La Chine et la Russie appellent à la "désescalade" en Ukraine

La Chine et la Russie appellent à la "désescalade" en Ukraine
Par Euronews
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Les deux pays prônent une coopération régionale et politique accrue. Une déclaration commune qui est intervenue lors de la rencontre à Shanghai entre Vladimir Poutine et Xi Jinping.

Autre temps fort de cet entretien bilatéral entre les deux géants, l‘énergie. Les deux pays annoncent qu’ils “vont renforcer leur coopération” dans ce domaine stratégique. Toutefois, un accord est toujours en négociation sur les termes du contrat de fourniture de gaz russe à Pékin.

Des accords ont en revanche été conclus dans plusieurs secteurs et des manœuvres militaires communes montrent le nouveau rapprochement dans l’axe Pékin-Moscou afin d’en faire un duo géostratégique capable de faire contre-poids aux Etats-Unis ou à l’Union européenne.

Questions à l’analyste politique Fiodor Loukianov

euronews :
La visite de Vladimir Poutine en Chine est la première de deux prévues cette année. Les relations de Moscou avec l’Europe et les États-Unis sont plus froides que jamais depuis le dernier quart de siècle, et la Russie a clairement indiqué essayer d‘établir avec Pékin une sorte d’“alliance anti-occidentale”. Le Kremlin va-t-il y parvenir? Nous en parlons avec Fiodor Loukianov, analyste politique, rédacteur en chef du magazine “Russia in Global Affairs”. Fiodor, Moscou a-t-il des chances d’arriver à ses fins?

Fiodor Loukianov, analyste politique, magazine “Russia in Global Affairs :
Tout d’abord, personne ne parle officiellement d’“alliance anti-occidentale”. Ce mot n’est prononcé ni à Moscou ni à Pékin. Au contraire, ils soulignent tout le temps que cette nouvelle phase de rapprochement n’est pas contre l’Occident, que cela n’a rien à voir avec l’Occident. Il s’agit seulement de deux pays, deux acteurs majeurs de la région Asie-Pacifique, qui joignent leurs forces. Et je ne pense pas que le qualificatif d“anti-occidental” soit déterminant. Surtout pour la Chine qui, dans toutes ces querelles entre la Russie et l’Amérique, essaie de ne pas intervenir. Au moins, pas officiellement. En Russie, on parle de rapprochement avec la Chine depuis des années mais c’est seulement maintenant, parce que les conditions ont évolué, que ces entretiens deviennent réalité. Et le fait que Moscou se tourne finalement vers une Asie en pleine croissance n’est pas seulement juste, il n’y a pas d’autres solutions.

euronews :
Croyez-vous vraiment que, même à Moscou, il n’y a pas de motivations “anti-occidentales” dans ce mouvement vers la Chine?

Fiodor Loukianov :
Je pense qu’il n’y a pas de motivations anti-occidentales, mais il y a des raisons anti-occidentales. Encore une fois, nous passons par une situation entre la Russie et les Etats-Unis qualifiée par certains observateurs de deuxième “guerre froide”. Les États-Unis expriment très clairement qu’ils ont les outils pour peser sur la Russie, principalement économiquement, pour couper la Russie des marchés économiques et financiers mondiaux. Dans cette situation, la Russie doit chercher des alternatives.

euronews :
Cette alliance recherchée par le Kremlin ne serait elle pas une “mésalliance”? La Russie ne serait-elle pas le cadet, le maillon faible de cette union ?

Fiodor Loukianov :
La Chine sent une pression croissante de la part des États-Unis dans le Pacifique . Et bien sûr, elle cherche à renforcer sa position en s’alliant avec un grand pays comme la Russie. D’un autre coté, économiquement, la Russie est plusieurs fois inférieure à la Chine, et nous devons faire attention à ne pas nous trouver complètement dépendants. Je pense que la Russie, comme elle le fait souvent maintenant, même envers l’occident, va essayer de compenser sa faiblesse économique par son poids politique, son statut politique plus fort . Car, à cet égard, la Chine n’est pas encore au niveau de Russie. Et je n’ai aucun doute que la Russie va tout faire pour diversifier ses contacts en Asie .

euronews :
L’Union Européenne et les États-Unis peuvent-ils torpiller le rapprochement entre Moscou et Pékin?

Fiodor Loukianov :
A mon avis, ils ne le peuvent pas. Et d’un autre coté, pourquoi devraient-ils s’en mêler? Quelles raisons ont-ils d’interférer sur le rapprochement de deux grands pays voisins et qui ont des relations depuis longtemps ? Et par ailleurs, les Etats-Unis et l’Europe ont les moyens de ne pas favoriser ce rapprochement. Ils peuvent cesser certaines politiques qui poussent la Russie, précisément, en direction de l’Asie.

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