonora Tafuro, chercheur à la Fondation pour les relations internationales et le dialogue extérieur,

Adriaan Lancashire, Euronews :
Dans le bras de fer entre l’Ouest et la Russie sur l’Ukraine, que peut-on attendre des dernières sanctions et de leurs effets ?

Eleonora Tafuro :
“L’effet à court terme sur l‘économie russe va évidemment être négatif, car les sanctions vont accentuer l’isolement international des entreprises russes, mais ce ne sera pas aussi catastrophique que souhaité, car les principales compagnies, comme le célèbre pétrolier Rosneft ou les grandes banques, ne sont pas affectées par ces sanctions”.

Adriaan Lancashire, Euronews :
Pourquoi retarder les sanctions économiques ? Qui régule leur vitesse ?

Eleonora Tafuro :
“L’Union européenne doit garder à l’esprit qu’il y a de nombreuses divisions entre les États membres. La Bulgarie par exemple estime que nous devrions mieux comprendre la Russie alors que la Pologne milite pour une position ferme de l’UE. Dans le cas de l’Union européenne, la vitesse ou la lenteur des sanctions sont dues aussi à la différence d’intérêts entre les Etats membres”.

Adriaan Lancashire, Euronews :
Pouvez-vous nous en dire plus sur les raisons de cibler des individus dans le secteur énergétique, bancaire, le gouvernement ou l’armée en Russie ?

Eleonora Tafuro :
“Les personnes qui ont été choisies dans le cas de la Russie sont des individus clés comme Igor Setchine, qui est un proche conseiller du président Poutine, et aussi le PDG de Rosneft, qui est, bien sûr, une des plus grandes compagnies pétrolières en Russie. Donc, la principale logique derrière ces sanctions ciblées est d’affecter directement les personnes qui ont un rôle, qui jouent un rôle non seulement dans cette crise, mais aussi en général dans la politique russe”.

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