Scandale des écoutes en Pologne : le Premier ministre dénonce "une tentative de déstabilisation"

Scandale des écoutes en Pologne : le Premier ministre dénonce "une tentative de déstabilisation"
Tous droits réservés 
Par Thomas Seymat
Partager cet articleDiscussion
Partager cet articleClose Button
PUBLICITÉ

Donald Tusk, le Premier ministre de la Pologne, a qualifié de “tentative de déstabilisation” la publication d‘écoutes impliquant plusieurs politiques et hommes d’affaires. S’exprimant lors d’une conférence de presse à Gdansk à l’occasion d’une rencontre avec son homologue espagnol, Mariano Rajoy, Tusk a annoncé que ces écoutes illégales ne sauraient le forcer à faire des changements dans son gouvernement.

“Le gouvernement a été attaqué par un groupe criminel organisé (…) J’espère que la justice identifiera les membres du groupe et surtout ses commanditaires”, a-t-il déclaré.

Ce scandale, qui secoue depuis dix jours la Pologne, a franchi un nouveau pas avec la publication ce lundi par l’hebdomadaire Wprost de propos attribués au chef de la diplomatie Radoslaw Sikorski mettant en doute l’alliance polono-américaine, rapporte l’AFP.

L’actuel ministre des Affaires étrangères aurait été enregistré en train de dire de l’alliance avec les États-Unis qu’elle “ne vaut rien, elle est même nuisible, car elle offre à la Pologne un faux sentiment de sécurité”. Son interlocuteur serait l’ex-ministre des Finances Jacek Rostowski ; ils auraient été enregistrés à leur insu dans un restaurant varsovien en janvier dernier. “Bullshit (foutaises, NDLR) complet ! Nous entrons en conflit avec l’Allemagne, avec la Russie, et nous allons considérer que tout est super, car nous avons taillé une pipe aux Américains. C’est complètement naïf”, aurait poursuivi le ministre.

L’ambassadeur américain à Varsovie Stephen D. Mull a, dans un tweet, refusé de commenter “une conversation privée”. “En ce qui concerne notre alliance, elle est forte”, a-t-il assuré.

Le politologue Andrzej Richard a, quant à lui, déclaré à l’AFP “ces paroles ne sont pas dévastatrices pour le gouvernement. Au contraire, sur le fond, elles témoignent de la préoccupation des interlocuteurs pour le pays. C’est la brutalité et la vulgarité du langage qui est choquante (…). Sur l’alliance avec les Etats-Unis, Sikorski exprime en fait le sentiment d’une grande partie de l’opinion polonaise. N’oublions pas que la conversation date de janvier, bien avant la crise en Ukraine et un changement de politique de Washington.”

Le magazine Wprost avait, il y a huit jours, publié la retranscription d’une conversation privée entre le gouverneur de la Banque centrale, Marek Belka, et le ministre de l’Intérieur, Bartlomiej Sienkiewicz. Datant de juillet 2013, la conversation portait sur une aide éventuelle de la Banque centrale au budget de l’Etat en échange de la démission de Jacek Rostowski, ministre des Finances à l‘époque. Il a démissionné depuis, selon l’AFP.

A la suite de ces révélations, interprétées comme un trafic d’influence, l’opposition a réclamé la démission du gouvernement de M. Tusk. La tension est encore montée après la vaine tentative du Parquet et des services spéciaux de saisir la semaine dernière les enregistrements originaux au siège de l’hebdomadaire.

(Avec AFP)

Partager cet articleDiscussion

À découvrir également

Les élections locales polonaises, test ultime avant les élections européennes

Crise diplomatique entre la Pologne et Israël après la mort de sept humanitaires à Gaza

En Pologne, la communauté LGBT en quête d'égalité