Juncker favori pour la Commission, mais la course n'est pas gagnée

Juncker favori pour la Commission, mais la course n'est pas gagnée
Par Euronews
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Pour Jean-Claude Juncker, pas de doute : il sera le prochain président de la Commission européenne, puisque son parti, le PPE, le grand parti de la droite européenne, a remporté les élections européennes dimanche dernier.

Mais cela ne semble pas aussi évident pour Angela Merkel. La puissante chancelière allemande laisse la porte ouverte à d’autres candidats.

“En tant que membre du PPE, je soutiens la candidature de Jean-Claude Juncker à la présidence de la Commission européenne, explique-t-elle. Je n’ai pas oublié ça. Mais je dois continuer à respecter les traités”.

D’autres chefs d’Etats contestent la capacité du Luxembourgeois à rassembler les Européens. Notamment le Premier ministre britannique, David Cameron.

Pour succéder à José Manuel Barroso, Jean-Claude Juncker devra également former une majorité en s’assurant du soutien des socialistes. Les négociations pourraient durer encore plusieurs semaines.

Andrea Büring, euronews:
Juncker, Schulz ? Ou quelqu’un d’autre? Le candidat du parti le plus voté aux européennes était sensé devenir le prochain président de la Commission européenne. Ainsi pensaient les électeurs. C’est le parti conservateur PPE qui l’a emporté. Son candidat est l’ex6chef de l’Eurogroupe, Jean-Claude Juncker, un candidat de choix pour la chancelière allemande Angela Merkel.

Pourtant, la partie ne fait que commencer, les chefs d’Etat et de gouvernement ont commencé à négocier. Avec nous pour en parler, Nikolaus Blome, l’un des rédacteurs en chef du magazine allemand “Der Spiegel”, bonjour. Nikolaus Blome, le Parlement européen soutient Juncker. Qu’est-ce qui fait obstacle?

Nikolaus Blome, Der Spiegel:
La deuxième institution européenne est au milieu du chemin. D’un coté, il y a le Parlement européen, et de l’autre, il y a les 28 chefs d’Etat et de gouvernement, légitimement élus aussi, et qui ont le droit de se joindre à la conversation. Les deux parties doivent donner leur accord. Et apparemment, les chefs d’Etat et de gouvernement veulent plus de temps, pour une raison inconnue.

euronews:
Durant la campagne, les conservateurs se sont plutôt tournés vers Angela Merkel. Juncker n‘était pas vraiment visible, alors qu’en face, le socialiste Martin Schulz était en bonne place sur les affiches électorales. Que reproche Merkel à Juncker?

Nikolaus Blome :
Ils se connaissent depuis très longtemps, ils ont une longue histoire commune. Juncker est au service de l’Europe depuis 30 ans, dont une bonne partie comme Premier ministre du Luxembourg. Ils se sont affrontés à plusieurs reprises. Et dès le début, elle n’a pas été convaincue par l’idée de nommer le meilleur candidat, elle anticipait ce qui s’est effectivement passé : elle se doutait que des élections axées sur deux principaux candidats mettraient la pression sur les chefs d’Etat et de gouvernement, et limiteraient leur choix. Et Angela Merkel n’aime pas cela du tout.

euronews:
Quelle est le poids politique d’Angela Merkel à Bruxelles? Est-ce elle qui mène la danse, une fois de plus?

Nikolaus Blome:
Nous verrons. Je pense qu’elle doit tenir la barre plus que jamais en Europe, parce que d’autres chefs d’Etat et de gouvernement, comme François Hollande et David Cameron ont perdu beaucoup de terrain dans leur pays respectif, durant ces élections européennes. D’autres partis, en particulier les eurosceptiques, ont pris le relais, comme le Front National en France, ou en Grande-Bretagne le UKIP, affaiblissant les deux hommes. Les cartes ont changé, et il sera encore plus difficile de trouver un compromis.

euronews:
S’ils choisissent un troisième candidat, n’est-ce pas trahir les électeurs? Une preuve de plus qu‘à Bruxelles, les décision se prennent en coulisses?

Nikolaus Blome:
C’est comme une partie de poker, une lutte de pouvoir entre deux institutions légitimes démocratiquement. Au fond, ce n’est pas négatif. Il y a la même chose en Allemagne entre le Bundestag et le Bundesrat. Mais en l’occurence, cela deviendra très compliqué si la volonté des électeurs est ignorée. On doit bien y réfléchir. Et vous pouvez parier que si les chefs d’Etat et de gouvernement choisissent un troisième candidat, et l’envoient au Parlement, où il devra être élu avec une majorité, vous verrez que cette candidature sera rejetée par le Parlement européen.

euronews:
Que prédisez-vous? Qui sera le prochain président de la Commission européenne?

Nikolaus Blome:
A mon avis, Jean-Claude Juncker. Ils vont devoir trouver un compromis, pour équilibrer d’autres intérêts dans le cercle des 28 chefs d’Etat et de gouvernement, sur d’autres postes, tels que le vice-président de la Commission européenne, en charge aussi de la politique étrangère, ou le président du Conseil européen. En l’occurence, c’est Herman van Rompuy, qui devra être remplacé. A la fin, il faudra des compromis. Mais s’agissant de la plus haute fonction, et de Juncker, je ne pense pas qu’il y ait la moindre marge de négociation possible avec le Parlement européen.

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