Les monarchies du Golfe au chevet de l'Égypte d'Al-Sissi

Les monarchies du Golfe au chevet de l'Égypte d'Al-Sissi
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Par François Chignac
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A l’exception du Qatar, les monarchies du Golfe ont toujours exprimé un soutien sans faille à Abdel Fattah Al-Sissi, pourfendeur des Frères musulmans qu’ils redoutent sur leurs territoires. Un soutien financier non dénué d’intérêts.

Au lendemain de la prestation de serment d’Abdel Fattah Al-Sissi, s’il est des soutiens dont le nouveau président d‘Égypte peut se prévaloir, ce sont bien ceux des monarchies du Golfe. L’ex-chef de l’armée égyptienne a récolté 96,9% des voix au scrutin présidentiel. Un triomphe, attendu, qui a troublé les chancelleries occidentales. Elles n’ont dépêché que des délégations de second rang pour l’investiture de celui qui, il y a un an, destituait le président Mohamed Morsi. Un seul conseiller du secrétaire d‘État John Kerry représentait les États-Unis et les capitales de l’Union européenne comptaient sur leurs ambassadeurs. A l’inverse, les personnalités politiques de haut niveaux de l’Arabie Saoudite, des Émirats Arabes Unis et du Koweït étaient omniprésentes. Rien que de très normal. Dès sa victoire acquise, les messages de félicitations ont afflué de la part de la péninsule arabique. Car le fait qu’‘“Al-Sissi cherche par tous les moyens à mettre un terme aux agissements de Frères musulmans ne peut qu’enchanter les Émirats Arabes Unis, le Koweït mais aussi et surtout l’Arabie Saoudite” souligne Francis Matthews, éditorialiste du quotidien émirati Gulf News. “Ils préfèrent soutenir le régime militaire pour contenir l’expansion islamiste et éviter toute contagion interne”.

Mais les arrières pensées ne sont pas que sécuritaires. Le redressement économique de l‘Égypte est un dossier sensible. Les monarchies régionales ont investi il y a déjà plusieurs mois dans un pays au bord de la faillite. Tout est à rebâtir après trois années de troubles consécutifs au renversement d’Hosni Moubarak. Il est primordial de rétablir la sécurité pour relancer le tourisme, locomotive du pays qui représente 11,3% du PIB. Il y a belle lurette que les investisseurs ont déserté et les réserves en devises étrangères sont trop faibles. La croissance stagne à 2% et si l‘économie devrait croître de 3,2% en 2015, c’est trop peu au regard des chiffres du chômage et d’une démographie galopante. Un habitant sur cinq vit encore sous le seuil de pauvreté. Les défis sont donc colossaux. Mais le marché n’est pas sans promesses. Il compte 80 millions de consommateurs potentiels et le pays est riche en ressources. L’Arabie Saoudite et les Émirats le couvent donc du regard. Ils ont appelé à un conférence des pays donateurs et ont déjà fait délivrer au nouveau Raïs d‘Égypte une enveloppe d’aide globale de 12 milliards de dollars. Cinq milliards de dollars de l’Arabie Saoudite. Sept milliards de dollars de la part des Émirats Arabes Unis et du Koweït. Le message est clair. Il faut sortir l‘Égypte de l’ornière économique. Quitte à avoir un droit de regard. Abou Dhabi surveille de près ses placements. Il faut dire qu’en octobre 2013, les Émirats avaient annoncé une aide massive de 3,9 milliards de dollars après une première enveloppe d’un milliard de dollars versée trois mois plus tôt, au lendemain de l’emprisonnement de Mohamed Morsi. Il s’agissait alors de financer les besoins en produits pétroliers mais également de lancer des projets de développement dans les domaines de la santé, de l‘éducation, du logement et du transport. Pour la santé par exemple, 79 dispensaires devaient être créés avec deux chaînes de production de vaccins pour fournir à l‘Égypte 80% de ses besoins en la matière. Devait s’ajouter à cela, la construction de 50 000 logements dont 13 000 déjà en cours de réalisation. Bref, de quoi rendre aujourd’hui les investisseurs tatillons. Ils n’hésitent pas à prodiguer leurs conseils. Il y a quelques mois, le nouveau président égyptien s‘était rendu à Dubaï pour signer des contrats. On croise les émissaires des Émirats dans l’entourage du nouveau président. Un entourage qui a récemment affirmé qu’il était disposé à adopter des mesures d’austérité, ce que les dirigeants précédents ne voulaient pas faire. Il s’agit de remettre rapidement le pays sur la bonne voie comme le souhaite le FMI qui s’est dit disposé à reprendre les négociations jusqu’alors interrompues autour d’une enveloppe d’aide de 5 milliards de dollars.

Mais ces pétro-dollars suffiront-ils pour relever le gant de chantiers titanesques ? Le pays est exsangue. Il a connu une vague d’attentats meurtriers depuis la destitution il y a un an du président Mohamed Morsi. D’après le gouvernement, plus de 500 policiers et soldats y ont trouvé la mort. Et les partisans de l’ex président, dont 15 000 membres ont été incarcérés et dont les principaux leaders encourent la peine capitale, poursuivent leurs manifestations dans les universités sur fond d’explosion de la criminalité.

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