Les défis du futur roi Felipe VI

Les défis du futur roi Felipe VI
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Par Euronews
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Alors qu’il s’apprête à succéder à son père, le prince Felipe sait déjà que les défis qui l’attendent sont immenses. À 46 ans, cet unique garçon d’une fratrie de 3 enfants a été éduqué pour régner depuis sa naissance. Ce rôle et le discours qui l’accompagne, il s’y est toujours préparé.

“Permettez-moi de me contenter de réitérer publiquement mon engagement et ma conviction de dédier toute mes forces avec espérance et enthousiasme à la tâche passionnante de continuer à servir les Espagnols et notre chère Espagne”, a dit le prince Felipe le 4 juin dernier, lors de sa première déclaration après l’annonce de l’abdication de son père, le roi Juan Carlos.

Mais entre les scandales qui ont ébranlé la monarchie, les républicains qui demandent un référendum et les Catalans qui veulent l’indépendance, le futur roi aura fort à faire pour préserver l’unité de son pays et redorer une image ternie ces dernières années, mais qui l’a peu touché cependant.

Dans cette tache, il sera aidé notamment par son épouse, Letizia, ex-roturière, au style moderne et au franc-parler, un temps décriée mais aujourd’hui l’un des principaux atouts de la monarchie.

La monarchie espagnole est en pleine tourmente, en proie au questionnement de ses sujets.

Beaucoup considèrent que le modèle actuel de la Constitution espagnole est dépassé et ont très mal vécu, en pleine crise économique, les scandales de corruption qui ont éclaboussé une partie de la famille royale, la fille cadette notamment et son mari Inaki Urdangarin.

Certes, Felipe a été épargné. Mais tout cela suffira-t-il à sauver les meubles ? Formé depuis son plus jeune âge à la fonction royale, il a sans aucun doute de l’expérience, mais la monarchie dont il hérite prématurément est ancrée dans une époque et un contexte pour l’heure bien compliqué.

Fernando Vallespín : “Felipe VI pourrait avoir un rôle de modérateur”

Mario Alfaro, euronews:

Pour analyser le renouveau de la monarchie espagnole, nous nous entretenons avec Fernando Vallespín, professeur de science politique à Madrid. Lors de l’annonce de son abdication, le roi Juan Carlos a dit avoir pris sa décision pour laisser la place à une nouvelle génération. Ce remplacement représente-t-il un véritable changement pour la société espagnole ?

Fernando Vallespín:

“Oui, je crois que ça signifie un changement, pas seulement symbolique, mais dans la réalité du contexte politique. Le roi Juan Carlos a souligné deux idées, la première est la stabilité et la deuxième la rénovation. Je crois que c’est ce qui est prétendu actuellement. On veut aussi introduire un ensemble de reformes qui vont sûrement aboutir à une réforme du texte constitutionnel. En Espagne, on note un certain épuisement du modèle de démocratie qui a commencé avec la constitution de 1978 et qui a été très influencé par le début de la démocratie. Et maintenant, le pays se mesure à d’autres défis politiques de grande ampleur. Le premier et le plus important est sûrement la réorganisation territoriale de l‘État”.

euronews:

“Divers groupes de la société ont demandé un référendum sur la forme de l‘État. Mais, entre l’annonce de l’abdication et la proclamation de Felipe VI, seulement deux semaines se sont passées. Est-ce une tentative pour éviter le débat entre République ou Monarchie ?”

Fernando Vallespín:

“Je crois que le débat a été coupé parce qu’on a suivi les dispositions prévues par la Constitution. Au Congrès espagnol, une majorité de plus que 80 % de députés a respecté ces dispositions. D’un point de vue institutionnel, on peut donc dire que la Constitution a été respectée en ce qui concerne la succession du roi Juan Carlos. Il y a autre chose, ce qui se passe dans la société espagnole. Plusieurs groupes ne sont pas forcément monarchiques, parmi eux, certains sont décidément républicains et sont en train de mettre la pression afin d’obtenir un référendum”.

euronews:

Face à tous les scandales de ces dernières années, la popularité de la monarchie en a pris un coup. Que doit faire le nouveau roi pour retrouver la confiance du peuple ?

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Fernando Vallespín:

“En Espagne, la crise économique a provoqué une énorme érosion de la confiance politique, non seulement envers les politiciens, mais aussi envers les institutions qui doivent être rénovées. Et tout cela a un impact sur la couronne avec notamment la demande d’une plus grande transparence, d’un rapprochement avec la population et surtout une monarchie soumise au contrôle budgétaire de la part d’autres institutions de l‘État, comme le Parlement”.

euronews:

Comment le nouveau roi peut-il aider à réformer la Constitution, en matière de problème territorial ?

Fernando Vallespín:

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“Il pourrait aider les négociations entre les différentes forces politiques. Disons qu’il pourrait avoir un rôle de modérateur dont nous avons besoin maintenant plus que jamais. Il pourrait faciliter un accord parmi les différentes forces politiques.

euronews:

Fernando Vallespín, je rappelle que vous êtes professeur de science politique à Madrid, merci beaucoup.

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